8 juillet 2012

Peu de changements depuis 15 ans : le bilan de la qualité de l’air dans les arénas de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Article
Auteur(s)
Rosalie Lefebvre
Direction de santé publique de Mauricie Centre-du-Québec
Janie Grondin
Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec
Pierre Pelletier
Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec
Ann St-Jacques
Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Introduction

Plusieurs cas d’intoxication au monoxyde de carbone (CO) et au dioxyde d’azote (NO2) ont été répertoriés dans les arénas du Québec et d’ailleurs, et ce, depuis plusieurs années1-4.Ces intoxications sont causées principalement par le désajustement d’équipement à combustion, telle la surfaceuse, et par l’absence de détecteurs de gaz signalant le danger.

Cet article vise à décrire une démarche d’intervention réalisée par la Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec auprès des gestionnaires d’arénas afin de sensibiliser ces derniers à l’importance d’avoir un programme de surveillance de la qualité de l’air dans leur établissement et d’en dégager des leçons et des perspectives nouvelles afin de réduire le nombre d’intoxications au CO et NO2 qui surviennent dans ces établissements. En premier lieu, un survol des sources de gaz toxiques et de leurs effets sur la santé est présenté ainsi que les principales mesures de prévention et de protection. Ensuite, les différentes étapes du projet sont présentées, incluant la méthodologie, suivie des principaux résultats obtenus à la suite des interventions sur le terrain. La discussion fait état d’idées à développer à la suite de ce projet.

Provenance et effets des gaz toxiques dans un aréna

Sources de gaz toxiques

Habituellement, une combustion dite complète produit du dioxyde de carbone (CO2) et des vapeurs d’eau. Cependant, des gaz toxiques peuvent être émis lorsque la combustion est incomplète. Ce phénomène a lieu quand le combustible, par exemple le propane, ne réagit pas entièrement avec l’oxygène pour former le CO2 et les vapeurs d’eau5. Les appareils à combustion généralement utilisés dans un aréna sont le coupe-bordure, la génératrice, le système de chauffage, sans oublier la surfaceuse, communément appelée Zamboni.

Les petits appareils dotés de moteur à combustion tels que le coupe-bordure représentent des sources de contamination non négligeables. En effet, lorsque le coupe-bordure est utilisé pendant 15 à 30 minutes pour l'entretien de la patinoire, il dégage une quantité importante de contaminants dans l'air de l’aréna6.

Les génératrices et les systèmes de chauffage peuvent aussi contaminer l’air d’un aréna. Les systèmes de chauffage d’appoint appelés « panneaux radiants » brûlent du gaz naturel ou du propane et peuvent émettre beaucoup de monoxyde de carbone lorsqu’ils sont mal réglés. Il est important de vérifier si les systèmes d’évacuation des appareils de chauffage à combustion ne subissent pas une inversion d’air dans la cheminée pendant le fonctionnement des ventilateurs utilisés pour assurer le renouvellement de l’air dans l’aréna. Cette situation se produit fréquemment si un apport d’air frais pour les ventilateurs de l’aréna n’a pas été prévu6.

Gaz toxiques dans un aréna : comment sont-ils produits?

La concentration des gaz produits par la surfaceuse peut varier selon que la combustion du carburant est complète ou incomplète. Cependant, la mise au point à un niveau adéquat est complexe en ce sens qu’un mélange trop riche (diminution du rapport air/carburant) produit une quantité excessive de monoxyde de carbone, alors qu’un mélange trop pauvre (augmentation du rapport) produit une quantité excessive d’oxydes d’azote. Afin de diminuer les risques de désajustement et la production de ces gaz toxiques, un entretien régulier du groupe moteur combiné à la vérification des contaminants émis par le tuyau d'échappement est requis, quel que soit le type de surfaceuse à combustion utilisé. D’ailleurs, l’Association québécoise des arénas et des installations récréatives et sportives (nommée auparavant l’Association des arénas du Québec) recommande de faire la vérification générale et la mise au point du moteur à toutes les 50 à 100 heures d’utilisation selon les caractéristiques du moteur (puissance, âge). Deux mises au point par saison pourraient par exemple être planifiés : une première fois à l’automne et une seconde fois en janvier, avant la période intensive des tournois de hockey et des séries éliminatoires de fin de saison6.

