Surmortalité et mortalité par COVID-19 au Québec en 2020
Faits saillants
- La pandémie de la COVID-19 a des impacts directs et indirects sur la population québécoise. Ce rapport analyse la mortalité de toutes causes, incluant les décès liés à la COVID-19 et ceux qui pourraient découler indirectement de la pandémie.
- La surmortalité (ou excès de mortalité) a été définie comme le nombre de décès de toutes causes qui excède le nombre attendu estimé en se basant sur les 8 années précédentes. Le nombre attendu a été ajusté pour tenir compte de l’âge, des tendances annuelles dans les taux de décès et de l’accroissement démographique.
- Pour la période du 23 février 2020 au 2 janvier 2021, une surmortalité de toutes causes de 5 400 décès (intervalle de prévision de 4 004 à 6 687) a été observée. Cet excès correspond à une hausse globale de 9 % par rapport au nombre attendu de décès.
- La surmortalité de la première vague est très importante (25 %), particulièrement chez les personnes de 80 ans et plus.
- La surmortalité de la période étudiée pendant une partie de la deuxième vague (13 septembre 2020 au 2 janvier 2021) est de moindre ampleur (6 %), comparativement à la première vague. Il n’y a pas de différences significatives entre les groupes d’âge.
- Le portrait de la surmortalité présenté dans ce rapport reflète la situation au 2 janvier 2021, sachant que la situation peut changer au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie.
- D’autres analyses doivent être menées pour mieux comprendre les effets directs et indirects de la pandémie sur la surmortalité, en considérant le sexe, la région de résidence, la campagne de vaccination et la circulation de variants du SRAS-CoV-2.
Foire aux questions
Qu’est-ce que la surmortalité?
La surmortalité (ou excès de mortalité) est définie comme le nombre de décès de toutes causes qui excède le nombre attendu « en temps normal ». Dans ce rapport, elle a été estimée en se basant sur les 8 années précédentes. Le nombre attendu de décès prend en considération l’âge, les tendances annuelles et l’accroissement démographique.
La surmortalité est aussi l’unité de mesure la plus neutre pour tracer un premier bilan de l’impact de la COVID-19 au Québec, et l’une des façons les moins influencées par différents facteurs pour comparer la situation entre les pays et les régions.
Quelle est la conclusion principale de cette étude?
L’étude met en évidence l’ampleur de la mortalité au Québec en 2020 par rapport à une année « normale », pour différents groupes d’âge. De ce fait, une augmentation de 9 % des décès par rapport à ce qui était attendu en 2020 en se basant sur les années antérieures a été observée. Cela équivaut à 5 400 décès supplémentaires pour la période comprise entre 23 février 2020 et le 2 janvier 2021. La surmortalité a été plus importante chez les personnes âgées et on peut remarquer aussi que les décès déclarés par la COVID-19 ont été plus importants que la surmortalité.
Il s’agit d’une hausse importante. Il n’y a pas eu d’augmentation comparable au cours des années récentes.
Dans l’histoire du Québec, à quel moment a-t-on eu une mortalité aussi importante?
Dans l’histoire plus récente des 20 dernières années il n’a pas eu une mortalité d’une ampleur aussi grande sur une si courte période. C’est plus difficile de se comparer au-delà des 20 dernières années parce que les méthodes de calcul étaient différentes.
Comment comparer la première et la deuxième vague de COVID-19?
Observe-t-on une surmortalité pendant la deuxième vague de COVID-19?
Comment comparer la surmortalité au Québec à celle des autres provinces canadiennes et pays?
Comment sont déclarés les décès COVID-19?
La façon de déclarer les décès varie d’une juridiction à l’autre. Aux États-Unis par exemple, il y a probablement eu une sous-déclaration: certains décès ont été déclarés causés par la pneumonie plutôt que la COVID-19 et des décès à domicile n’ont toujours pas été attribués à la COVID-19. Le Québec a mis tout en place pour ne pas échapper de décès lié à la COVID-19. Il n’y a pas eu de sous-estimation du nombre de décès déclarés. C’était très important dès le début de la pandémie pour bien suivre l’évolution. Pendant la première vague, la grande majorité des décès étaient parmi des personnes âgées très vulnérables avec plusieurs comorbidités et c’est très difficile dans ces cas de statuer sur la cause principale du décès. En bout de ligne, peu importe la méthode de déclaration des décès, il y a probablement eu une diminution des autres causes de décès.
En effet, on sait par exemple que contrairement aux années antérieures, la grippe saisonnière a beaucoup diminué en mars 2020 et a été absente à l’automne. Normalement, on aurait dû observer une mortalité causée par l’influenza pendant l’hiver, mais en raison des mesures en place (distanciation, mesures de protection, etc.), il n’y a pas eu de décès causés par l’influenza. Une dernière explication possible, est l’effet de moisson. Il est possible de penser que pour certaines personnes, leur décès a été devancé par la COVID-19, ce qui fait que globalement cette population était moins nombreuse pendant la deuxième vague et donc ils ont été moins touchés lors de la deuxième vague.
Quel sera l’impact de la pandémie sur la mortalité en 2021?
Il est difficile de faire des prévisions, étant donné qu’on connait encore peu ce nouveau virus. On peut penser qu’il y aura des décès liés à la COVID, mais qui pourraient être moins élevés si une couverture vaccinale importante est atteinte dans la population et que l’efficacité des vaccins se maintient à un niveau élevé. Le nombre de décès a d’ailleurs beaucoup baissé chez les personnes vaccinées. Par contre, le virus peut s’installer dans la population comme d’autres virus respiratoires. Les efforts de vaccination et les traitements devraient permettre de le contrôler.
Plus d’informations seront collectées dans les mois et les années à venir et il sera possible de mieux évaluer dans quelle mesure cette pandémie aura eu des effets sur la mortalité à court et à plus long terme. Ce rapport reflète une portion de la pandémie. Le portrait est partiel et il faudra avoir davantage de recul sur les données pour mieux comprendre l’ampleur des effets directs et indirects de la pandémie.