Politique de mobilité durable : perspectives de santé publique

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) se réjouit de l’initiative du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTMDET) d’adopter, d’ici avril 2018, une Politique de mobilité durable qui intègre les principes du développement durable dans les systèmes de transport et qui accorde une place importante à la santé, à la sécurité et au bien-être de la population.

L’Institut est convaincu que les choix effectués au moment de la planification des initiatives en transport et en aménagement du territoire peuvent avoir des effets importants sur la santé, la sécurité et la mobilité de la population, une perspective qui trouve écho dans la récente Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS) du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Des stratégies pour la mobilité durable au Québec

Comme stipulé dans la PGPS, et selon l’horizon du MTMDET, d’ici 2030, la mobilité devra être fluide, moins polluante, sécuritaire, durable, équitable, intégrée au milieu et compatible avec les besoins de tous les usagers de la voie publique, et ce, tout en favorisant la santé et le bien-être de la population. Pour atteindre ces objectifs, l’INSPQ propose des stratégies et des mesures qui y contribueront.

Stratégie 1 : Favoriser une approche intégrée de la planification des systèmes de transport et de l’aménagement du territoire

Une politique de mobilité durable devrait viser une approche intégrée de la planification des systèmes de transport et de l’aménagement du territoire, et ce, afin de considérer l’ensemble des enjeux liés à ces deux domaines d’intervention. Cette approche nécessite généralement la mise en place d’une structure de gouvernance intersectorielle et permet de pallier plusieurs lacunes. Des expériences à cet égard menées dans les régions métropolitaines de Vancouver et de Toronto-Hamilton pourraient s’avérer inspirantes pour le Québec.

Stratégie 2 : Recourir à l’évaluation d’impact sur la santé

Afin de faciliter la prise en compte des enjeux de santé dans les programmes et les projets de transport et d’évaluer leurs effets potentiels sur la santé d'une population, l’INSPQ propose de recourir à l’évaluation d’impact sur la santé (ÉIS). Il s’agit de renforcer la prise en compte des aspects de santé dans les démarches de planification territoriale, de même que dans les décisions et projets touchant le transport et la mobilité des municipalités régionales de comté, des communautés métropolitaines et des municipalités locales.

Stratégie 3 : Accroître l’accessibilité et l’offre de transport collectif et de transport actif

Une politique de mobilité durable doit accroître l’accessibilité et l’offre de transport collectif et de transport actif. Pour ce faire, deux mesures sont proposées :

  • Implanter un programme « rues conviviales pour tous » à l’échelle du Québec;
  • Favoriser des infrastructures de transport plus sécuritaires pour tous les usagers;

Le transport collectif doit être attrayant aux yeux de la population, en s’assurant qu’il est accessible sur le plan géographique, économique, rapide et confortable. Il en est de même pour le transport actif. Les infrastructures cyclables et piétonnières doit être accessibles, sécuritaires, continues et conviviales.

Stratégie 4 : Mettre en place un portail national de la mobilité durable

Afin de faciliter le suivi des objectifs et des cibles inscrits à la politique de mobilité durable, l’INSPQ propose aussi de mettre en place un portail national de la mobilité durable. Dans un premier temps, une enquête nationale origine-destination, bonifiée par rapport à celle existante, permettrait de suivre de façon précise les changements en matière de transport et de soutenir la prise de décision, et ce, aux différents paliers.

Les résultats de cette enquête, ainsi que des indicateurs additionnels monitorés, pourraient par la suite être diffusés sur un portail national de la mobilité durable. Ils seraient accompagnés d’une information complète, vulgarisée, innovatrice et adaptée au contexte québécois sur la mobilité durable (notamment des normes, des guides techniques et de bonnes pratiques).

Des gains pour la santé, la sécurité et le bien-être de la population

La mise en œuvre d’une politique de mobilité durable, et spécifiquement les stratégies et les mesures proposées, doit mener à des gains importants pour la santé, la sécurité et le bien-être de la population québécoise. Les données sanitaires et les évidences scientifiques montrent en effet que la gestion de la mobilité influence plusieurs enjeux de santé publique.

Il est reconnu que la façon dont nous aménageons nos territoires et les caractéristiques de l’environnement bâti ont un impact sur la santé des populations et influencent aussi les décisions relatives au choix des modes de transport et la mobilité. L’aménagement du territoire, la configuration du réseau routier et les flux de trafic qu’ils engendrent, lorsqu’ils sont planifiés de manière durable, peuvent non seulement favoriser les transports actif et collectif sécuritaires, réduire les risques d’accidents impliquant des matières dangereuses, mais aussi réduire le bruit, les îlots de chaleur et les émissions de polluants atmosphériques, qui ont des impacts sur la santé des populations.

Afin de réduire les inégalités sociales de santé, une mobilité plus durable devra faciliter l’accès au marché du travail, aux différents services publics, à une alimentation saine, à un logement de meilleure qualité ainsi qu’aux activités et installations qui favorisent l’activité physique et les loisirs. Enfin, miser sur le développement d’un environnement bâti de qualité, bien entretenu et sécuritaire du début à la fin du déplacement, c’est contribuer à un vieillissement en santé.

Auteur(-trice)s
Michel Lavoie
M.D., Institut national de santé publique du Québec
Nathalie Labonté
B. Sc., conseillère en communication, Vice-présidence à la valorisation scientifique et aux communications
Karine Chaussé
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Céline Campagna
chercheure d’établissement, Institut national de santé publique du Québec
Audrey Smargiassi
Institut national de santé publique du Québec, Direction de santé publique de Montréal et Centre de recherche Léa-Roback
Lise Laplante
M.D., médecin-conseil, Institut national de santé publique du Québec
Rollande Allard
M.D., médecin-conseil, Institut national de santé publique du Québec
Richard Martin
M.A., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-79259-8
Notice Santécom
Date de publication