Effets à la santé du CO et NO2

Tous, tant les joueurs, les spectateurs que les travailleurs, les enfants et les adultes, peuvent éprouver des effets à la santé à la suite d’une exposition au monoxyde de carbone. Lorsqu’inhalé, le CO atteint rapidement le système sanguin, où il occupe la place de l’oxygène (O2) sur l’hémoglobine, formant ainsi la carboxyhémoglobine (COHb)2. L’hémoglobine a 210 fois plus d’affinité pour le CO que pour l’O2, ce qui cause rapidement la saturation de l’hémoglobine et empêche ainsi le transport de l’O2 vers les organes du corps5. Les symptômes d’une intoxication au CO sont des maux de tête, des étourdissements, des nausées et des vomissements, ainsi que de la difficulté à respirer, ressentis en fonction de la concentration et de la durée d’exposition au gaz. Cela peut même aller jusqu’à la mort.

Le dioxyde d’azote est un gaz irritant : les personnes peuvent éprouver une irritation des yeux et de la gorge, de la toux légère, de l’essoufflement, des douleurs à la poitrine, avoir des crachats pouvant être teintés de sang, souffrir d’œdème pulmonaire et d’asthme réactionnel. À forte concentration, le NO2 peut aussi causer la mort. Ces symptômes peuvent apparaître jusqu’à 48 heures après l’exposition3.

Mesures de prévention et de protection

Détecteurs

Deux types de détecteurs sont habituellement utilisés pour détecter les gaz tels le CO et le NO2. Il s’agit du détecteur fixe et du détecteur portatif. Le premier est installé en permanence à un endroit permettant une mesure représentative des concentrations ambiantes de gaz. Il peut être relié à un système de ventilation mécanique et contrôler sa mise en marche en fonction des concentrations détectées. L’avantage du détecteur fixe, c’est qu’en plus de mesurer en continu les gaz présents dans l’aréna, il peut aussi les mesurer à plusieurs endroits de la bâtisse en même temps, si plusieurs capteurs sont présents7. L’entretien et l’étalonnage réguliers des détecteurs fixes sont importants. En effet, un détecteur qui n’est pas bien étalonné ne mesurera pas les concentrations réelles dans l’air de l’aréna et peut représenter un danger.

Le deuxième type de détecteur est un détecteur portatif utilisé par un travailleur pour mesurer de façon ponctuelle et à des endroits aléatoires les concentrations de gaz dans l’aréna7. À l’instar du détecteur fixe, il doit être étalonné régulièrement. Ce détecteur peut être pratique lorsque l’on veut confirmer une mesure de gaz dans un endroit précis de l’aréna. Par contre, ce modèle ne mesure pas les concentrations en continu et ne peut être relié à la ventilation. La présence de ce seul type de détecteur ne constitue donc pas une situation idéale dans un aréna.

Il existe également des tubes colorimétriques qui consistent en une pompe manuelle dans laquelle on insère des tubes détecteurs portant des échelles graduées étalonnées sur lesquelles il est possible de lire la concentration du gaz à mesurer. Tout comme les détecteurs portatifs, les tubes colorimétriques sont utilisés aléatoirement et de façon ponctuelle. Leur usage seul n’est donc pas recommandé.

Ventilation

La ventilation est un aspect important de prévention dans un aréna. En effet, cela permet d’évacuer les gaz toxiques produits par un appareil désajusté, le cas échéant. Afin de maintenir les concentrations de gaz sous les limites recommandées, les systèmes de ventilation doivent être conçus de façon à aérer l'aréna en entier et être en mesure d'évacuer les gaz toxiques. Pour ce faire, ils doivent être en service lorsque la surfaceuse est utilisée et le demeurer au moins vingt minutes après le surfaçage. D’ailleurs, le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (c. S-2.1, r. 19.01) stipule qu'un minimum d’un changement d'air frais à l'heure est requis lorsque l'aréna est exploité (aire fermée et véhicules à combustion utilisés)6,8.

