Réflexions sur l'élaboration d'une stratégie de biosurveillance en appui aux actions de santé publique au Québec

L'exposition de la population à un grand nombre de contaminants présents dans l'environnement préoccupe de plus en plus les autorités de santé publique. En effet, les divers effets sanitaires associés à l'exposition à ces contaminants sont pour la plupart méconnus. La biosurveillance, aussi appelée surveillance biologique de l'exposition, s'avère un outil intéressant aux fins de l'évaluation de cette exposition. Plusieurs définitions de la biosurveillance existent, mais celle retenue aux fins du présent document est : « la mesure de contaminants, ou de leurs métabolites, dans le sang, l'urine ou d'autres matrices biologiques humaines ». Plusieurs programmes de biosurveillance ont cours actuellement au Canada, aux États-Unis et en Europe, entre autres. Ces efforts sont favorisés notamment par les avancées réalisées dans le domaine de la toxicologie analytique qui permettent de mesurer des substances chimiques à de très faibles concentrations, lesquelles sont caractéristiques des expositions environnementales.

Ce rapport a été rédigé avec l'objectif de documenter l'état de la situation sur la biosurveillance au Québec, ainsi que les besoins en ce sens. De plus, il propose une réflexion sur l'élaboration d'une stratégie de biosurveillance en appui aux actions de santé publique. À cette fin, le présent document décrit les aspects clés relatifs à la biosurveillance, notamment les étapes de la réalisation d'une étude et les enjeux relatifs à l'interprétation et à la communication des résultats. Ensuite, les efforts québécois dans le domaine sont présentés par une recension des études de biosurveillance ayant été réalisées et par la description des structures et ressources permettant la tenue d'études sur le territoire. Finalement, les résultats d'une consultation réalisée sur le sujet auprès d'intervenants québécois en santé environnementale sont relatés.

L'ensemble des éléments recueillis dans le cadre de ce projet a permis d'alimenter la réflexion quant à la mise en place d'une stratégie de biosurveillance. Plusieurs constats sur la question ont été dégagés par les auteurs du présent document. Tout d'abord, la biosurveillance est un outil pertinent et utile dans l'exercice de la santé publique puisqu'il permet de caractériser l'exposition de la population aux contaminants environnementaux. Or, le portrait de l'exposition de la population québécoise aux contaminants environnementaux est incomplet, notamment en raison d'un manque de cohésion entre les études menées jusqu'à présent. Toutefois, le réseau de la santé détient l'expertise en biosurveillance et il existe des structures facilitantes qui pourraient être mises à profit pour encourager sa pratique, dont des biobanques. Finalement, la biosurveillance est un domaine en plein essor laissant une grande place à la recherche et au développement et pour lequel il est nécessaire de rester à l'affût des nouveautés scientifiques.

Ces nombreux constats ont permis la formulation de recommandations pour l'implantation d'actions plus concertées en biosurveillance au Québec. Tout d'abord, une stratégie de biosurveillance nécessiterait une cohésion dans la pratique de la biosurveillance, laquelle pourrait être favorisée par la mise sur pied d'un groupe scientifique. Ce groupe pourrait coordonner les activités prévues, dont la détermination de thématiques prioritaires. De plus, la conduite d'études de biosurveillance pourrait être facilitée si le recours à des données ou à des sources de données existantes était encouragé et que des activités de transfert des connaissances étaient développées. Ensuite, l'innovation en biosurveillance pourrait être soutenue par de nombreuses activités de recherche, en particulier dans le but d'améliorer l'interprétation des résultats. Enfin, pour s'assurer de connaître les nouveautés dans le domaine, des activités de veille scientifique devraient également être poursuivies.

Le développement de la biosurveillance au Québec permettrait de mieux connaître les niveaux d'imprégnation de ses populations, de cibler plus spécifiquement des problématiques régionales et d'identifier des tendances temporelles et géographiques. De plus, des activités de biosurveillance concertées permettraient d'identifier des priorités sanitaires et d'orienter les décisions et les interventions de santé publique concernant l'exposition de la population aux contaminants environnementaux.

Le présent travail constitue à la fois un document de soutien à l'attention des décideurs qui élaboreront la stratégie de biosurveillance et une base pour orienter la mise sur pied des activités scientifiques de cette même stratégie.

Auteur(-trice)s
Michelle Gagné
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Mathieu Valcke
Ph. D., conseiller scientifique spécialisé, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-71313-5
ISBN (imprimé)
978-2-550-71312-8
Notice Santécom
Date de publication