16 novembre 2017

Résidus d’antibiotiques dans les poissons d’élevage

Brèves d'actualité

L’aquaculture est reconnue depuis longtemps pour être à la source d’un problème de résidus d’antibiotiques et de génération de micro-organismes antibiorésistants. Au cours des dernières années, les poissons, les animaux d’élevage dulcicoles (eau douce) et les animaux marins d’élevage provenant de Chine ont été particulièrement ciblés comme étant une source d’antibiorésistance. La Chine accapare une large part de la production et de la capture des poissons et des fruits de mer destinés à la consommation humaine, qu’ils proviennent de la pêche en haute mer ou de l’aquaculture. Ce pays fournirait environ 60 % du marché mondial (ce dernier est évalué à quelque 90 milliards de dollars) des captures ou des élevages de poissons et de fruits de mer. Pour s’en convaincre, il suffit de vérifier l’origine des poissons congelés vendus dans les marchés d’alimentation en Amérique du Nord; dans certains cas, c’est presque 80 % des produits vendus qui proviennent de Chine (note : des poissons capturés dans les eaux continentales nord-américaines par des bateaux chinois sont toutefois identifiés comme étant des produits de Chine, ce qui induit de la confusion quant à l’origine réelle de ces captures).

Selon diverses études, des antibiotiques seraient présents dans les aliments industriels et dans des résidus alimentaires destinés aux organismes aquatiques en élevage. Parmi les antibiotiques utilisés en Chine jusqu’en 2016, la colistine, un antibiotique découvert dans les années 1950 qui conserve toutefois une très grande importance, est parfois utilisée en dernier recours contre des infections par des entérobactéries chez les humains. En 2015, un premier gène de résistance à la colistine a été identifié en Chine dans un élevage porcin. Compte tenu de l’intégration de fermes porcines avec l’aquaculture (notamment par l’utilisation de l’eau de la pisciculture pour abreuver les porcs et, parfois, par le rejet des eaux usées dans le bassin d’élevage des poissons), la transmission de la résistance au milieu aquatique est plus que probable.

Des chercheurs chinois ont détecté 132 gènes de résistance aux antibiotiques dans 5 types d’aliments industriels utilisés en aquaculture. Une partie de ces aliments est souvent fabriquée à partir de farine de poissons recevant eux-mêmes de fortes quantités d’antibiotiques; c’est donc un cercle vicieux, produire des poissons « contaminés » pour nourrir d’autres poissons destinés aux humains. Un chercheur du Laboratoire national de microbiologie de l’Agence de la santé publique du Canada à Winnipeg a mis en évidence que 0,6 % des échantillons de poissons et de fruits de mer d’Asie exportés au Canada véhiculaient un gène de résistance aux carbapénèmes, une famille d’antibiotiques à large spectre de grande importance en santé humaine. Tous les échantillons positifs provenaient de l’Asie du Sud-Est.

Source :

How antibiotic-tainted seafood from China ends up on your table (Bloomberg)

Antibiotics in typical marine aquaculture farms surrounding Hailing Island, South China: Occurrence, bioaccumulation and human dietary exposure (Marine Pollution Bulletin)

Study links fish farms to spread of antibiotic resistance (Herald News)

Antibiotic resistance in fish farms is passed on from fish food (The Economist)

New colistin resistance gene identified in China (Center for Infectious Disease Research and Policy)

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