Procédures écrites

Dans le cas de dépassement des concentrations maximales recommandées dans un aréna, il est recommandé de déterminer la concentration à laquelle les utilisateurs seront évacués et aussi d’avoir une procédure d’évacuation écrite. Les étapes à suivre en cas de dépassement des niveaux recommandés de CO (20 ppm) et de NO2 (0,5 ppm) peuvent aller comme suit : arrêt de la surfaceuse, évacuation de la patinoire, le cas échéant, et augmentation de la ventilation. Cela constitue le moyen le plus efficace pour faire diminuer rapidement les niveaux dans l’air ambiant de l’aréna. En situation d’urgence, l’ouverture des portes et des fenêtres peut aussi être une mesure appropriée. De plus, si les niveaux ne baissent pas de façon satisfaisante, l’évacuation de l’aréna peut être recommandée, afin d’éviter une intoxication d’un grand nombre de personnes.

La tenue d’un registre compilant les relevés d'échantillonnage de gaz ainsi que d'entretien de la surfaceuse est recommandée. Ce document s'avère particulièrement utile, notamment pour observer les niveaux de contaminants en relation avec l’intensité de l’utilisation des glaces et le calendrier des entretiens de la surfaceuse. Il permet également de confirmer que le gestionnaire de l’édifice prend les moyens raisonnables pour surveiller adéquatement la qualité de l’air dans son établissement6.

Étapes du projet

Le projet s’est déroulé en deux phases : la première à l’hiver 2009-2010 et la seconde à l’hiver 2010-2011. L’objectif de la première phase était d’informer et de sensibiliser les gestionnaires et les responsables d’arénas au risque à la santé que peuvent représenter certains gaz présents dans l’air d’un aréna, en plus de dresser le portrait des arénas de la région Mauricie et Centre-du-Québec, tant sur le plan des infrastructures que sur les connaissances des personnes travaillant dans les arénas. À cet effet, un questionnaire a été administré aux gestionnaires et des documents de sensibilisation leur ont été remis.

La deuxième phase du projet consistait à faire un suivi temporel visant à identifier si des changements avaient été apportés, selon la situation, à la suite de la visite des arénas.

Le rapport final faisant état des résultats et des conclusions du projet a été publié en janvier 2012 afin de prévenir la population des risques qu’ils peuvent subir en cas de dérèglement d’équipement à combustion dans un aréna. Le rapport complet, dont est issu cet article, peut être téléchargé au :

www.agencesss04.qc.ca/images/images/santepublique/environnement/documents/rapport_final_arenas_%202009-2011_24-11-2011.pdf.

Méthodologie

Phase 1 : 2009-2010

Dans un premier temps, les arénas de la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont été identifiés. En tout, 34 ont été répertoriés. Il est à noter que quatre d’entre eux étaient en fait des patinoires couvertes. Les responsables de chacun de ces arénas ainsi que les personnes en charge de l’entretien de la machinerie ont été rencontrés. Ces visites étaient effectuées par des membres des équipes Santé et environnement et Santé au travail de la Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, en collaboration avec les équipes de santé au travail des centres de santé et de services sociaux de Trois-Rivières, de l’Énergie et Drummond.

Lors de ces rencontres, un questionnaire était administré au responsable de l’aréna. Le questionnaire visait, dans un premier temps, à mesurer le degré de connaissances des responsables d’arénas en lien avec les intoxications au CO et au NO2. Par la même occasion, de la documentation leur était remise afin de les sensibiliser sur le sujet. Le questionnaire comportait une section sur les infrastructures et le type d’équipement (surfaceuse, détecteur) présents dans l’aréna, ainsi que des questions sur la présence ou non de procédures de gestion des risques d'intoxication.

À la suite de ces visites, des rapports ont été envoyés à chacun des gestionnaires d’établissement. Ceux-ci contenaient des recommandations adaptées à chaque aréna, en fonction des lacunes présentes. Ces dernières visaient principalement l’entretien de la surfaceuse, la ventilation, l’installation de détecteurs de CO et de NO2 et l’instauration d’une procédure écrite pour les situations d’urgence.

Phase 2 : 2010-2011

Afin de constater l’impact de la première phase d’intervention sur les responsables d’arénas ainsi que sur le type d’équipement présent, des visites de suivi ont été faites dans 16 des 34 arénas ciblés par l’étude. Les arénas répondant aux trois critères suivants ont fait l’objet d’une visite : installation permanente chauffée, présence d’une surfaceuse au propane, diesel ou essence, absence de détecteurs fixes de CO et NO2. Comme elles ne correspondaient pas à ces critères, les quatre patinoires couvertes visitées lors de la première phase n’ont pas fait l’objet d’un suivi et ont été éliminées de la banque de données.

