24 juillet 2013

Apprendre du passé pour préparer l’avenir : les inondations dans le bassin du lac Champlain et la rivière Richelieu

Résumé scientifique
Le texte qui suit est le résumé d’une publication scientifique (ou d’une étude) n’ayant pas été réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec. Cette analyse critique ne peut donc pas être considérée comme la position de l’Institut. Son objectif est de porter à l’attention des lecteurs des éléments récents de la littérature scientifique, et ce, sous un éclairage critique découlant de l’expertise des auteurs du résumé.
Auteur(s)
Emmanuelle Bouchard-Bastien
M. Env., conseillère scientifique, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec

Photo: COVABAR

Mise en contexte

À la suite des inondations printanières de 2011 dans le bassin versant du lac Champlain et de la rivière Richelieu, un examen exhaustif des impacts a été mené par la Vermont Agency of Natural Resources, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec et le New York Department of Environmental Conservation. L’objectif principal de ce travail d’analyse était d’accroître la résilience aux inondations de ce territoire en émettant des recommandations visant à orienter les politiques et les stratégies de gestion. Les résultats ont été publiés en mars 2013, sous la forme d’un rapport coordonné par le Lake Champlain Basin Program. Intitulé « Résilience aux inondations dans le bassin du lac Champlain et la rivière Richelieu », ce rapport aborde les impacts et la gestion actuelle des inondations à travers trois thématiques, soit les écosystèmes, les infrastructures et l’agriculture. Ces thématiques permettent d’approfondir l’ensemble des aspects potentiellement affectés par les inondations, tels que la qualité de l’eau potable et récréative, la biodiversité, la morphologie, les infrastructures, l’économie et la santé humaine. Le présent résumé fait plus spécifiquement état des éléments rapportés qui touchent la santé humaine.

Éléments du rapport à propos de la santé humaine

Du 13 avril au 19 juin 2011, le niveau du lac Champlain est demeuré à une hauteur critique. Ce niveau élevé a eu de graves répercussions sur la rivière Richelieu, qui correspond géographiquement à la décharge du lac Champlain. Cette période prolongée d’inondations a eu des effets négatifs sur la santé humaine et a représenté des dangers physiques, toxicologiques et microbiologiques pour les populations riveraines.

Impacts des inondations

Les impacts à la santé répertoriés lors des événements de 2011 sont nombreux et diversifiés. Des soins médicaux d’urgence ont dû être prodigués lors des événements, alors que d’autres activités ont été nécessaires lors du retrait des eaux. Les principaux domaines d’intervention sont les suivants :

  • Approvisionnement en eau potable (risque d’exposition aux microorganismes pathogènes et obligation de faire bouillir l’eau) ;
  • Infections cutanées et tétanos ;
  • Pannes d’électricité (facteur limitant la possibilité de se chauffer ou de faire bouillir l’eau, possibilité de perte de médicaments, risque d’intoxication avec les génératrices, danger d’électrocution) ;
  • Déversements de substances toxiques ;
  • Exposition aux moisissures ;
  • Problèmes psychologiques ;
  • Contamination des cours d’eau à usage récréatif (cyanobactéries, bactérie E. coli et autres agents pathogènes).

Recommandations pour la santé publique :

En se penchant sur la gestion des inondations de 2011, les investigateurs du projet ont pu cerner les lacunes et élaborer des recommandations sur la base de celles-ci. Un des grands constats de cette analyse consiste à favoriser la réintégration rapide des résidents vers leur domicile, car cela permet de diminuer les dommages au bâtiment, les pertes matérielles, les problèmes de santé et les souffrances à caractère psychologique. D’autre part, les principales recommandations en vue de se préparer à une éventuelle crise sont les suivantes :

  • Clarifier le partage des responsabilités en ce qui concerne les communications entre la santé publique et les autorités publiques concernées ;
  • Évaluer les impacts en temps opportun afin de maximiser les leçons tirées des événements ;
  • Élaborer de meilleurs documents de sensibilisation destinés aux occupants des maisons touchées par une catastrophe portant sur les traitements et l’éradication de la moisissure et d’autres problèmes d’hygiène environnementale.

Besoins en matière de données

Outre les recommandations, certains besoins en matière de données ont été ciblés. Ces données manquantes devront être recueillies dans un avenir rapproché afin de bonifier les interventions de la santé publique en cas d’inondation :

  • Mesurer les concentrations de coliformes fécaux (ou E. coli) au fil du temps et déterminer les liens avec les inondations, afin de bonifier les stratégies qui permettront de réduire la contamination des systèmes d’approvisionnement en eau ;
  • Surveiller les concentrations de cyanobactéries et leurs toxines afin de déterminer si la fréquence, la durée et la teneur des toxines changent à la suite des inondations majeures, afin de pouvoir établir un lien de cause à effet ;
  • Compiler les impacts psychologiques causés par les inondations de 2011, afin de pouvoir effectuer des analyses longitudinales;
  • Établir un modèle de gestion des problématiques de santé mentale liée aux interventions de secours aux sinistrés, afin d’assurer davantage la stabilité émotionnelle des résidents lors des catastrophes ;
  • Compiler le nombre total de problèmes de santé associés à la moisissure et déterminer les taux de moisissures toujours présents dans les habitations qui furent inondées, afin de connaître les répercussions à long terme des moisissures sur la santé humaine.

Conclusion

En conclusion, le rapport recommande une quinzaine d’actions à entreprendre afin d’améliorer la résilience aux inondations des communautés touchées. Concernant la santé humaine, il est à noter que l’élaboration de plans de gestion des risques pour les usines de traitements des eaux, les usines d’eau potable et les dépôts de déchets dangereux est souhaitable. Travailler dans une logique de bassin versant et de concert avec les communautés pour la mise sur pied des plans d’intervention d’urgence s’avère également essentiel.

Référence

Lake Champlain Basin Program. Résilience aux inondations dans le bassin du lac Champlain et la rivière Richelieu, 2013, 109 pages.