Efficacité des méthodes barrière pour protéger contre la COVID-19 dans les environnements de travail et personnels : revue systématique de la littérature scientifique avec méta-analyses - Questions-réponses

Questions-réponses

Cette série de questions-réponses est rattachée au document Efficacité des méthodes barrière pour protéger contre la COVID-19 dans les environnements de travail et personnels : revue systématique de la littérature scientifique avec méta-analyses.

Questions sur la méthode et explication de termes

Qu’est-ce qu’une revue systématique et à quoi sert-elle?

Une revue systématique :

  • Permet d'identifier, de sélectionner, d'évaluer et résumer des études primaires, des données et des résultats de recherche sur une question précise.
  • Utilise une méthodologie très rigoureuse, reproductible, basée sur un protocole afin de réduire la possibilité de biais.
  • Identifie toutes les études sur un sujet en particulier, dans le but d'avoir une vue d'ensemble objective et transparente sur ce sujet.
  • Peut servir à soutenir l’émission de recommandations et la prise de décision, mais les constats de la recension ne sont pas des recommandations.

Pour plus d’information : Rédiger une revue systématique.


Qu'est-ce qu'une méta-analyse?

La méta-analyse regroupe dans une synthèse chiffrée les résultats de toutes les études recensées de façon systématique sur un même sujet, ce qui permet d’avoir un portrait plus complet. La force de cette méthode, lorsque bien conduite, est de combiner les sujets de toutes les études considérées ce qui permet d’avoir une plus grande capacité de trouver des résultats concluants.

Pour plus d’information : Meta-analysis: What, Why, and How (en anglais).


Qu'entend-on par méthodes barrière?

Par méthodes « barrière » on réfère à tout équipement de protection individuelle dont ceux portés au visage - masques chirurgicaux (ou de procédure), artisanaux (couvre-visage), visières, lunettes de protection - dont les matériaux constituent un écran ou une barrière physique susceptible de protéger les muqueuses des yeux, du nez ou de la bouche des gouttelettes ou sécrétions respiratoires projetées dans l’air, mais dont les caractéristiques ne répondent pas aux critères d’un appareil de protection respiratoire (APR). L’APR, lorsque bien ajusté, au-delà d’offrir une protection barrière, est conçu spécifiquement pour protéger efficacement les voies respiratoires des aérosols (ex. : un APR de type N95). Il est réservé, entre autres, aux travailleurs de la santé, et en contexte québécois, notamment pour des interventions médicales à haut risque (générant des aérosols).

Exemples de différentes méthodes barrière

Masque médical ou chirurgical de procédure
Protection oculaire : lunettes de protection ou visière
Masque artisanal ou couvre visage

Exemple d'un appareil de protection respiratoire

APR de type N95

Qu’est-ce que l’équipement de protection personnelle ou individuelle?

Dans le contexte des maladies infectieuses, les équipements de protection individuelle (ÉPI) sont des équipements mis à la disposition des travailleurs de la santé ou d’autres milieux de travail pour prévenir la transmission d’un agent pathogène lorsqu’un contact est anticipé avec une personne infectée ou colonisée ou lors d’un contact avec des liquides biologiques sans égard au statut infectieux. Ils incluent entre autres les gants, la blouse, le masque et la protection oculaire.

Pour plus d’information : Notions de base en prévention et contrôle des infections : équipements de protection individuelle.


Que veut-on dire par hiérarchie des mesures appliquées en prévention et contrôle des infections?

Afin de prévenir la transmission d’infection, la hiérarchie des mesures de contrôle des infections permet d’établir un ordre de priorité des mesures à mettre en place dans un milieu de soins ou un autre milieu de travail. Elle comprend différents niveaux, entre autres : les mesures techniques et d’ingénierie (ex : la ventilation, la conception des installations, les systèmes de distribution d’eau, etc.), les mesures administratives (ex : les protocoles de gestion des éclosions, l’hygiène des mains et l’étiquette respiratoire, etc.) et l’équipement de protection individuelle (ÉPI). Ces trois niveaux fonctionnent en combinaison les uns avec les autres, de façon à offrir un système de protection optimal à plusieurs paliers.

