Portrait de la polypharmacie chez les aînés québécois entre 2000 et 2016

En 2016-2017, 45,0 % des Québécois de plus de 65 ans avaient au moins deux maladies chroniques et 27,8 % en avaient trois et plus. Le traitement des maladies chroniques implique souvent l’usage d’un ou plusieurs médicaments. De ce fait, on constate que de plus en plus d’aînés reçoivent de multiples traitements pharmacologiques concomitants. Cet usage simultané de médicaments est nommé polypharmacie.

Il n’existe pas de consensus sur la définition de polypharmacie, mais la consommation de cinq ou de dix médicaments sert souvent de seuil pour la caractériser. La polypharmacie peut s’avérer nécessaire pour traiter adéquatement les problèmes de santé de plusieurs aînés. Elle peut également entraîner des problèmes potentiels. En effet, l’usage de plusieurs médicaments augmente le risque d’effets indésirables, d’interactions médicamenteuses et d’interactions médicaments-maladie. Cet usage accroît aussi le risque de cascades médicamenteuses, où l’effet indésirable d’un premier médicament est interprété comme la manifestation d’une nouvelle condition pour laquelle on prescrit un second médicament. La polypharmacie a été associée à de nombreux impacts négatifs sur la santé, comme les hospitalisations accrues, un risque de mortalité plus élevé, les chutes et la fragilité. Il convient ainsi d’effectuer une surveillance de cette condition dans la population. Au Québec, à ce jour, il n’existe pas de résultats permettant de suivre l’évolution de la polypharmacie.

Ce feuillet vise à dresser un premier portrait de la polypharmacie chez les aînés au Québec. Spécifiquement, il a pour objectifs : 1) d’estimer la prévalence de la polypharmacie (définie par l’usage de 5, 10 et 15 médicaments et plus) entre 2000 et 2016; 2) de caractériser les disparités liées à l’âge, au sexe, au statut socioéconomique, à la région de résidence et en fonction des maladies chroniques pour l’année financière 2016-2017.

Principaux constats

Entre 2000 et 2016, la prévalence de la polypharmacie, définie comme l’usage de cinq médicaments et plus dans une année, est passée de 62,0 % à 72,8 % chez les Québécois de plus de 65 ans. Cette proportion s’est accrue de 26,0 % à 38,1 % pour ceux utilisant au moins dix médicaments par année. La polypharmacie représente ainsi une problématique de santé publique.

En 2016, l’âge avancé, le sexe féminin ainsi que la défavorisation matérielle et sociale étaient associés à une prévalence plus élevée de la polypharmacie. Il existe également des différences significatives entre certaines régions sociosanitaires du Québec dans la proportion d’aînés polymédicamentés.

Cette étude permet de faire ressortir les sous-groupes les plus touchés auprès de qui des interventions ciblées pourraient être envisagées. Des interventions populationnelles devraient également être mises en place, en gardant en tête le lien étroit entre multimorbidité et polypharmacie.

Portrait de la polypharmacie chez les aînés québécois entre 2000 et 2016
Auteur(-trice)s
Marjolaine Dubé
B. Sc., conseillère scientifique, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie
Caroline Sirois
Ph. D., Pharmacienne-épidémiologiste, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-87190-3
ISSN (électronique)
1922-1762
Notice Santécom
Date de publication