Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik 2004 : état des maladies cardiovasculaires et du diabète au Nunavik

Les premières études d’observation ont présenté les Inuits comme une population bien protégée contre les maladies cardiovasculaires (MCV) affectant les pays développés. Or, étant donné l’abandon du style de vie traditionnel et la prévalence élevée de certains facteurs de risque (tels que le tabac, 73 % et l’obésité, 19 %), les conclusions de l’enquête Santé Québec de 1992 menée auprès de la population inuite du Nunavik anticipaient une augmentation des MCV. Douze ans plus tard, l’Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik 2004 dresse un nouveau portrait de la santé de cette population afin de déterminer, entre autres, la prévalence des MCV et du diabète, ainsi que les facteurs de risque qui y sont associés, et d’évaluer l’évolution de ces résultats depuis 1992.

Au total, 1056 Inuits (hommes et femmes) provenant des 14 communautés du Nunavik ont participé à cette grande enquête. Les résultats suivants proviennent de 925 participants (âgés de 18 ans et plus) qui ont répondu au questionnaire clinique, fourni des mesures anthropométriques et subi des tests cliniques, dont un examen de la carotide par ultrasons et une épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale. Les répondants ont aussi fourni un prélèvement de sang afin de dresser leur profil lipidique, de mesurer leur glycémie et leur taux d’insuline à jeun.

Comparativement aux résultats de l’enquête de santé de 1992, nous avons observé une hausse de la prévalence de l’hypertension. La proportion d’individus dont la pression sanguine était d’au moins 140/90 mmHg est passée de 6,0 % en 1992 à 11,9 % en 2004. Tels qu’observés lors de l’enquête de 1992, les résultats actuels indiquent que les profils lipidiques demeurent satisfaisants.

De même, l’évaluation de l’athérosclérose confirme que les Inuits du Nunavik sont relativement bien protégés contre cette maladie. De plus, la fréquence des MCV signalées par les répondants ressemble à celle observée auprès d’autres populations autochtones canadiennes (ex. : accident vasculaire cérébral, 5 %).

Malgré ces observations encourageantes, le portrait du diabète est pour sa part moins positif. Avec une prévalence globale d’environ 5 %, il atteint les niveaux observés dans la population canadienne. Cependant, la prévalence des facteurs de risque du diabète a sensiblement augmenté chez les femmes depuis 1992. Ceci est particulièrement vrai dans le cas de l’obésité abdominale, observée chez près de 71 % des femmes de cette population. L’hyperinsulinémie touchait 15 % d’entre elles.

Malgré un profil lipidique satisfaisant et un faible taux d’athérosclérose, l’augmentation alarmante des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, tels que l’usage du tabac, l’intolérance au glucose, l’obésité générale et abdominale notamment, laisse présager une augmentation possible des problèmes cardiovasculaires dans un avenir rapproché. Nous encourageons donc le maintien et le renforcement des programmes de prévention afin de réduire ces risques.

Auteur(-trice)s
Éric Dewailly
Unité de recherche en santé publique, Centre Hospitalier Universitaire de Québec et Institut national de santé publique du Québec
Louis Rochette
Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
Notice Santécom
Date de publication