Le recours aux incitatifs et la promotion de sains comportements alimentaires : le cas de la malbouffe

S’il existe une question qui préoccupe l’opinion publique, les gouvernements, les institutions et les organisations internationales, c’est bien l’obésité; celle des enfants, mais pas uniquement (Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2003, 2005; Delisle, 2004; Dériot, 2005). Les raisons à cela sont nombreuses. Parmi celles-ci, il est possible d’évoquer les conséquences sociales de la surcharge pondérale (Association médicale canadienne [AMC], 2007, p. 6; Katzmarzyk et Janssen, 2004; Institut national de la santé et de la recherche médicale [INSERM], 2005, p. 49-54)en termes d’efficacité économique (Suhrcke, McKee, Sauto Arce, Tsolova et Mortensen, cités par AMC, 2007, p. 5-6; Cusset, 2008), de soins médicaux (pour la France : Detournay et al., 2000), d’aménagement d’infrastructures, etc. Sans pour autant amoindrir l’importance de la question, il convient de ne pas céder à un certain sensationnalisme tendant à faire de l’obésité une épidémie (pour obtenir un exemple de cette manière de présenter les choses : Faeh, 2006; Alderman, Smith, Fried et Daynard, 2007). En effet, puisqu’elle est souvent le résultat d’une mauvaise alimentation et du régime de vie sédentaire moderne, l’obésité ne rassemble en aucun cas les caractéristiques d’une épidémie (Epstein, 2005, p. 1367; Botterill, 2006, p. 4). Il est donc préférable de voir la malbouffe et ses conséquences comme un problème d’action collective, dans le sens qu’en donne Olson (1971), qui génère des externalités négatives pour l’ensemble de la société (Marshall, 2000, p. 301; Botterrill, 2006, p. 7) et non comme une question épidémiologique.

Quoi qu’il en soit, réduire les effets d’une mauvaise alimentation, c’est-à-dire d’une alimentation surchargée en graisses saturées, en sel ou en sucre et faire adopter aux individus de sains comportements (consommation de fruits et de légumes, exercice physique) constituent des objectifs légitimes des politiques publiques. Dans ce contexte, l’usage d’incitatifs est l’une des options disponibles afin de réorienter, de manière souple, les comportements (Jacobson et Brownell, 2000; Marshall, 2000; Caraher et Cowburn, 2005; Mytton, Gray, Rayner et Rutter, 2007; Godfrey et Maynard, 1988).

Tout d’abord, il est nécessaire de se poser deux questions : quelle est la justification morale de la promotion de sains comportements? Quels sont les motifs pour lesquels on a recours aux incitatifs?

La première question touche la légitimité des politiques publiques orientées vers la prévention. La seconde question permettra de passer en revue les types d’incitatifs, la forme qu’ils prennent, les justifications morales de second rang qui les appuient ainsi que des exemples, ce qui donnera du coup l’occasion de préciser les implications morales, lorsqu’il y en a, de chaque option. Le but est ici de présenter les principales raisons normatives du recours aux incitatifs.

Auteur(-trice)s
ISBN (électronique)
978-2-550-65452-0
ISBN (imprimé)
978-2-550-65451-3
Notice Santécom
Date de publication