Surveillance passive des entérocoques résistants à la vancomycine : rapport 2004

En février 1999, le sous-comité de surveillance et des laboratoires de l’AMMIQ (Association des médecins et infectiologues du Québec), issu du Groupe de travail sur les antimicrobiens (GRAM), recommandait à tous les laboratoires hospitaliers de participer, sur une base volontaire, à la surveillance épidémiologique des isolats d’entérocoques résistants à la vancomycine (ERV) et d’acheminer toutes ces souches au Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Ainsi, les souches d’E. faecium ou d’E. faecalis présumées être résistantes à la vancomycine sont acheminées au LSPQ pour fins de confirmation de l’identification, des épreuves de sensibilité aux antibiotiques pour l’ampicilline, la vancomycine, la téicoplanine et la quinupristine/dalfopristine, la recherche de gènes de résistance et le typage moléculaire par électrophorèse en champ pulsé.

Les données suivantes concernent les souches d’ERV reçues au LSPQ et isolées sur la période s’échelonnant du 1er janvier au 31 décembre 2004.

Au cours de l’année 2004, le LSPQ a confirmé 700 souches comme étant des ERV. Cependant, dans le présent rapport, une seule souche par patient, par pulsovar et par espèce a été considérée pour fin d’analyse. Ainsi, 585 souches d’ERV ont été retrouvées chez 554 nouveaux patients. Dix-neuf patients avaient 2 souches de E. faecium (ERV) de pulsovars différents, 7 autres patients avaient une souche d’E. faecium et d’E. faecalis résistantes à la vancomycine. Trois patients avaient une souche d’E. faecium et une d’E. gallinarum alors qu’un patient avait une souche d’E. faecium, d’E. gallinarum et d’E. casseliflavus, toutes ERV. Les sites de prélèvement des 585 souches se répartissaient comme suit : écouvillon rectal, fèces ou anus (485), sang (4), urine (7), pus (5), plaie (1), autre (7), non précisé (76). Le tableau 1 indique la distribution des nouveaux cas en fonction de l’âge et du sexe. La majorité des cas (73 %) sont survenus chez les personnes âgées de 65 ans et plus.

Le tableau 2 montre la répartition des souches en fonction de l’espèce d’entérocoque et du centre hospitalier où la souche a été isolée pour la première fois (chaque code correspond à un centre hospitalier). Au cours de l’année 2004, quatre nouveaux laboratoires non répertoriés depuis 1997, nous ont fait parvenir au moins une souche de ERV (codes Y-1, Z‑1, A-2-1 et A-2-2). Une lettre absente du tableau signifie que le centre hospitalier correspondant n’a pas fait parvenir d’ERV au LSPQ en 2004 alors qu’il l’avait fait entre 1997 et 2003. Cette année, nous observons une augmentation importante d’ERV tant parmi les souches d’E. faecium (254 en 2003 vs 529 en 2004) que parmi les souches d’E. faecalis (21 en 2003 vs 49 en 2004). De plus, 7 souches appartenant à d’autres espèces d’entérocoque ont été confirmées résistantes à la vancomycine soit 5 souches d’E. gallinarum, 1 souche d’E. casseliflavus et une souche d’E. hirae. L’ensemble des souches ERV provient de 25 laboratoires différents répartis dans 10 régions administratives dont 87 % des souches ont été isolées par des laboratoires situés dans la région 06.

Le tableau 3 ainsi que la figure 1 présentent les résultats d’antibiogramme obtenus en fonction de l’espèce d’entérocoque. Parmi l’ensemble des ERV, 413/585 (70,6 %) des souches ont montré un profil phénotypique de résistance compatible avec la présence du gène vanA ou vanD (résistant à la vancomycine et non sensible à la téicoplanine) et 172/585 (29,4 %) ont montré un profil compatible avec la présence du gène vanB ou vanG (résistant à la vancomycine et sensible à la téicoplanine). Au total, 219 souches ont été analysées pour la recherche des gènes de résistance. Les gènes retrouvés sont les suivants :

  • VanA : 142 souches (E. faecium : 116; E. faecalis : 21; E. gallinarum : 3; E. casseliflavus : 1 et E. hirae : 1)
  • VanB : 64 souches (E. faecium : 51 ; E. faecalis : 13)
  • VanA et B : 8 souches (E. faecium : 7 ; E. faecalis : 1)
  • VanD6 : 1 souche d’E. gallinarum (analyse effectuée au Laboratoire national de microbiologie (LNM) à Winnipeg)
  • VanE : 3 souches d’E. faecalis
  • VanG : 1 souche d’E. gallinarum (analyse effectuée au LNM)

Parmi les 529 souches d’E. faecium, au moins une souche par pulsovar a été analysée pour la recherche de gènes de résistance.

Le tableau 4 montre la diversité des pulsovars observés chez les souches d’E. faecium ainsi que les gènes de résistance associés à chaque pulsovar. Contrairement aux années 2002 et 2003, aucune des souches d’E. faecium analysées par PCR n’a été trouvée porteuse du gène vanD. Le LNM a confirmé la présence  d’un nouvel allèle du gène vanD, nommée D6 chez une souche d’E. gallinarum. Aussi, pour la première fois au Québec, le LNM a aussi confirmé la présence du gène vanG chez une autre souche d’E. gallinarum. Les 3 autres souches d’E. gallinarum ainsi que la souche d’E. casseliflavus possédant le gène vanA ont été retrouvées chez des patients aussi porteurs d’une souche d’E. faecium avec un profil phénotypique du gène vanA.

Le tableau 5 fait état de la répartition des pulsovars en fonction du mois de prélèvement et des centres hospitaliers. On remarque le nombre élevé de nouveaux pulsovars dits uniques c’est-à-dire différents les uns des autres, trouvés chez des cas isolés. Vingt-huit nouveaux pulsovars, nommés BT à CZ ont été identifiés. On peut aussi remarquer, au tableau 5, quelques éclosions impliquant notamment les pulsovars BP, BT, BV, CC, CL et CM.

Il est important de noter que les résultats exprimés dans ces tableaux sont fonction des souches reçues au LSPQ sur une base volontaire dans le cadre de la surveillance passive et qu’aucune conclusion de transmission inter-hospitalière ne peut en être tirée.

Note(s)

L'ensemble des données de surveillance du LSPQ sont disponibles dans la section du site Web de l'Institut réservée au LSPQ.

Type de publication
ISBN (électronique)
2-550-45678-5
ISBN (imprimé)
2-550-45677-7
Notice Santécom
Date de publication