La mérule pleureuse (Serpula lacrymans) dans l'environnement intérieur et risque à la santé

Au cours des dernières années, quelques cas de contamination de bâtiments par la mérule pleureuse (Serpula lacrymans), un champignon lignivore, ont été observés sur le territoire des directions de santé publique suivantes : Mauricie et Centre-du-Québec, Outaouais, Chaudière- Appalaches et Bas-Saint-Laurent. Sur la base des informations recensées, il s’agit de cas isolés.

Bien que la mérule soit l’objet d’une attention particulière depuis seulement quelques années au Québec, elle a été identifiée dans plusieurs villes canadiennes depuis le milieu des années 1940 (données compilées à la suite de signalements faits par la population pour identifier la source de divers problèmes dans les habitations). La présence de ce champignon n’est donc pas un phénomène récent ou émergent au Québec (communication personnelle, Pierre DesRochers, Service canadien des forêts).

Lorsqu’une telle situation survient, cela peut susciter de l’inquiétude chez les résidents, compte tenu notamment de l’ampleur potentielle des dégâts que peut provoquer ce champignon à la structure du bâtiment. Par ailleurs, il semble que ces situations entraînent des interrogations dans le voisinage immédiat en raison de la propagation appréhendée du champignon aux bâtiments situés à proximité.

La mérule possède des spécificités biologiques qui en font un champignon envahissant dans les habitations, en présence de certaines conditions environnementales. En particulier, la présence d’un substrat humide est nécessaire pour initier et favoriser sa croissance, de même que la dégradation subséquente du bois. Le contrôle des sources d’humidité, jumelé à une bonne ventilation, représente donc les principales mesures à considérer pour contrôler et prévenir la croissance de la mérule dans les bâtiments. En conséquence, ce champignon ne représente pas un risque particulier pour les bâtiments entretenus sur une base régulière, sans problème d’humidité persistant et suffisamment ventilés.

Jusqu’à ce jour, la mérule a surtout été étudiée par les mycologues ainsi que par des professionnels du bâtiment en raison des dommages qu’elle peut causer à ses composantes structurales. En ce qui concerne les informations scientifiques et médicales connues, la mérule ne peut pas être considérée comme un champignon pathogène, infectieux ou toxique pour l’humain. Par ailleurs, il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’évidences que l’exposition à des spores ou à des fragments de mérule entraîne des effets particuliers au système respiratoire, comme des allergies ou d’autres réactions d’hypersensibilité. La mérule représente donc davantage une préoccupation à l’égard des dommages qu’elle peut causer à la structure et à l’intégrité du bâtiment. Rappelons également que les conditions favorables à la croissance de la mérule (en particulier l’excès d’humidité) peuvent aussi favoriser le développement d’autres organismes, telles que les moisissures, qui peuvent parfois causer des problèmes de santé.

Auteur(-trice)s
Pierre Chevalier
Ph. D., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Vicky Huppé
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Jean-Marc Leclerc
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-74019-3
Notice Santécom
Date de publication