Portrait des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au Québec : année 2013 (et projections 2014)

Avec plus de 27 000 cas déclarés en 2013, les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) représentent 74 % de l'ensemble des infections recensées dans le fichier des maladies à déclaration obligatoire (MADO).

Certaines situations méritent une attention particulière :

  • La hausse constante de l'incidence des cas déclarés d'infection à Chlamydia trachomatis et de l'infection gonococcique, en particulier chez les jeunes de 15 à 24 ans, augmentation qui est plus prononcée chez les jeunes hommes.
    • L'augmentation importante et concomitante du nombre de tests de détection de l'infection à Chlamydia trachomatis et de l'infection gonococcique effectués au Québec pourrait expliquer en bonne partie cette hausse de cas déclarés.
  • Le défi important posé par la résistance du gonocoque aux antibiotiques utilisés pour le traitement de cette infection.
  • La proportion importante (40,5 %) d'infection gonococcique rectale ou pharyngée parmi les cas déclarés chez les hommes.
  • L'épidémie de syphilis infectieuse, initialement concentrée dans la région de Montréal touchant maintenant la plupart des régions du Québec.
  • La recrudescence de la lymphogranulomatose vénérienne observée depuis le printemps 2013.
  • La survenue constante de cas déclarés d'hépatite B au Québec, soulignant l'importance de poursuivre la vaccination contre l'hépatite B, notamment auprès des personnes à risque qui n'ont pas bénéficié du programme en milieu scolaire.
  • La déclaration d'environ 1 200 cas d'hépatite C encore cette année, venant élargir le bassin de personnes infectées et appuyer l'importance de l'accès au traitement pour prévenir les complications hépatiques.
  • La diminution du nombre annuel de nouveaux diagnostics de VIH, mais une tendance à la hausse depuis 2009 chez les HARSAH de 15 à 24 ans. Ces tendances sont à suivre, mais à interpréter avec prudence.

Certaines situations en lien avec les populations particulièrement touchées par les ITSS méritent également d'être mentionnées :

  • Les personnes qui utilisent des drogues par injection (UDI) sont parmi les plus vulnérables aux infections par l'hépatite C et par le VIH. La prévalence de l'hépatite C est extrêmement élevée dans ce groupe et plusieurs enjeux d'accès au traitement de l'hépatite C touchent cette population en particulier.
  • Les HARSAH sont les plus affectés par la syphilis, l'infection par le VIH et la lymphogranulomatose vénérienne. Ces derniers sont aussi fortement touchés par l'infection gonococcique et l'infection à Chlamydia trachomatis. En outre, la transmission sexuelle de l'hépatite C concerne particulièrement les HARSAH qui vivent avec le VIH.
  • Chez les jeunes de 15 à 24 ans, l'âge au premier rapport sexuel, le nombre de partenaires sexuels ainsi que l'usage des méthodes de protection n'auraient pas significativement changé au cours des dernières années.
  • Les comportements à risque sont plus fréquents chez les jeunes en difficulté comparativement aux jeunes de 15 à 24 ans en général.
  • Une proportion élevée de personnes des communautés montréalaises originaires d'Afrique subsaharienne et des Caraïbes anglophones ne savent pas qu'elles sont infectées par le VIH.

La fréquence des ITSS plus élevée au sein de ces populations fait augmenter le risque d'être exposé à une personne infectée pour les personnes qui en font partie. Certains comportements sont plus fréquents chez ces populations (partage de seringues, relations anales non protégées et relations sexuelles non protégées avec de multiples partenaires). Enfin, des facteurs psychosociaux ou comportementaux, notamment l'usage de drogues, la stigmatisation et l'homophobie, peuvent influencer à la baisse la capacité et la motivation des populations vulnérables à adopter ou à conserver des comportements sécuritaires ainsi qu'à recourir aux soins préventifs et curatifs recommandés.

Les constats issus de la surveillance des ITSS confirment la pertinence de consolider les actions et la mobilisation pour mieux prévenir, dépister et traiter les ITSS, actions qui sont proposées selon ces différentes perspectives dans le Quatrième rapport national sur l'état de santé de la population du Québec :

  • « Prévenir plus et mieux » : il faut poursuivre et intensifier les efforts relatifs à la prévention auprès de chacune des populations particulièrement touchées et adapter les stratégies et les approches de prévention aux diverses réalités de ces populations.
  • « Dépister plus et mieux » et « Traiter plus et mieux » : en plus de poursuivre les efforts pour rendre le dépistage plus accessible et acceptable, il serait important de favoriser l'accès des personnes présentant certains facteurs de risque, des personnes infectées et de leurs partenaires à un dépistage précoce et à un traitement efficace, le cas échéant.
  • « Assurer une intervention préventive auprès des personnes infectées et auprès de leurs partenaires sexuels » : il est essentiel que les professionnels de la santé discutent avec leurs patients de l'importance d'aviser leurs partenaires et qu'ils les soutiennent dans cette démarche. Une intervention plus intense et soutenue par un professionnel de santé publique spécifiquement formé à cet effet est également possible pour les cas priorisés par les directions de santé publique.
  • « Mieux connaître l'épidémiologie des ITSS » afin d'adapter l'intervention aux caractéristiques et aux besoins des personnes touchées ou à risque. Il faut mieux comprendre pour prévenir, dépister ainsi que traiter plus et mieux.
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-71960-1
ISBN (imprimé)
978-2-550-71959-5
ISSN (électronique)
2368-7126
ISSN (imprimé)
2368-7118
Notice Santécom
Date de publication