Utilisation des immunoglobulines non spécifiques intraveineuses et sous-cutanées au Québec 2018-2019

Ce rapport fait état de l’utilisation des immunoglobulines (Ig) non spécifiques entre le 1er avril 2018 et le 31 mars 2019 par les établissements de santé du Québec, selon les données saisies dans le système Trace Line en date du 1er octobre 2019. Trace Line est le système de base de données en place qui documente les transactions reliées aux activités des banques de sang et assure la traçabilité des produits. En 2018-2019, 30 établissements de santé (total de 34 établissements de santé au Québec), regroupant 87 installations, ont administré des Ig.

Augmentation des usagers receveurs d’Ig et des quantités administrées

Dans ce quatrième portrait de l’utilisation des Ig au Québec, on constate une augmentation du nombre d’usagers ayant reçu des Ig, des quantités d’Ig administrées, ainsi que des quantités d’Ig administrées par usager (344,9 et 384,7 grammes d’Ig par usager, de 2015-2016 à 2018‑2019). Le Québec a utilisé en 2018-2019, 285,9 g d’Ig par 1 000 habitants, un taux beaucoup plus élevé que le taux moyen au Canada (209,8 g par 1 000 habitants, BC PBCO, 2019).

Bien que similaires à l’an passé, les quantités d’Ig administrées au Québec sont un peu plus élevées que certaines données canadiennes ou celles d’autres pays. L’indication dominante demeure le déficit immunitaire primaire en ce qui concerne le nombre total de receveurs d’Ig, tandis que les plus importantes quantités d’Ig ont été administrées pour des indications neurologiques, la principale étant la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique.

Les principaux constats découlant de l’analyse des données 2018-2019 sont les suivants :

Profil des usagers receveurs d'Ig

  • 6 307 usagers ont reçu des Ig au cours de l’année (50,9 % sont des hommes et 49,1 % des femmes). Les adultes représentaient un peu plus de 85 % des usagers qui ont reçu des Ig, les enfants (âgés de 29 jours à 17 ans) représentaient 10,6 %, tandis que les nouveau‑nés (0 à 28 jours) représentaient 2 %. La moyenne d’âge des receveurs était de 54 ans.
  • Parmi ces usagers, 85,9 % ont reçu exclusivement des immunoglobulines intraveineuses (IgIV), 12 % ont reçu exclusivement des immunoglobulines sous-cutanées (IgSC) et 2,2 % ont reçu des Ig sous les deux formes (IgIV et IgSC).
  • Plus du tiers des usagers ayant reçu des IgIV étaient âgés de 60 à 74 ans.
  • La plus grande proportion des receveurs d’IgSC (11,1 %) étaient âgés de 60 à 64 ans.

Quantités d’Ig administrées

  • Des 2 426 245 grammes d’Ig qui ont été administrés en 2018-2019 au Québec, 89,6 % l’ont été sous forme IgIV et 10,4 % l’ont été sous forme IgSC. Panzyga® est la préparation commerciale d’Ig qui a été la plus administrée; elle représente plus de 40 % des quantités d’IgIV administrées (1 027 155 grammes), chez plus de 45 % des receveurs (2 963 usagers). Elle est suivie de Privigen® avec 25,9 % des quantités d’IgIV administrées chez 20,5 % des receveurs.
  • Au cours de l’année, les plus grandes quantités d’IgIV ont été administrées au groupe des 60 à  74 ans (le taux le plus élevé est observé chez les 70 à 74 ans).
  • Les usagers de 55 à 69 ans sont ceux qui ont reçu les plus grandes quantités d’IgSC au cours de l’année (le taux le plus élevé est observé chez les 60 à 64 ans).

Indications d’administration

  • Près de 40 % (38,4 %) des usagers ont été traités avec des Ig pour une indication immunologique. Des usagers ont également reçu des Ig pour une indication neurologique (24,3 %), hématologique (18,3 %) ou pour d’autres indications (13,5 %). L’information était manquante pour 5,6 % des usagers.
    • Parmi les indications hématologiques, le purpura thrombocytopénique immunitaire est celle pour laquelle le plus grand nombre d’usagers ont reçu des Ig.
    • Parmi les indications immunologiques, le déficit immunitaire primaire est celle pour laquelle le plus grand nombre d’usagers ont reçu des Ig. Elle est suivie par le déficit immunitaire secondaire.
    • Parmi les indications neurologiques, la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique est celle pour laquelle le plus grand nombre d’usagers ont reçu des Ig. Elle est suivie de la myasthénie grave.
  • Un peu plus de 40 % (44,4 %) des Ig administrées l’ont été pour une indication neurologique et près de 30 % (29,8 %) l’ont été pour une indication immunologique. Les indications hématologiques ont représenté 11,1 % de l’ensemble des Ig administrées.
    • Parmi les indications hématologiques, le purpura thrombocytopénique immunitaire se classe au premier rang en ce qui a trait aux quantités d’Ig administrées.
    • Parmi les indications immunologiques, c’est principalement pour traiter un déficit immunitaire primaire ou un déficit immunitaire secondaire que les Ig ont été administrées.
    • Parmi les indications neurologiques, la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique et la myasthénie grave occupent les deux premiers rangs en ce qui concerne les quantités d’Ig administrées.

Le déficit immunitaire primaire constitue la condition médicale pour laquelle les lg ont été administrées au plus grand nombre de receveurs (14,8 % des receveurs d’Ig), alors que la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique constitue la condition médicale pour laquelle la plus grande quantité d’Ig a été administrée (17,4 % des Ig administrées, soit 686,0 grammes par usager).

Taux par habitant

Au cours de l’année 2018-2019, un taux de 285,9 grammes d’Ig par 1 000 habitants ont été administrés. Le taux de Québécois ayant reçu des Ig est de 74,3 receveurs par 100 000 habitants.

Limites des données

Les indications pour lesquelles les Ig ont été administrées sont imprécises pour 23,5 % des usagers et 14,5 % des Ig administrées. Les indications sont manquantes pour 5,6 % des usagers et 6,8 % des Ig administrées. Les indications sont inadéquates pour 14,5 % des usagers et 7,6 % des Ig administrées.

Pistes d’actions

L’accroissement du volume d’Ig administrées nécessite de s’assurer de la pertinence de ce produit coûteux. Une mobilisation des médecins prescripteurs et de tout le personnel des banques de sang s’impose pour améliorer la saisie des indications pour lesquelles les Ig ont été administrées au Québec. Ceci permettra de dresser un portrait plus juste de l’utilisation des immunoglobulines non spécifiques au Québec et d’ainsi proposer des pistes d’actions.

Utilisation des immunoglobulines non spécifiques intraveineuses et sous-cutanées au Québec  2018-2019
Sujet(s)
Hémovigilance
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-87412-6
Notice Santécom
Date de publication