Étude des impacts de la ventilation sur la qualité de l'air intérieur et la santé respiratoire des enfants asthmatiques dans les habitations (Projet IVAIRE)

Les objectifs du projet IVAIRE étaient d'évaluer l'impact de la ventilation sur la qualité de l'air intérieur et la fréquence des symptômes respiratoires chez des enfants asthmatiques d'habitations unifamiliales. Le projet s'est déroulé en deux phases d'une durée d'un an chacune : la phase préintervention (phase I), qui a permis de réaliser une étude descriptive de l'ensemble des participants recrutés et de sélectionner les participants admissibles à l'étude randomisée portant sur l'amélioration de la ventilation, et la phase postintervention (phase II), au cours de laquelle on a effectué le suivi des participants de l'étude randomisée.

En collaboration avec la clinique d'asthme du Centre mère-enfant (CME) du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), et avec le consentement des familles concernées, l'équipe de recherche a recruté 115 enfants âgés de 3 à 12 ans. Pendant une année entière, les participants ont été suivis de façon prospective, et l'environnement intérieur de leur résidence a été évalué à l'aide de divers outils suivants. Cent-onze (111) enfants ont complété la période d'observation.

À la fin de la première phase, 83 participants (75 %) dont la résidence présentait un taux de ventilation faible ont été sélectionnés pour participer à l'étude randomisée. En juin 2010, les participants du groupe intervention (n = 43) et du groupe témoin (n = 40) ont été sélectionnés de façon aléatoire. L'intervention pour améliorer la ventilation a été effectuée dans les maisons du groupe intervention au cours de l'été et au début de l'automne. Une réévaluation de tous les paramètres à l'étude a été effectuée au cours de la deuxième année d'observation. Les constats suivants ressortent des analyses effectuées :

  • Une proportion relativement élevée (65 %) des habitations unifamiliales évaluées pendant l'étude étaient déjà pourvues, dès le départ, d'un système de ventilation mécanique, ce qui représente à peu près le double de la proportion rapportée dans la population générale.
  • La qualité de l'air intérieur était en général bonne dans la grande majorité des habitations, et ce, en comparaison avec les concentrations moyennes de plusieurs contaminants traditionnels : allergènes d'acariens, moisissures, particules fines (PM2,5), dioxyde d'azote (NO2), par exemple.
  • Une proportion non négligeable (30 %) de ces habitations présentait une concentration moyenne de formaldéhyde qui dépassait la valeur guide de 50 μg/m3 sur 8 heures, recommandée par Santé Canada pour prévenir les symptômes respiratoires chez les enfants asthmatiques.
  • Une proportion élevée (70 %) des habitations présentait un taux de ventilation inférieur à 0,30 changement d'air à l'heure, valeur guide recommandée dans le code national du bâtiment du Canada et le Code de construction du Québec.
  • L'installation et l'utilisation d'un système de ventilation mécanique, selon les règles de l'art, que ce soit un ventilateur récupérateur de chaleur ou un ventilateur récupérateur d'énergie, a permis d'améliorer de façon significative le taux de ventilation et la qualité de l'air intérieur dans les habitations du groupe intervention, en comparaison avec celle du groupe contrôle, et de contrôler en totalité les dépassements de la valeur guide du formaldéhyde, et ce, pendant l'automne et l'hiver.
  • À la suite de cette intervention sur la ventilation, les chercheurs n'ont pas observé de diminution significative du nombre de jours avec symptômes d'asthme chez les enfants du groupe intervention, en comparaison avec ceux du groupe témoin pendant l'automne et l'hiver. Toutefois, ils ont observé une diminution significative de 22 % de la proportion d'enfants ayant eu un épisode ou plus de sifflement respiratoire (wheezing), et de 20 % de ceux ayant eu 4 épisodes ou plus, et ce, au cours des 12 mois suivants, dans le groupe intervention en comparaison avec le groupe témoin.
  • Sur la base de la différence de risque observée entre les deux groupes, il a été estimé que l'intervention sur la ventilation réalisée dans 5 maisons de l'échantillon de l'étude, prévenait la survenue d'un dépassement de la valeur guide de 50 μg/m3 sur 8 heures dans une habitation, et la survenue d'un épisode de sifflement respiratoire ou plus chez un enfant asthmatique au cours de l'année.
  • Compte tenu de la petite taille de l'échantillon et des limites de l'étude, une étude de plus grande envergure apparaît souhaitable.
Auteur(-trice)s
Pierre Lajoie
M.D., M. Sc., FRCPC, médecin-conseil, Institut national de santé publique du Québec
Véronique Gingras
Institut national de santé publique du Québec
Denis Gauvin
M. Sc, conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Jean-Marc Leclerc
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Marilène Courteau
Institut national de santé publique du Québec
Suzanne Gingras
Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-73921-0
ISBN (imprimé)
978-2-550-73920-3
Notice Santécom
Date de publication