En outre, des outils de sensibilisation ont été préparés, dont une affiche à l’intention des spectateurs et des utilisateurs d’arénas décrivant les symptômes d’une intoxication au CO et au NO2 pour leur permettre de l’identifier et de réagir de façon adéquate en cas de problème.

Une procédure de vérification et d’évacuation en cas d’intoxication au gaz a aussi été élaborée pour les travailleurs d’arénas. Les établissements conformes qui n’étaient pas visités ont reçu ces documents par la poste, accompagnés d’une lettre les enjoignant à les placer bien en vue, pour le public visé.

Dans le cadre des visites de suivi, quelques questions étaient posées afin de vérifier si des changements avaient été apportés depuis la visite initiale, soit au niveau des équipements ou des procédures. Par la suite, les établissements n’ayant apporté aucune correction recevaient une lettre leur rappelant les recommandations d’usage et la responsabilité de leur organisation en regard de la santé et de la sécurité d’autrui, travailleur ou public, en les référant au Code criminel, L.R.C.9. Cette lettre, signée par le directeur de santé publique et par la Commission de la santé et de la sécurité du travail, a aussi été envoyée en copie conforme au maire de la municipalité où se trouvait l’aréna.

Phase finale : janvier 2012

Le projet est arrivé à terme en janvier 2012. À ce moment, le rapport issu de cette démarche a été diffusé. Les responsables d’arénas avaient été prévenus préalablement de cette sortie médiatique par lettre. Conformément à la Loi sur la santé publique (L.R.Q., chapitre S-2.2), les noms et les caractéristiques de chaque aréna de la région ont été publiés sur le site Internet de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec lors de cette parution médiatique. Chaque aréna était ainsi classé selon ses spécificités. Le risque d’intoxication était faible ou nul en présence de détecteurs de CO et de NO2 ou d’équipement électrique. Le risque d’intoxication était possible pour le NO2 en présence de détecteur de CO uniquement et d’une surfaceuse à combustion. Le risque d’intoxication était possible pour le CO et le NO2 en absence de détecteurs et par l’utilisation d’une surfaceuse à combustion.

Risque d’intoxication dans les arénas de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Ce tableau présente, pour chaque aréna de la Mauricie et du Centre-du-Québec, la situation qui existe au niveau de la surveillance de la qualité de l’air en lien avec des risques d’intoxication. L’utilisation d’une surfaceuse électrique nous assure l’absence de risque d’intoxication car il n’y a aucun gaz émis. L’utilisation ou le dérèglement d’une surfaceuse au propane peut amener des concentrations élevées de monoxyde de carbone (CO) ou de dioxyde d’azote (NO2) dans l’air. La présence de détecteurs fixes mesurant en continu ces deux gaz nous assure que les responsables des arénas puissent agir rapidement pour régler la situation et ainsi éviter des intoxications pour les joueurs, travailleurs et spectateurs.


Tableau mis à jour : 16 janvier 2012

Résultats

Phase 1 : 2009-2010

Connaissances des effets à la santé

D’après les réponses reçues, 73 % des responsables d’arénas connaissaient les effets à la santé du monoxyde de carbone. À l’opposé, 8 % seulement savaient reconnaître les symptômes d’une intoxication au NO2. Aussi, 88 % des répondants savaient qu’un mauvais réglage de la surfaceuse pouvait causer des effets graves à la santé. La concentration maximale de CO recommandée dans un aréna est de 20 ppm, celle de NO2 est de 0,5 ppm : seulement 20 % des répondants connaissaient cette information (tableau 1).

Tableau 1 : Résumé des connaissances à la santé des responsables d’arénas

 

Non

Oui

Connaissez-vous les effets à la santé du CO?

9

25

Connaissez-vous les effets à la santé du NO2?

31

3

Saviez-vous qu'un mauvais ajustement (réglage) de la surfaceuse peut causer des malaises physiques aux joueurs et spectateurs?

4

30

Connaissez-vous la concentration maximale de CO tolérable dans l’air de l’aréna?

27

7

Connaissez-vous la concentration maximale de NO2 tolérable dans l’air de l’aréna?

