Première souche de Neisseria gonorrhoeae résistante à la cefixime et la ceftriaxone au Canada

Meilleure étude de l’année 2018 selon le NEJM

The New England Journal of Medicine (NEJM) a présenté ses choix de publications les plus importantes de l’année 2018. Parmi les 11 meilleures publications qui auront eu un impact direct sur les pratiques cliniques, les éditeurs du NEJM estiment que « l’étude la plus importante réalisée cette année [est celle qui a] documenté l’arrivée de [la bactérie] Neisseria gonorrhoeae résistante à la ceftriaxone en Amérique du Nord ». (Traduction libre; https://www.jwatch.org/na48066/2018/12/26/nejm-journal-watch-infectious-diseases-top-stories-2018).

Cette étude qui émane du laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) a été menée par Brigitte Lefebvre,  responsable du département de la résistance aux antibiotiques du LSPQ. Brigitte Lefebvre est également responsable des programmes de surveillance provinciaux des infections invasives à Neisseria meningitidis, du Streptococcus pneumoniae et d’Haemophilus influenzae, en plus de faire le suivi de la résistance à Neisseria gonorrhoeae et des carbapénemases chez les entérobactéries.

Résumé de l’article

L’article décrit le cas rencontré en janvier 2017, qui s’est avéré être le premier au Canada ayant une double résistance à la céfixime et la ceftriaxone. Ces deux antibiotiques sont utilisés au Québec et au Canada en combinaison avec de l’azithromycine dans le traitement de la gonorrhée. Le choix de l’un ou l’autre des antibiotiques se fait principalement en fonction du site d’infection, mais aussi selon les résistances de la souche présente chez le patient, lorsqu’elles sont connues au moment de traiter. Les tests effectués au cas index sont décrits, ainsi que les traitements prescrits. On trouve aussi la recherche des partenaires (un seul, et le partenaire précédent de ce dernier), les tests réalisés et les traitements prescrits à ces derniers.

L’article décrit également l’ensemble des analyses de laboratoires réalisées sur la souche prélevée, permettant de décrire les résistances aux antibiotiques de la souche. Le séquençage et les méthodes employées sont également mentionnés. Ces analyses permettent de décrire avec précision toutes les mutations génétiques acquises par la souche de la bactérie, qui expliquent les résistances acquises aux différents antibiotiques.

Cette analyse génétique aussi précise permet également de faire le lien avec les autres souches résistantes décrites dans le monde. Ainsi, on analyse la distribution des résistances et la rapidité de propagation à travers le monde. Ces analyses sont indispensables à la surveillance épidémiologique de l’antibiorésistance. Associés à une recherche des antécédents sur le plan des comportements sexuels, ces éléments permettent d’intervenir de manière ciblée et intensive afin d’endiguer leur plus large dissémination dans le pays.

Pour lire l’article en anglais c’est ici, et l’éditorial du NEJM ici.

Rédigé par
Fannie Defay (INSPQ)
Date de publication
3 avril 2019