Sécurité et insécurité alimentaire chez les Québécois : une analyse de la situation en lien avec leurs habitudes alimentaires

Ce document présente la situation de sécurité alimentaire des ménages québécois qui a été mesurée en 2004 par Statistique Canada dans le cadre de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC). Les données de cette enquête ont été analysées selon plusieurs facteurs démographiques et socioéconomiques. L'association entre les habitudes alimentaires et les apports nutritionnels des Québécois et leur situation de sécurité alimentaire a aussi été vérifiée.

Les résultats ont révélé que près de 260 000 ménages québécois avaient vécu l'insécurité alimentaire en 2004. De ce nombre, 190 000 ménages avaient vécu une situation d'insécurité alimentaire modérée et près de 71 000 ménages avaient vécu une situation grave. La proportion d'adultes vivant dans les ménages en insécurité alimentaire s'est chiffrée à 8,1 % et celle des enfants de 18 ans et moins à 4,2 %. Les résultats de la présente étude ont aussi indiqué que la probabilité de vivre en insécurité alimentaire en 2004 était élevée chez les ménages dont le revenu était très faible, et en particulier, chez les ménages pour lesquels l'aide sociale était la principale source de revenu. Les ménages formés de personnes seules ou de familles monoparentales étaient également plus exposés à vivre une telle situation ainsi que les ménages ayant immigré au Canada dans les dix années précédant l'enquête. Il en était de même pour les ménages non propriétaires de leur logement, cette variable étant fortement liée au revenu du ménage. Les ménages défavorisés matériellement et socialement étaient plus exposés à l'insécurité alimentaire que les ménages favorisés.

Au regard des individus eux-mêmes, l'analyse des données a révélé que les adultes qui vivaient dans un ménage en insécurité alimentaire au cours de l'année 2004 avaient été plus nombreux à avoir sauté un repas ou à ne pas avoir pris des collations la veille de l'entrevue. Les personnes vivant au sein d'un ménage en insécurité alimentaire avaient consommé le jour précédant l'enquête, moins de fruits (en quantité et en fréquence), moins de yogourt et parfois moins de pain à grains entiers. Les résultats ont aussi montré que l'apport nutritionnel des individus est sensible aux perturbations des ressources financières du ménage. En effet, bien que les apports nutritionnels des individus vivant au sein de ménages en insécurité alimentaire ou défavorisés matériellement et socialement n'aient pas pu être comparés aux valeurs recommandées, les différences observées lors de leur comparaison avec les individus mieux nantis ou plus favorisés sont parfois importantes pour certains nutriments.

Les résultats de cette étude fournissent des données pouvant aider à l'élaboration des programmes, des interventions et des politiques publiques en sécurité alimentaire ainsi qu'en nutrition.

Auteur(-trice)s
Carole Blanchet
M. Sc., épidémiologiste, Institut national de santé publique du Québec
Louis Rochette
Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-62961-0
ISBN (imprimé)
978-2-550-62960-3
Notice Santécom
Date de publication