27

7

Recensement des sources potentielles de CO et NO2

Les équipements fonctionnant avec du carburant sont les plus susceptibles de causer des intoxications lorsqu’ils sont désajustés. Dans cette optique, la source d’énergie des différents équipements a été recensée. Dans le cas des coupe-bordures, ceux fonctionnant à l’essence sont les plus utilisés. En effet, 77 % des coupe-bordures sont à essence (23 au total), le reste étant partagé entre le propane (2) et l’électricité (5) (figure 1 A). Il est à noter que quatre arénas ne possèdent pas de coupe-bordure. Dans le cas des surfaceuses, la majorité, c’est-à-dire 27, fonctionnent au propane, 6 fonctionnent à l’électricité et une au diesel (figure 1 B).

Figure 1 a et b : Sources d’énergie des coupe-bordures (a) et des surfaceuses (b) utilisés dans les arénas de la Mauricie et du Centre-du-Québec

a)                      b) 

Détecteurs

Sur un total de 28 arénas possédant une surfaceuse avec moteur à combustion, près de la moitié n’ont pas de détecteur de gaz adéquat, c’est-à-dire un détecteur fixe qui détecte le CO et le NO2. Dix arénas ont des détecteurs fixes de CO et de NO2 et trois ont uniquement un détecteur fixe de CO. Trois arénas utilisent des tubes colorimétriques et un utilise un détecteur portatif de CO.

Figure 2 : Types de détecteurs utilisés selon le gaz détecté.

Ventilation

Tous les arénas étaient munis de système de ventilation. Cependant, certains arénas diminuent la circulation d’air afin de ne pas endommager et faire fondre la glace, au détriment de la santé des utilisateurs. Dans la moitié des arénas (17 sur 34), la ventilation fonctionne en continu, dont cinq des six arénas munis de surfaceuses électriques. Dans les autres bâtiments, la ventilation peut fonctionner selon les niveaux de gaz détectés ou durant une certaine période de temps après le surfaçage.

Entretien

Au total, 64 % des arénas font l’entretien de la surfaceuse de façon adéquate alors que 14 % le font au moins une fois par an. Cependant, huit arénas ne le font jamais. Les six arénas ayant des surfaceuses électriques n’ont pas été pris en compte.

Procédure écrite

Seuls cinq arénas avaient une procédure écrite. Dans le cas où du CO ou du NO2 est détecté dans l’air de l’aréna, seulement trois arénas ont déterminé la concentration à laquelle les utilisateurs doivent être évacués.

Phase 2 : 2010-2011

Lors des visites d’arénas à l’hiver 2011, il a été possible de constater qu’un seul aréna sur les seize visités avait procédé à l’installation de détecteurs fixes de CO et NO2, dans le cadre de la réfection de l’établissement. Aucun autre n’avait apporté de corrections malgré les démarches qui avaient été faites l’année précédente par la Direction de santé publique.

Phase finale : janvier 2012

Afin de sensibiliser et d’informer la population régionale sur la situation des arénas de la Mauricie et du Centre-du-Québec, le rapport final a fait l’objet d’une diffusion médiatique lors de laquelle chaque aréna a été décrit selon la situation qui prévalait au regard de sa qualité de l’air. En tout, dix-huit arénas ont été considérés à risque d’intoxication « faible » ou « nul ». En contrepartie, douze arénas ont été identifiés comme ne prenant pas tous les moyens nécessaires pour maintenir un air de qualité, soit par l’absence totale de détecteurs de gaz ou par la présence d’un seul détecteur (monoxyde de carbone), en plus d’utiliser une surfaceuse à combustion. Après la publication du rapport et la diffusion des caractéristiques de chaque aréna dans les médias, quatre responsables d’arénas ont entrepris de changer d’équipement, soit par l’achat de détecteurs ou de surfaceuse électrique.

Discussion

La problématique des intoxications liées à la qualité de l’air dans les arénas a été identifiée dès les années 1960. En 1995, une stratégie de promotion de qualité de l’air a été mise de l’avant par plusieurs organismes, dont les directions de santé publique du Québec et l’Association des arénas du Québec. Depuis, des campagnes de prévention sont réalisées régulièrement; malgré cela, on observe encore chaque année des cas d’intoxication.