Pour plus d’information : Hiérarchie des mesures en milieu de travail et Hiérarchie des mesures en milieu de soins.


Pourquoi fait-on des constats et non pas des recommandations?

L’objectif d’une revue systématique avec méta-analyses est d’offrir un portrait des connaissances scientifiques actuelles sur un sujet donné, ici l’efficacité des méthodes barrière dans différents contextes pratiques. Elle ne comporte pas de recommandations. Il appartient aux organismes émetteurs de recommandations et aux décideurs de tenir compte des résultats de cette revue systématique ainsi que des nouvelles études sur la COVID-19 qui se poursuivent à l’échelle internationale tout en considérant la juste place des moyens de protection dans l’ensemble des mesures de prévention et contrôle des infections, les aspects de faisabilité et d’applicabilité, ainsi que les enjeux éthiques et économiques.


Questions sur le port du masque

Est-ce que le port du masque chirurgical est efficace contre la COVID-19?

Nos résultats montrent une efficacité du masque chirurgical (ou de procédure) pour l’influenza et les syndromes d’allure grippale dans les domiciles lorsque le masque est porté à la fois par les personnes en santé et les personnes malades ou potentiellement malades. Les connaissances sont rapidement évolutives et il se peut que des résultats différents soient observés avec des études spécifiques sur la COVID-19.


Comment cette étude pourrait-elle être utile dans le contexte d'une deuxième vague?

Elle permet surtout de dresser le portrait des connaissances actuelles sur l’efficacité notamment des masques chirurgicaux ou de procédure et du couvre-visage. Les résultats pourront guider les groupes en charge d’émettre des recommandations en exposant les limites des connaissances scientifiques actuelles et orienter les objets de recherche et des veilles scientifiques en préparation de la prochaine vague.


Quel type de masque la population devrait-elle porter?

Nos résultats montrent que le masque chirurgical ou de procédure a un rôle à jouer dans la lutte contre la transmission de la COVID-19 dans la population générale. Concernant le couvre-visage, ce n’est pas parce qu’il manque actuellement de données scientifiques fiables sur son efficacité pratique dans la population générale qu’il ne l’est pas. Les modèles de couvre-visage évoluent rapidement et les études disponibles sur le couvre-visage ne représentent pas nécessairement parfaitement la situation actuelle. Il sera important de suivre l’évolution des connaissances sur le couvre-visage.


Quel type de masque les travailleurs et travailleuses devraient-ils porter?

Notre revue montre le besoin d’études spécifiques dans les différents milieux de travail autres que celui de la santé. En l’absence de ces études, les recommandations doivent, entre autres, reposer sur des données d’autres contextes, des données théoriques, des avis d’expert et sur ce qui est fait ailleurs tout en s’adaptant à l’évolution rapide des connaissances sur la COVID-19.


Pourquoi l’efficacité ou l’inefficacité des masques utilisés dans le milieu de la santé n’est pas transférable aux autres milieux de travail?

Les résultats de contextes différents peuvent être transférables, mais avec prudence. Le contexte hospitalier où la proportion de gens malades est plus élevée ne représente pas nécessairement le même risque que dans la plupart des milieux de travail.


Le principe de précaution devrait-il être appliqué dans les milieux de soins et permettre aux travailleurs de la santé de ne porter que des APR de type N95?

Plusieurs mesures de prévention sont nécessaires pour prévenir la transmission du SRAS-CoV-2 (notamment la distanciation physique et l’isolement, l’étiquette respiratoire, l’hygiène des mains, la ventilation adéquate et le nettoyage et la désinfection des objets et surfaces). Le port du masque chirurgical ou de procédure, comme le port d’appareil de protection respiratoire de type N95 ne peut être pleinement efficace en l’absence de ces autres mesures. Il appartient aux organismes émetteurs de recommandations et aux décideurs de tenir compte de nos résultats ainsi que d’autres considérations comme les nouvelles études sur la COVID-19 qui se poursuivent à l’échelle internationale, l’évolution des connaissances sur les facteurs expliquant la transmission chez les travailleurs de la santé, la faisabilité et l’applicabilité des mesures, les enjeux éthiques et économiques. C’est l’analyse de l’ensemble de ces informations, qui permet de guider l’émission des recommandations.