Depuis une dizaine d’années, les médecins reçoivent de plus en plus de patients qui se plaignent d’un étrange syndrome qui se manifeste par une réaction polysystémique (touchant plus d’un organe ou d’un système), résultant d’une exposition à des produits chimiques ou à de fortes odeurs. Les premières descriptions de ce syndrome nous viennent des États-Unis. En fait, celui-ci a été décrit au début des années 1950 par Randolph et Rollins. Ces derniers sont considérés comme les pionniers de la médecine écologique qui aujourd’hui propose un traitement pour ce type de patients. Avec l’augmentation du nombre de personnes atteintes de cette affection, plusieurs organismes se sont graduellement penchés sur le problème et de multiples rapports et publications ont été produits.
Le patient type est un adulte, âgé entre 18 et 55 ans, qui consulte un médecin parce qu’il ressent, lorsqu’il est exposé à de fortes odeurs ou à des produits chimiques (parfum, essence, peinture, diesel, etc.), un ensemble de symptômes. Ceux-ci sont d’abord de type neuropsychologique (problèmes de mémoire et de concentration, obnubilation, irritabilité, désorientation, angoisse, vertige, vision trouble) et sont suivis d’une fatigue plus ou moins importante. Puis, s’ajoutent fréquemment une irritation des voies respiratoires supérieure et inférieure, de l’essoufflement, de la toux, des douleurs musculo-squelettiques, des problèmes digestifs, cutanés, cardiaques ou autres. Par la suite, le patient développe une intolérance aux odeurs fortes, au bruit, à la caféine, à l’alcool, aux médicaments et à certains aliments.
Les symptômes surviennent souvent à la suite d’une exposition chronique ou aiguë à des produits chimiques, à certains agents biologiques ainsi qu’à la suite d’un accident ou d’un épisode de stress intense. L’investigation médicale la plus complète est souvent négative. Certains auteurs ont fait ressortir que cette symptomatologie chevauche fréquemment celle d’autres syndromes tel celui de la fatigue chronique, de la fibromyalgie, de l’intoxication aux pesticides ou autres agents neurotoxiques, des maladies psychiatriques ou psychologiques tels le stress post-traumatique, de l’angoisse et de la panique, des désordres somatotropes et éventuellement, de l’état dépressif.