Le LSPQ sur la première ligne

Nous vivons une situation d’urgence de santé publique sans précédent. Depuis plusieurs semaines, de nombreux employés de l’INSPQ, de par leur expertise scientifique, sont mobilisés aux premières loges de cette crise, pour éclairer et soutenir les décideurs. Témoin de cette expérience professionnelle et humaine inouïe, l’équipe des communications de l’INSPQ propose une série de reportages au cœur du quotidien de collègues engagés dans la lutte contre la pandémie.

Lorsqu’au point de presse quotidien du premier ministre François Legault et du directeur national de santé publique, il est mention du nombre de tests effectués et à venir, c’est dire à quel point le mandat confié au Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) et aux laboratoires partenaires est névralgique pour le Québec. Ce service primordial de dépistage de la COVID-19, initié par le LSPQ le 22 janvier dernier, a pu atteindre sa capacité maximale grâce à l’engagement et à la détermination de son personnel, qui n’a pas lésiné à se relayer 7 jours sur 7, 24 h sur 24, afin de contribuer à sauver des vies.

Créer le test diagnostique

Le 11 janvier, la Chine transmet aux laboratoires du monde entier la séquence génétique du nouveau coronavirus qui sévit dans la province du Hubei. À l’affût de nouvelles maladies respiratoires sévères, Hugues Charest, spécialiste des services cliniques, réagit rapidement. Il mobilise son équipe de microbiologie moléculaire afin de créer un test diagnostique.

« Le 22 janvier, notre test PCR était prêt, relate-t-il. L'amplification des acides nucléiques (PCR) est une technique qui permet le diagnostic rapide de la COVID-19. Le lendemain, nous recevions nos premiers échantillons en provenance du réseau de la santé. À ce moment, le protocole exigeait qu’un test positif soit envoyé systématiquement au Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg pour une validation. Maintenant, ce n’est plus le cas, le LSPQ est autonome. »

Pour accroître la capacité du Laboratoire, il a fallu délester certaines analyses et recruter à l’interne du personnel capable de soutenir les équipes de biologie moléculaire, de la réception et des milieux de culture. Ce dernier secteur prépare les tubes requis pour les prélèvements des patients que l’on voudra tester pour la COVID-19, et ce, afin d’assurer une partie de l’approvisionnement provincial. « Par exemple, une quarantaine d’employés ont été réaffectés à la réception des échantillons depuis le 13 mars et une dizaine aux milieux de culture, explique France Corbeil, gestionnaire de ce nouveau bataillon. L’amplitude de travail a été revue, des quarts de travail de soir et de fins de semaine ont été ajoutés dans ces équipes critiques. »

Ça ne dérougit pas…

Pendant le mois de mars, le LSPQ a reçu plus de 31 000 échantillons pour des analyses. « En gros, c’est un tiers de notre volume annuel », poursuit France.

Au plus fort de la demande, 2 000 échantillons par jour nous étaient expédiés, principalement de la COVID-19. Les taxis attendaient en ligne devant nos locaux. Toute la nuit, les gardiens de sécurité apportaient les nombreuses boîtes pouvant contenir jusqu’à 100 échantillons. » « Non seulement il fallait saisir les requêtes, classer les échantillons, effectuer les tests par lots, mais aussi répondre aux questions des établissements, et leur retransmettre les rapports analytiques », relate Ida Pedro, coordonnatrice technique. Avec ces forts volumes, la gestion des déchets biomédicaux est aussi un enjeu à ne pas négliger.

« Nous avons accru la fréquence des tournées de déchets dans nos laboratoires et la décontamination par la chaleur, poursuit Ida. Aucun déchet ayant été en contact avec du matériel biologique ne sort sans avoir été au préalable passé à l’autoclave pour être décontaminé. C’est le cas pour tous les écouvillons amassés, des chiffons pour désinfecter et tout autre matériel en lien avec les échantillons de COVID-19. Cela représente beaucoup de déchets supplémentaires dans notre conteneur. »

Pas de télétravail possible!

Puisque les tests s’effectuent au Laboratoire, la majorité du personnel doit continuer à se rendre à Sainte-Anne-de-Bellevue. Pour bon nombre, le télétravail est impossible.

« Nous tentons de maintenir une distance physique appropriée entre les travailleurs du labo, rassure Florence Lacasse, directrice des opérations. Par ailleurs, nous avons les équipements nécessaires pour nous protéger : pièce à pression négative; sarraus, masques et gants. Nous avons l’habitude de prendre toutes les précautions, car nous manipulons plus de 80 000 échantillons de toutes natures par année. Nous avons l’habitude des différents niveaux de confinement. Je crois que cette année, nous battrons notre record, grâce à la collaboration de tous les employés pour lesquels des efforts inhabituels sont demandés. » « Pour nos équipes, c’est un travail titanesque qui doit être accompli avec rigueur et précision. Nous savons à quel point les autorités, le réseau de la santé et la population ont des attentes envers nous », affirme Michel Roger, directeur scientifique. 

Des hôpitaux en renfort

Afin d’augmenter la capacité de tester la Covid-19, neuf laboratoires d’hôpitaux sont venus en renfort le 9 mars. « La validation de ces laboratoires s’est faite sous la supervision du LSPQ, précise Judith Fafard, médecin-conseil. Afin de vérifier l’exactitude du test déployé dans les centres hospitaliers, nous leur avons préparé des échantillons modèles avec résultat. Le LSPQ a aussi vérifié les premiers échantillons positifs de chaque laboratoire délocalisé. Momentanément, cela nous a ajouté du stress, mais à terme, ça a permis de décupler la capacité de tester. »


Photos

Une partie de l’équipe de la réception en action.

Pour vous donner un aperçu du lot de colis acheminés au Labo en quelques heures.

Rédigé par Irène Langis et Nathalie Labonté, conseillères en communication.


Pour plus d’information sur les tests du LSPQ, visionnez le reportage de Découverte du 5 avril dernier : https://ici.radio-canada.ca/tele/decouverte/site/segments/reportage/162321/tests-analyses

Consultez aussi cet article paru dans Le Devoir : https://www.ledevoir.com/societe/sante/574212/le-laboratoire-quebecois-qui-traque-le-covid-19

9 avril 2020