Analyse des résultats de l'enquête sur les besoins de formation concernant l'investigation des éclosions

Depuis une quinzaine d'années, l'épidémiologie d'intervention est une préoccupation du réseau de la santé publique. D'ailleurs, en 1992, le Centre d'épidémiologie d'intervention du Québec (CÉPIQ) a été créé. Il s'agissait d'un organisme sans but lucratif dont la mission était de soutenir le réseau de la santé publique par des activités reliées à l'harmonisation des connaissances et des habiletés en regard des pratiques en épidémiologie d'intervention au Québec. S'inspirant du cours de l'Epidemic Intelligence Service (EIS) du Centre for Disease Control and Prevention (CDC) et du Cours international d'épidémiologie appliquée (IDEA) en France, le cours d'épidémiologie de terrain du CÉPIQ était dispensé sous forme de séminaire résidentiel (3 semaines) et était axé sur l'action. Il permettait aux participants de consolider les méthodes épidémiologiques applicables aux enquêtes sur les éclosions, à la surveillance et aux études de terrain tout en favorisant l'adhésion à de nouvelles valeurs. La participation à cette formation facilitait de plus le développement d'un réseau d'entraide.

Cependant, malgré la qualité du programme de formation et la satisfaction des participants, la formule pédagogique (3 semaines intensives) et les coûts encourus par les directions de santé publique (libération de personnel et de moniteurs) requéraient des exigences que le réseau avait de plus en plus de difficultés à rencontrer. De ce fait, le directeur des risques biologiques, environnementaux et occupationnels de l'Institut national de santé publique du Québec a souhaité réaliser une analyse du contexte, une identification des besoins normatifs de formation ainsi qu'un examen de l'offre de formation dans le domaine de l'épidémiologie appliquée afin de mettre sur pied une formule qui tiendrait compte de la réalité actuelle.

À la lumière des résultats de la présente enquête des besoins, voici quelques recommandations devant guider le développement de la formation sur l’investigation des éclosions :

Aspect contenu

  • Tenir compte de la formation initiale et de la formation supérieure des professionnels puisqu’elles constituent leurs bagages de connaissances antérieures. La majorité des répondants proviennent des sciences de la santé (sciences infirmières, médecine) et des sciences de la nature (biologie) et un grand nombre possède une formation de 2e cycle.
  • Considérer en priorité les besoins du secteur des maladies infectieuses puisqu’il s’agit du secteur où la capacité d’investiguer des éclosions est requise pour le plus grand nombre de professionnels.
  • Accorder une attention particulière pour la capacité de vérifier les hypothèses au moyen de méthodes épidémiologiques analytiques. Cette dernière présente l’indice de besoins de formation le plus élevé pour l’ensemble de la province (1,32), pour les répondants des régions intermédiaires (1,53), pour les répondants provenant du secteur des maladies infectieuses (1,41) et ceux réalisant une ou plusieurs étapes de l’investigation des éclosions dans leurs tâches habituelles (1,33). Cependant, il s’agit d’une capacité peu utilisée d’où le défi de la maintenir.
  • Garder une cohérence entre les contenus de formation et les priorités identifiés par l’étude de besoins.
  • Considérer les priorités de besoins pour des professionnels des CSSS qui investiguent des éclosions dans le développement des modules.

Aspect pédagogique

  • Utiliser l’approche par compétence pour développer la formation où les activités d’apprentissage et les tâches intégratrices sont planifiées en fonction des compétences. Ainsi, la compétence et ses capacités deviennent des outils pour s’approprier le contenu disciplinaire afin de réaliser des tâches.
  • Préférer le développement de modules de formation permettant une flexibilité au niveau du contenu et de la durée sur la base des indices de besoins, des priorités identifiées et des particularités régionales.
  • Utiliser des stratégies d’enseignement favorisant le développement des compétences par exemple l’étude de cas, l’apprentissage par problème, les groupes de discussion.
  • Référer aux propositions d’études de cas (voir pages 24-25) venant des professionnels pour créer des outils pédagogiques les rejoignant dans leur domaine de façon globale mais aussi spécifique en santé environnementale, en santé au travail et en maladies infectieuses. Ces études de cas faciliteront l’intégration des connaissances déclaratives, procédurales et conditionnelles afin d’amener les participants à mieux savoir-agir dans le cadre d’une investigation d’éclosion dans leur région.
  • Proposer des activités au sein desquelles les rétroactions et le tutorat puissent prendre leur place.

Aspect organisationnel

  • Recourir à une formule pédagogique de trois sessions de trois jours réparties sur un an. Ces séances pourront dès lors être axées sur le développement et l’intégration de compétences.
  • Proposer des modules en ligne contenant des connaissances déclaratives (théoriques) pour lesquelles le niveau de besoins est moins grand.
  • Fournir du matériel pédagogique pertinent sous une forme facilitant la mise à jour à laquelle les professionnels pourront référer.
  • Proposer un module préparatoire pour les non-initiés.
  • Faciliter l’accès aux régions éloignées.
  • Répéter régulièrement la formation de façon à permettre le développement des compétences en regard de l’investigation des éclosions auprès des nouvelles recrues et de permettre aux institutions d’étendre la formation des membres de leurs équipes sur plusieurs années.

 

Auteur(-trice)s
Céline Farley
Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
2-550-47779-0
ISBN (imprimé)
2-550-47778-2
Notice Santécom
Date de publication