Incidence des infections transmissibles sexuellement avant et après la prophylaxie pré-exposition pour le VIH

Incidence of sexually transmitted infections before and after preexposure prophylaxis for HIV

V-K Nguyen,Z R. Greenwald, H Trottier, M Cadieux, A Goyette, M Beauchemin, L Charest, D Longpré, S Lavoie, H Gbego Tossa, et R Thomas

La prophylaxie préexposition (PPrE) est l’une des stratégies visant à contrôler l’épidémie d’infections à VIH. Basée sur le traitement préventif des personnes à risque au regard de cette infection, elle consiste en l’administration de médicaments actifs contre le VIH avant une exposition potentielle. La PPrE fait partie d’une stratégie de prévention combinée qui inclut des interventions comportementales comme le counseling sur l’usage du condom et sur la réduction des risques. La mise en place de la PPrE a soulevé des questionnements quant au risque d’augmentation de l’incidence des autres infections transmissibles sexuellement (ITS), du fait de la diminution de l’utilisation du condom.

L’étude dont nous rapportons ici les résultats a été réalisée à Montréal au sein d’une population d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). On s’y penche sur l’association entre les taux d’incidence d’ITS 12 mois après la mise en place de la PPrE, comparativement à l’incidence dans les 12 mois qui précèdent sa mise en place. La comparaison des taux d’incidence d’ITS entre les utilisateurs de la prophylaxie post exposition (PPE) et la PPrE est également étudiée.

Méthode

Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective incluant les utilisateurs de la PPrE ayant plus de 12 mois de suivi avant la prescription de la PPrE et les personnes recevant la PPE de 2010 à 2015. Les incidences de la chlamydia, gonorrhée, syphilis et hépatite C sont comparées, en tenant compte de la fréquence des visites de dépistage.

Principaux résultats

109 utilisateurs de la PPrE et 86 utilisateurs de la PPE ont été inclus. Les utilisateurs de la PPrE avaient des taux d’incidence d’ITS plus élevés dans les 12 mois suivant sa mise en place. Ces taux d’incidence sont également plus élevés que parmi les utilisateurs de la PPE. Comme d’autres études l’ont révélé, un suivi sur un plus long terme serait utile pour voir si cet effet se maintient ou si les occasions de counseling, les dépistages fréquents induisent par la suite une stabilisation des ITS.

La Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) a récemment émis sa position concernant la PPrE affirmant que son utilisation « aura un impact positif afin de contrer la transmission du VIH chez des populations spécifiques », comme celle des HARSAH. L’augmentation de l’incidence des autres ITS chez les utilisateurs de PPrE pourrait être tributaire de plusieurs facteurs; entre autres le fait que ces personnes subissent régulièrement des tests de dépistage des ITS, augmentant ainsi le nombre de diagnostics. Bref, pour la COCQ-SIDA, la PPrE devrait impérativement être considérée comme une opportunité dans une approche de prévention du VIH chez les HARSAH et des recherches supplémentaires devraient être entreprises afin d’étudier le potentiel usage de la PPrE chez d’autres populations, comme par exemple les femmes, les travailleurs et travailleuses du sexe et les utilisateurs de drogues injectables.

Pour consulter le résumé de l’article ou les résultats et discussions plus en détail, consultez l’article publié dans https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5865505/

Pour consulter le guide du ministère à l’attention des professionnels : La prophylaxie préexposition au virus de l'immunodéficience humaine

Rédigé par
Fannie Defay, Florence Maheux-Dubuc – Espace ITSS
Date de publication
13 juin 2018