Parcours d'accès aux services pour la santé mentale, les problèmes de dépendances et de violences chez les gbHARSAH

Résultats du projet Mobilise!, troisième volet

Après les deux premières manchettes du projet Mobilise! qui se concentraient sur la santé sexuelle des hommes gais et bisexuels et autres hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH), voici maintenant une manchette axée sur leur santé mentale, les problèmes de dépendances et de violences.

L’évaluation de l’état de santé dans les 12 derniers mois a été réalisée à l’aide de l’Échelle état de santé général (GEN), également utilisée dans l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) – 2015. Les diapos 2 à 4 présentent quelques informations d’ordre général sur l’autoévaluation de la santé de l’échantillon (pour ceux ayant répondu à ces questions). La santé mentale est celle pour laquelle on observe une plus grande proportion de ‘mauvaise ou moyenne’ (31%). Également 13% des répondants présentent un niveau de détresse psychologique élevé dans les 30 derniers jours.  Afin de pouvoir comparer à certains éléments déjà présentés, les évaluations de l’état de santé physique, mentale ou sexuelle sont présentées selon le statut VIH du répondant. On constate sans surprise une association significative entre la santé sexuelle et le statut VIH. Les caractéristiques associés de manière univariée à l’état de santé sont sensiblement les même pour les différents types de santé évalués, néanmoins pour la détresse psychologique, les ratio de côte sont plus élevés, suggérant une association plus forte entre la violence et la détresse psychologique.

Services en santé mentale et émotionnelle (diapositives 5 à 7)

Comme pour les services utilisés concernant la sexualité, les services utilisés en santé mentale et émotionnelle ont été étudiés, ainsi que les obstacles rencontrés lors du parcours d’accès. Environ un quart de l’échantillon a reçu des services en santé mentale dans les 12 derniers mois; la thérapie ou une rencontre avec un professionnel de la santé étaient les 2 services les plus fréquemment utilisés.

On constate que :

  • 31% de l’échantillon total ont ressenti le besoin, cherché OU trouvé un service en santé mentale et émotionnelle dans les 12 derniers mois.
  • Toujours parmi l’échantillon total, 25% ont pris rendez-vous ou se sont rendus sur place,
  • Enfin, 26% ont reçu le service recherché.

Parmi les barrières rapportées sur l’ensemble du parcours d’accès par les participants à l’étude (Parmi ceux ayant dit oui à au moins 1 des étapes du parcours, n=232), 36% indiquent avoir dû débourser de l’argent pour avoir le service.

Des barrières plus spécifiques à chaque étape sont ressorties, comme la peur d’être jugé par ses proches (pour le besoin ressenti du service); le temps d’attente long entre l’appel et le rendez-vous (comme barrière pour la prise de rendez-vous ou présentation en personne); ou encore le manque de temps pour comprendre ou l’impossibilité d’exprimer son besoin au moment de recevoir le service.

Les caractéristiques en gris et italique dans les boîtes sont le résultat de chi-deux de Pearson significatif à <0,2. Par exemple, les répondants ayant un revenu annuel <40k sont proportionnellement plus nombreux à avoir eu comme barrière la peur d’être jugé par ses proches. S’il n’y en a pas, c’est que rien n’était significatif. L’impact du revenu ressort très fréquemment dans cette problématique d’accès aux services en santé mentale et émotionnelle.

 

Enfin la diapositive 7 présente les besoins non comblés en matière de services en santé mentale. Le besoin non comblé représente la proportion de répondants qui ont ressenti le besoin d’accéder à un service dans les 12 derniers mois, mais qui n’ont pas reçu le service. Donc 31% des répondants (échantillon total) ont ressenti le besoin d’avoir accès à un service en santé mentale et émotionnelle dans les 12 derniers mois, parmi ceux-ci 19% n’ont pas reçu le service. On constate dans cette étude que les gbHARSAH ayant comme langue maternelle une autre langue que le français sont 2,5 fois plus nombreux à présenter un besoin non comblé pour les services en santé mentale. Le statut VIH inconnu (2,3) et le fait d’avoir eu 6 partenaires et plus dans les 12 derniers mois (2,0) étaient également associé à un besoin non comblé.

Services en dépendances (diapositives 8 à 12)

Les différentes drogues consommées, ainsi que les caractéristiques associées sont présentées. Au cours des 12 derniers mois, 92% de l’échantillon a consommé de l’alcool, 45% de la Marijuana … On note que 27% des répondants ont une consommation à risque : La marijuana et les poppers sont les drogues avec une proportion de consommation à risque plus élevée[i] et 9% des répondants ont un seuil potentiel de diagnostic de consommation abusive[ii]. Toutefois, seulement 3% de l’échantillon a utilisé un service dans les 12 derniers mois pour les dépendances, 4% de l’échantillon total a ressenti le besoin, cherché OU trouvé un service, et 3% a pris ou trouvé un rendez-vous. Les obstacles rencontrés tout au long du parcours ou dans chacune des étapes, ressemblent à ceux déjà cités plus haut (honte d’avoir besoin, peur du regard des proches, argent à débourser pour recevoir le service). Les proportions sont différentes, néanmoins il est important de garder en tête que l’échantillon est petit pour cette diapositive concernant le parcours d’accès. Mais même sur un petit échantillon, une grande partie des personnes ayant cherché un service n’en ont pas eu : 38% de besoin non comblé.

Services d’aide pour les actes de violence ou de discrimination (diapositives 13 à 21)

La violence ou la discrimination reçue au cours des 12 derniers mois par les personnes ayant participé au projet Mobilise! a touché 26% des répondants. Les plus jeunes (18-24 ans) sont les plus touchés (41%). Les différents types de violences sont décrits à la diapositive 14 (critiques ou moqueries revenant le plus souvent) selon les environnements dans lesquels ces violences ou discriminations ont été vécues. L’orientation sexuelle, le genre et l’image corporelle sont les cibles les plus fréquentes de ces violences, tous établissements confondus.

Si on se penche plus spécifiquement sur les violences dans les relations amoureuses : parmi les répondants en couple dans les 12 derniers mois (N=556), 25% ont été victimes d’au moins une forme de violence;  dont 8% ont à la fois subi et fait subir la violence.

De manière encore plus marqué que pour les services en dépendances, très peu de personnes ont utilisé un service d’aide pour les actes de violence ou de discrimination au cours des 12 derniers mois (0,8%). On retrouve des barrières très similaires (diapositive 20) et là encore, malgré un petit nombre, 44% de gbHARSAH avec un besoin non comblé. L’âge (35 ans et moins) ressortant comme significativement associé, alors même qu’ils sont les plus fréquemment touchés par des problèmes de violence, de discrimination ou de violence dans les relations amoureuses.

A très vite pour la dernière manchette du Projet Mobilise!.


[i] Selon l’échelle DÉBA-Drogues; Tremblay, Rouillard et Sirois (2000); basé sur la fréquence de consommation de   marijuana, poppers, cocaïne, ecstasy, speed, crystal meth, ketamine, crack, LSD et héroïne.

[ii] Selon l’échelle des Conséquences de la Consommation de Drogues (ÉCCD); Tremblay, Rouillard, April et Sirois (2000)

Rédigé par
Fannie DEFAY, Ludivine Veillette Bourbeau et Joanne Otis
Date de publication
5 novembre 2018