Surveillance des souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes aux antibiotiques dans la province de Québec : rapport 2004

Le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) / Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) continue d’assurer la surveillance épidémiologique des souches de Neisseria gonorrhoeae productrices de pénicillinase (NGPP) et des autres souches résistantes aux antibiotiques avec la collaboration, en 2004, de 102 laboratoires hospitaliers et privés de la province de Québec. 

En 2004, les souches de Neisseria gonorrhoeae envoyées au LSPQ ont été caractérisées selon leur sensibilité vis-à-vis les antibiotiques suivants : pénicilline, tétracycline, ceftriaxone et ciprofloxacine. Les souches présentant une résistance à au moins un des antibiotiques énumérés précédemment sont envoyées au Laboratoire National de Microbiologie à Winnipeg, pour une caractérisation plus poussée (profil plasmidique, auxotypie, sérotypie ou amplification génique) dans le cadre du programme de surveillance canadien.

Ce programme de surveillance permet l'accès à une foule d'informations, notamment l’incidence de ces infections, les taux de NGPP et de souches résistantes à la ciprofloxacine, leurs fluctuations, les disparités régionales, l’émergence de nouvelles résistances, les caractéristiques épidémiologiques des souches et leur sensibilité aux agents antimicrobiens. Ces données peuvent renseigner les autorités de santé publique qui ont à prendre des décisions sur les différents régimes thérapeutiques appliqués aux infections gonococciques. 

Bilan global

  • Le nombre de cas de gonorrhée répertoriés en 2004 s’est élevé à 836, correspondant à une incidence annuelle de 11,2 cas/100 000 habitants soit une légère baisse par rapport à l’incidence de 12,7 observée en 2003. La figure 1 illustre l’incidence en fonction de la région sociosanitaire (RSS) de l’hôpital déclarant et non de la RSS du patient. On remarque une incidence plus élevée (33,2 cas/100 000 habitants) dans la région de Montréal où la majorité des cas (73 %) sont répertoriés (611 des 836 cas) ce qui influence certainement la tendance globale. Alors que l’incidence dans la région de Montréal passait de 32,2 cas/100 000 habitants en 2001 à 26,8 en 2002, elle se situait de nouveau à 32,4 cas en 2003 et à 33,2 cas en 2004. On observe également une incidence élevée de 87,2 cas/100 000 habitants dans la région du Nunavik, incidence qui a diminuée par rapport à celle observée dans les années antérieures (499 cas/ 100 000 habitants en 2002 et 492 cas /100 000 habitants en 2003). Dans cette région, le taux d’incidence est influencé par une faible population où 9 cas ont été déclarés en 2004 pour une population d’environ 10 000 personnes.
  • On remarque une proportion plus élevée des infections gonococciques chez les hommes avec 82,9 % des cas (277/334 souches) par rapport aux femmes qui comptent 17,1 % des cas (57/334 souches). À noter que parmi les hommes, ceux âgés de 20 à 59 ans regroupent 93,5 %  des cas (259/277 souches). L’information sur l’âge et le sexe était non disponible pour un cas.
  • La figure 2 rapporte le nombre total de souches déclarées depuis le début de la surveillance en 1988 ainsi que le nombre de souches NGPP et de souches résistantes à la ciprofloxacine. Le nombre de souches NGPP est stable avec 61 souches en 2004 et 63 souches en 2003. Cependant, on observe une hausse importante du nombre de souches résistantes à la ciprofloxacine (CMI ≥ 1 mg/L) qui est passé de 11 souches en 2002 (1,4 %) et 14 souches en 2003 (1,5 %) à 58 souches en 2004 (6,9 %).
  • Un total de 335 souches (40 %) parmi les 836 cas de gonorrhée signalés ont été reçues au LSPQ. Un antibiogramme a été effectué sur toutes les souches. Il en ressort que 136/335 (40,6 %) souches sont résistantes à au moins un des antibiotiques testés au LSPQ dont 61 sont productrices de b-lactamase, établissant le taux annuel de NGPP à 7,3 % (61/836) (figure 3). Outre la résistance plasmidique à la pénicilline par la production d’une b‑lactamase, le gonocoque a démontré sa capacité à développer d’autres types de résistance (plasmidique ou chromosomique) aux antibiotiques suivants : pénicilline, tétracycline et ciprofloxacine. La figure 4 rapporte le sommaire des résultats de sensibilité pour l’ensemble des souches analysées qui se résume comme suit :
    • 71 (21,2 %) sont résistantes à la pénicilline dont 61 par voie plasmidique avec production de b-lactamase et 10 par voie chromosomique;
    • 240 (71,6 %) sont intermédiaires à la pénicilline;
    • 68 (20,3 %) sont résistantes à la tétracycline dont 50 par voie chromosomique et 18 par voie plasmidique;
    • 215 (64,2 %) sont intermédiaires à la tétracycline;
    • 58 (17,3 %) sont résistantes à la ciprofloxacine et 1 (0,3 %) est intermédiaire;
    • toutes les souches (100 %) sont sensibles à la ceftriaxone.
Type de publication
ISBN (électronique)
2-550-45425-1
ISBN (imprimé)
2-550-45424-3
ISSN (électronique)
1921-670X
ISSN (imprimé)
1714-5368
Notice Santécom
Date de publication