À la lumière des résultats obtenus dans le cadre de la démarche de la DSP de la Mauricie et du Centre-du-Québec, il semble que quinze années de sensibilisation n’aient pas eu l’effet escompté pour l’ensemble des arénas. Les effets à la santé du CO et du NO2 sont encore trop méconnus par les responsables d’arénas; il a été possible de constater que 10 % seulement des responsables d’arénas connaissaient les effets à la santé du NO2. Lorsque le responsable d’un aréna est dans l’incapacité de reconnaître les signes d’une intoxication, il ne peut prendre de décision avisée pour l’ensemble des utilisateurs et agir avec rapidité pour prévenir les personnes à risque d’être intoxiquées.

La moitié des arénas recensés dans la première partie de l’étude n’avaient pas de détecteurs et une grande proportion de gestionnaires d’arénas (presque le quart) ne faisaient pas l’entretien régulier de leur surfaceuse. Ces lacunes contribuent à créer des conditions propices aux intoxications.

Par ailleurs, la production de matériel de sensibilisation ne s’est pas renouvelée depuis la campagne de promotion effectuée en 1995. Ce sont ces dépliants, intitulés La qualité de l’air, c’est mon affaire!, qui ont été distribués lors de la première phase du projet. En outre, la sensibilisation effectuée au cours du projet semble avoir eu un effet mitigé : seulement un aréna supplémentaire avait suivi les recommandations, soit en installant des détecteurs de CO et NO2, au cours de rénovations majeures. Une affiche destinée à la population et une procédure d’urgence pour les travailleurs ont été conçus dans le cadre de la deuxième phase projet. Cela reste, à notre connaissance, la seule initiative du genre depuis toutes ces années. L’impact de ces documents n’a toutefois pas été mesuré au cours de l’expérience.

La lettre cosignée par la Direction de santé publique et la Commission de la santé et de la sécurité du travail demandant des corrections et la sortie médiatique de la liste des arénas problématiques ont fait timidement bouger les choses. Force est de constater la portée modeste de cette démarche : huit arénas de la Mauricie et du Centre-du-Québec n’ont toujours pas les éléments incontournables d'un programme de surveillance de la qualité de l'air dans leur milieu afin de prévenir des intoxications.

Au cours de cette étude, il a été observé que les nouvelles constructions tenaient compte de la problématique des intoxications dans leurs plans et devis; on y retrouve soit des détecteurs ou de l’équipement électrique. Il serait opportun d’informer les instances décisionnelles dès la connaissance d’un projet de construction d’aréna afin de s’assurer de la présence de détecteurs ou d’équipement électrique.

Compte tenu des observations obtenues au cours de ces deux années d’études et du peu de changements qui a pu être observé, une modification de la législation, obligeant les gestionnaires d’arénas à se conformer à des normes strictes concernant la présence de détecteurs et l’entretien des surfaceuses ou l’utilisation d’équipements électriques, serait un levier important qui pourrait aider les responsable de la santé publique dans ses démarches visant à diminuer les intoxications liées au CO et au NO2.

Remerciements

Le projet a été réalisé par des membres des équipes santé et environnement et santé au travail de la Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, en collaboration avec les équipes de santé au travail des centres de santé et de services sociaux de Trois-Rivières, de l’Énergie et Drummond. Nous tenons également à souligner la collaboration des responsables d’arénas.

Références

  1. Allaire, S., Beausoleil, M., Buist, A., Déry, M., Fafard, M., Labelle, A., Laplante, L., Lefebvre, L., Legris, M., Lévesque, B., Prud’homme., H. et B. Piquet-Gauthier 1997. La qualité de l'air dans les arénas « La qualité de l'air, c'est notre affaire! », Institut national de santé publique du Québec.
  2. Lévesque, B., Dewailly, É., Lavoie, R., Prud’homme, D. et S. Allaire 1990. Carbon monoxide in indoor ice skating rinks: evaluation of absorption by adult hockey players. American Journal of Public Health, 80(5): 594-598.
  3. Roselund, M. et G. Bluhm 1999. Health effects resulting from nitrogen dioxide exposure in an indoor ice arena, Archives of Environmental Health, 54(1): 52-57.
  4. Salonen, R.O., Pennanen, A.S., Vahteristo, M., Korkeila, P., Alm, S. et J.T. Randell 2008. Health risk assessment of indoor air pollution in Finnish ice arenas. Environment International, 34(1): 51-57.
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