Antennes de téléphonie mobile et santé publique : état des connaissances

Quoique la contribution des antennes relais au bilan de l’exposition aux RF soit faible, les préoccupations de la population se cristallisent souvent au niveau de ces infrastructures, principalement lors de leur implantation. La gestion des télécommunications étant du domaine de juridiction exclusif du fédéral (Santé Canada et Industrie Canada), la gestion des plaintes auprès du réseau de la santé du Québec, bien qu’en augmentation, demeure somme toute assez marginale. Pour protéger la santé de la population quant aux émissions de RF issus des antennes relais, la plupart des pays se basent sur les limites d’exposition proposées par l’ICNIRP ou l’IEEE et il en est de même au Canada. Selon ces organisations, ces limites sont établies en fonction du poids de la preuve scientifique, basées sur les risques d’effets aigus sur la santé. Aucune limite n’a été retenue par ces organisations quant au risque associé à l’exposition chronique, les données scientifiques ne permettant pas d’appuyer de telles recommandations. Il a été jugé néanmoins nécessaire de poursuivre la réalisation d’études approfondies sur la question et de reproduire les études où des effets ont été rapportés.

Plusieurs groupes d’experts indépendants mandatés par des organismes nationaux et internationaux se sont penchés sur les effets des RF. Les avis de ces groupes sont majoritairement concordants et peuvent être résumés comme suit : compte tenu des connaissances actuelles et des faibles niveaux d’exposition aux RF issus des stations de base, la probabilité d’un risque sur la santé de la population générale et celle vivant à leur proximité peut être considérée faible ou inexistante. Cependant, les spécialistes soulignent que le nombre restreint d’études de qualité portant sur l’exposition à de faibles niveaux de RF limite la portée de ces conclusions. Bien qu’ils soient encore mal connus, la plupart des experts croient qu’il y a peu de chance que les effets biologiques engendrés par une exposition aux RF sous les valeurs recommandées aient des conséquences néfastes sur la santé.

Les quelques études épidémiologiques consacrées à cette question sont peu convaincantes, car elles souffrent de plusieurs faiblesses méthodologiques telles que le choix des participants à l’étude, la difficulté de trouver des personnes non exposées, la caractérisation de l’exposition, etc. Les symptômes rapportés par certaines personnes vivant à proximité des stations de base demeurent un sujet néanmoins d’actualité et nécessitent des évaluations plus précises. À l’heure actuelle, les études d’exposition en laboratoire demeurent également peu concluantes. Quant aux personnes rapportant une hypersensibilité aux RF, les principaux groupes d’experts précisent que les données scientifiques ne permettent pas d’établir de relation causale entre l’exposition à ces champs et les effets à la santé signalés.

Devant les incertitudes quant à l’évaluation du risque associé aux RF, les approches de gestion proposées peuvent différer grandement d’une organisation à l’autre. Les enjeux sociopolitiques, économiques ou de faisabilité technique, qui dépassent les considérations sanitaires, peuvent orienter les gouvernements à opter pour des mesures précises de gestion. L’application des plans de gestion variant d’un pays ou d’une organisation à l’autre amène de la confusion et de l’incompréhension auprès des décideurs et de la population quant à l’estimation du risque associé aux RF. La question de l’insécurité de la population face à ce risque incertain doit également être prise en compte. Ainsi, bien que les expositions liées aux antennes de télécommunications respectent largement les recommandations canadiennes et internationales, il n’en demeure pas moins que les craintes quant à ces infrastructures peuvent créer un niveau de stress pouvant engendrer de réels problèmes de santé. La diffusion de l’information la plus factuelle et la plus accessible possible quant à l’état des connaissances scientifiques liées aux antennes relais et aux RF doit être offerte à l’ensemble de la population. Enfin, le réseau de la santé doit poursuivre sa vigilance quant à l’évolution des connaissances sur les impacts potentiels de l’exposition aux RF.

Auteur(-trice)s
Denis Gauvin
M. Sc, conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-60923-0
ISBN (imprimé)
978-2-550-60922-3
Notice Santécom
Date de publication