Médicaments du système hormonal et canicules : rapport et recommandations

Le Plan d'action 2006-2012 sur les changements climatiques du gouvernement du Québec intitulé Le Québec et les changements climatiques, un défi pour l'avenir, met à contribution plusieurs ministères et organismes québécois. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) est responsable du volet santé de l'Action 21 visant l'instauration des mécanismes qui serviront à prévenir et à atténuer les impacts des changements climatiques sur la santé. Ce dernier a confié à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), en novembre 2007, le mandat de gestion du volet santé de l'Action 21, y compris la coordination de l'ensemble des projets répartis dans six champs d'action, le soutien professionnel au MSSS et les relations avec les partenaires. Réalisé conjointement avec l'Université de Montréal, le présent rapport s'insère dans les travaux visés dans le quatrième axe du volet santé de l'Action 21, soit « le soutien de l'adaptation du réseau de la santé aux aléas hydrométéorologiques ou géologiques, sur les plans clinique, social et matériel, afin de protéger les populations les plus vulnérables ».

Depuis plusieurs années, les chaleurs extrêmes ou canicules sont de plus en plus étudiées par les professionnels de la santé afin d’analyser leur impact sur la population et la santé publique. Ces canicules font l’objet de recherches scientifiques rigoureuses donnant lieu à plusieurs publications. Plus récemment, la canicule de 2003, en Europe, a causé la mort de 14 802 personnes en France, 7 000 en Allemagne, 4 200 en Espagne, 4 000 en Italie, 2 045 en Grande-Bretagne, 1 400 aux Pays-Bas, 1 300 au Portugal et 150 en Belgique. Ce bilan très lourd a soulevé de nombreuses questions quant à la prévention et au manque de préparation du système de santé, en ce qui a trait aux chaleurs extrêmes. En théorie, l’augmentation du risque de troubles de la santé liés à la chaleur, allant d’un simple malaise au décès, peut être associée à toute condition compromettant la thermorégulation. Au fur et à mesure des études épidémiologiques sur le sujet, il s’avère toutefois que les populations les plus à risque regroupent des personnes remplissant au moins l’une des conditions suivantes : l’avancement en âge, l’apparition de problèmes de santé chroniques, la consommation de médicaments pour traiter certaines de ces maladies et la dépendance d’un tiers pour assurer ses besoins vitaux.

À la suite de la canicule de 2003, en France, l’Afssaps a étudié quels médicaments pouvaient contribuer aux troubles de la santé liés à la chaleur. L’objectif était clair : trouver tous les médicaments susceptibles de provoquer des coups de chaleur ou le syndrome d’épuisement déshydratation. L’Afssaps publia alors une revue de littérature qui se conclut par un tableau de synthèse sur les médicaments dits dangereux. Ce tableau fait depuis office de référence et se retrouve dans une majorité des écrits sur les médicaments et la canicule.

Or, depuis quelques années, un groupe de chercheurs de l’unité Santé et environnement de l’INSPQ commence à s’intéresser de très près à ce problème en raison du réchauffement climatique et des étés de plus en plus chauds au Québec. À la lecture du rapport de l’Afssaps, une question majeure se pose alors : tous les médicaments du tableau récapitulatif ont été choisis en fonction de leurs propriétés pharmacologiques, donc théoriques, qui pourraient entraîner de graves problèmes de santé durant une vague de chaleur, mais est-ce vraiment le cas sur le terrain? Existe-t-il des écrits empiriques, des études de cohorte, cas-témoins ou expérimentales qui pourraient accréditer les conclusions de ce tableau?

Afin de répondre à cette question, l’INSPQ décide de réaliser une revue systématique de tous les médicaments listés dans le tableau de l’Afssaps en ne se basant que sur des écrits publiés, décrivant les effets directs ou indirects des médicaments sur l’humain pouvant être dangereux en période caniculaire.

Pour le système hormonal, sur les 857 publications répondant aux mots-clés (voir les méthodes) dans les différents moteurs de recherche précités, aucune n’a été retenue. Il apparaît clairement que ce sujet n’est pas encore exploré et devrait donner lieu à des études supplémentaires.

L’absence de données épidémiologiques actuellement ne permet pas de juger de la relation entre les médicaments du système hormonal et la canicule. Toutefois, la recension de leurs effets indésirables potentiellement à risque dans un tel contexte météorologique, sur la base des sources de référence sur les pharmacothérapies, suggère que certaines classes thérapeutiques du système hormonal sont susceptibles d’aggraver le syndrome d’épuisement-déshydratation et de contribuer au coup de chaleur, soit :

  • pour les antidiabétiques oraux : les inhibiteurs des alpha-glucosidases biguanides et les analogues de GLP‑1 (des effets plus modestes ont été observés pour les inhibiteurs de la DPP‑4);
  • pour les hypolipidémiants : la niacine (des effets plus modestes ont été observés avec les séquestrants de l’acide biliaire, les inhibiteurs de l’absorption du cholestérol et les fibrates).

Il pourrait également être opportun, pour les professionnels de la santé, de commencer à identifier les personnes à haut risque parmi leur clientèle, non seulement en fonction de leur prise de médicaments, mais également en fonction d’autres considérations comme leur soutien familial et social au moment opportun, leur confort personnel (p. ex. : air conditionné ou pas) et leur habitat (p. ex. : proximité d’un centre commercial, d’un parc).

ISBN (électronique)
978-2-550-66247-1
ISBN (imprimé)
978-2-550-66246-4
Notice Santécom
Date de publication