Avis sur l’utilisation des vaccins pneumococciques conjugués 13-valent (VPC-13) et polysaccharidiques (VPP-23) pour la prévention des infections invasives à pneumocoque et les pneumonies d’origine communautaire chez les personnes âgées de 65 ans et plus

Les infections invasives à pneumocoque (IIP) et les pneumonies d’origine communautaire (POC) non bactériémiques sont la cause d’une morbidité et d’une mortalité importante dans la population âgée de 65 ans et plus au Québec et entraînent des coûts substantiels pour les services de santé. Ces infections causées par le Streptococcus pneumoniae augmentent en incidence à partir de l’âge de 65 ans pour atteindre une incidence maximale chez les 85 ans et plus. Actuellement, une dose de vaccin pneumococcique polysaccharidique couvrant 23 sérotypes (VPP-23) est offerte à toutes les personnes âgées de 65 ans et plus. Ce vaccin a démontré son efficacité pour prévenir les IIP causées par les sérotypes vaccinaux, à l’exception du sérotype 3. Toutefois, la protection s’atténue avec le temps et semble disparaître de 5 à 10 ans après l’administration d’une dose et le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a émis en 2016 une recommandation pour permettre l’utilisation du vaccin vaccin pneumococcique conjugué (VPC) couvrant 13 sérotypes (VPC-13) chez les aînés. Le MSSS a donc demandé au CIQ de se positionner quant à l’utilisation du VPC-13 pour la prévention des POC et des IIP pour la population adulte.

Rappelons qu’avec l’introduction des vaccins pneumococciques conjugués 7-, 10- et 13-valent dans les programmes de vaccination pédiatrique, une diminution de la circulation des sérotypes de pneumocoque inclus dans les vaccins a été notée, d’abord chez les enfants, puis graduellement dans la population adulte.

Au Québec, les analyses du fichier MADO montrent que le taux d’incidence des IIP dues aux 13 sérotypes inclus dans le VPC-13 a diminué de moitié depuis 2000, mais cette diminution est contrebalancée par l’augmentation parallèle des autres sérotypes : les sérotypes additionnels du VPP-23 et les sérotypes non vaccinaux. Parmi les 13 sérotypes faisant partie du VPC-13, les sérotypes 3 et 19A représentent encore une proportion importante des IIP, étant chacun en cause dans 11 % des cas chez les 65-74 ans. Pour le Québec, les données de 2014-2016 combinées à la revue de littérature, nous permettent d’estimer qu’environ 30 % des POC chez les 65-74 ans étaient dues au pneumocoque, ce qui signifie un taux d’incidence de pneumonies à pneumocoque de 1/1 000 p.-a. Parmi celles-ci, un maximum de 29 % serait dû à des sérotypes inclus dans le VPC-13 et 36 % à des sérotypes additionnels du VPP-23.

Une étude randomisée contrôlée néerlandaise a rapporté l’efficacité vaccinale (EV) du VPC-13, chez les adultes de 65 ans et plus, à prévenir les IIP (EV : 75,0 %; IC95 % 41,4 à 90,8) et les POC causées par les sérotypes de pneumocoque inclus dans le vaccin (EV : 45,0 %; IC95 % 14,2 à 65,3). L’EV contre les POC causées par les pneumocoques de tout sérotype était de 24,1 % (IC95 % : -5,7 à 45,8) et l’EV contre les POC toutes causes de 5,1 % (IC95 % : 15,0 à 54,3).

En contrepartie, l’efficacité réelle (sur le terrain) du vaccin polysaccharidique 23-valent (VPP-23) dans une population similaire (65 ans et plus) a été estimée entre 50 et 73 % pour les IIP – tous sérotypes confondus et entre -10 et 17 % contre les POC (toutes causes). L’efficacité réelle (sur le terrain du VPP-23 contre les POC à pneumocoque (tout sérotype) a été estimée entre 48 et 64 %.

Les résultats de l’analyse économique démontrent qu’une dose de VPP-23 serait la stratégie la plus coût-efficace, mais sans grand impact sur le fardeau de la maladie. L’utilisation du VPC-13 suivi du VPP-23 administré un an plus tard serait la stratégie la plus efficace en termes de réduction du fardeau de la maladie, mais serait aussi la plus coûteuse.

Compte tenu de l’épidémiologie des infections à pneumocoque au Québec où les sérotypes vaccinaux continuent à diminuer, le CIQ recommande de poursuivre la vaccination gratuite avec une dose de VPP-23 pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Les personnes ayant reçu une dose de VPP-23 avant l’âge de 65 ans devraient se voir offrir une deuxième dose, au moins 5 ans après la dernière. Le CIQ recommande également de considérer l’introduction du VPC-13 (suivi du VPP-23) dans le programme public de vaccination des adultes de 65 ans et plus, advenant une diminution substantielle de son coût et de procéder à une étude sur l’efficacité clinique d’une revaccination avec VPP-23 5 ans après la dose administrée à 65 ans.

Sujet(s)
Immunisation
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-79339-7
Notice Santécom
Date de publication