L'usage des stimulateurs de croissance en production animale : positions des experts et des gouvernements

Il existe plusieurs stimulateurs de croissance, hormonaux ou non, permettant de favoriser le gain de masse musculaire chez certains animaux destinés à la boucherie, surtout chez les bovins adultes (au Canada, les veaux, les porcs et la volaille ne reçoivent pas de tels stimulateurs). Ces substances sont souvent désignées par le vocable d'anabolisants et ils possèdent les mêmes caractéristiques que ceux employés par les humains dans diverses circonstances. Connus depuis longtemps, leur usage en élevage animal s'est développé dans les années 1960. Dès l'amorce des années 1980, la Communauté européenne a proposé de bannir l'usage des stimulateurs de croissance en production animale, sauf dans un contexte de recherche ou thérapeutique. Cette prohibition est entrée en vigueur en 1989 et l'une des conséquences du bannissement a été l'interdiction d'exporter vers l'Europe des produits carnés d'animaux recevant des stimulateurs de croissance. Ce bannissement a été contesté devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) par les pays où l'usage des stimulateurs était permis. L'OMC a donné raison aux pays contestant la position de l'Union européenne qui a toutefois maintenu le bannissement.

Depuis 1982, plusieurs rapports d'experts, européens ou hors de l'Europe, ont estimé que la présence possible de résidus de stimulateurs de croissance dans la viande ne représentait pas un risque pour la santé des consommateurs. Ces opinions concernaient tant les stimulateurs synthétiques que des hormones naturelles employées aux mêmes fins (testostérone, progestérone et estrogènes). Une opinion contraire a été émise par un comité d'experts européens (le Comité scientifique des mesures vétérinaires en rapport avec la santé publique, CSVSP), en 1999, spécifiquement mandaté par l'Union européenne (UE) pour appuyer le bannissement. Ce comité d'experts a subséquemment réitéré sa position, en 2000 et 2002. En 2007, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a confirmé l'opinion du CSVSP quant au risque sanitaire des stimulateurs et hormones de croissance, en précisant toutefois que, sur le plan épidémiologique, il n'y avait pas de preuves que la présence de résidus de stimulateurs de croissance dans la viande représentait un risque à la santé humaine.

Quant à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ils estiment que l'usage des stimulateurs de croissance en production animale est sans risque pour la santé humaine s'ils sont employés conformément aux usages vétérinaires prescrits. Santé Canada ainsi que le Food and Drug Administration (États-Unis) affirment aussi que l'usage de ces substances est sécuritaire.

Le débat sur les stimulateurs de croissance n'a plus cours depuis quelques années; l'Europe, d'une part, et les pays non européens d'autre part demeurant sur leur position respective. Le présent document est un constat factuel de ces prises de position divergentes, tant des experts que de celles prises dans des cadres géopolitiques particuliers. Dans ce contexte, il ne porte aucun jugement sur le bien-fondé de l'une ou l'autre des positions.

Auteur(-trice)s
Pierre Chevalier
Ph. D., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-62701-2
ISBN (imprimé)
978-2-550-62700-5
ISSN (électronique)
1919-174X
ISSN (imprimé)
1919-1731
Notice Santécom
Date de publication