Portrait de situation de l'hépatite C au Québec 1990-2004 : analyse de la demande de services par les personnes atteintes du virus de l'hépatite C

La situation de l'épidémie d'hépatite C est préoccupante. Au Québec, le nombre de cas diagnostiqués a doublé au cours des cinq dernières années. Les tendances observées sont loin de se résorber. Tout indique que les nouveaux cas découverts augmenteront encore, et ce tant pour les infections récentes que pour les anciens cas. Comme une majorité de personnes infectées ne connaissent pas leur statut sérologique, le nombre de cas dépistés ne peut que croître, d'autant plus que les taux d'incidence du VHC demeurent élevés, particulièrement chez les clientèles à risque. On a dénombré jusqu'à maintenant environ 28 000 personnes porteuses du virus de l'hépatite C. L'estimation du nombre réel de cas infectés, d'après les études de prévalence et d'incidence réalisées au Québec et au Canada, pourrait atteindre un maximum de 75 000 personnes dans la province.

L'hépatite C est une maladie qui met plusieurs années à se développer et les complications surviennent généralement après une période de 20 ans. Actuellement, les cas de cirrhose diagnostiqués chez des porteurs chroniques du VHC sont en nette progression, leur nombre ayant plus que doublé sur chaque période de cinq ans, au cours de la dernière décennie, pour atteindre maintenant plus de 2 000 cas. La cirrhose a touché jusqu'à maintenant 9 % des personnes avec un diagnostic positif au VHC. Les tumeurs du foie (carcinome hépatocellulaire) chez les personnes atteintes de l'hépatite C suivent les mêmes tendances que les cas de cirrhose : on en compte aujourd'hui près de 500 cas. Durant les 20 prochaines années, il est à prévoir que les complications hépatiques (cirrhoses et tumeurs) continueront d'affecter un nombre croissant de personnes. Déjà plus de 900 personnes sont décédées pour des complications liées à l'hépatite C. On peut s'attendre à voir doubler les nombres actuellement observés.

La disponibilité du traitement pour le VHC à base d'Interféron a véritablement commencé à partir des années 2000. Toutefois, moins de 10 % des personnes diagnostiquées ont amorcé ou suivi un traitement. Les critères d'admissibilité au traitement font en sorte que plusieurs individus ne sont pas éligibles. Depuis cinq ans, le nombre de personnes en traitement a augmenté considérablement. Un peu plus de 2 000 personnes ont pu initier un traitement antiviral. Celles-ci sont en grande majorité suivies par des spécialistes (gastro-entérologues hépatologues) des centres hospitaliers. L'augmentation du nombre de personnes diagnostiquées aura une incidence sur les services de suivi et de traitement des personnes atteintes du VHC, de manière à diminuer les risques de complications et tenter d'éviter les décès liés aux complications de l'hépatite C.

La prise en charge des personnes infectées par transfusion sanguine et l'absence de nouveaux cas d'infection par transfusion, depuis l'apparition des tests universels du matériel sanguin en 1990, ont contribué à changer le visage de l'épidémie du VHC au cours de la dernière décennie. Les nouvelles infections touchent principalement les utilisateurs de drogues par injection (UDI), consommateurs actifs ou anciens utilisateurs. Chez les personnes qui ont déjà fait usage de drogues par injection, un diagnostic de VHC s'accompagnera d'un suivi des enzymes par le médecin traitant et d'un traitement au moment approprié dispensé par un spécialiste. Chez les UDI actifs, il faut d'abord prévoir des mesures de prévention intensifiées et envisager la situation où les personnes toxicomanes seront en demande de services pour le suivi et le traitement de leur hépatite. De plus, la comorbidité associée à l'usage de drogues par injection est un facteur aggravant les conditions de santé des personnes infectées. Finalement, la coinfection au VIH touche un nombre croissant d'UDI atteints du VHC.

Des efforts particuliers devront donc être consentis, notamment auprès des médecins de première ligne pour assurer une plus grande prise en charge des personnes infectées, mais aussi de manière intensive auprès des populations à risque en initiant des projets de prévention et de promotion de la santé efficaces et soutenus.

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