Surveillance provinciale des bactériémies nosocomiales sur cathéters centraux aux soins intensifs : avril 2005-mars 2006

Les bactériémies sur cathéters centraux aux soins intensifs représentent un problème non négligeable au Québec. Les taux moyens agrégés d’infection se situent entre 1,01 et 2,71 bactériémies/1000 jours-patients-cathéters, avec un taux global de 1,80/1000 jours-patients-cathéters. Les taux de mortalité associés directement ou indirectement aux bactériémies s’élèvent à 8,8% de façon globale avec un taux de mortalité maximal retrouvé aux soins intensifs pédiatriques de 18,1%. De plus, il est important de noter que 59% des bactériémies à S.aureus aux soins intensifs adultes étaient en fait des SARM. Les soins intensifs adultes demeurent un milieu à haut risque de SARM, supportant un programme de dépistage agressif.

Ces données démontrent la faisabilité et l’importance de poursuivre la surveillance provinciale des bactériémies sur cathéters. De fait, la surveillance a été démontrée efficace dans la réduction du taux d’infections nosocomiales et ce, même lorsque les taux de base sont faibles. Sans surveillance, il est impossible de reconnaître la présence et l’ampleur d’un problème.

Par ailleurs, il est difficile d’extrapoler les résultats obtenus à l’ensemble des soins intensifs de la province car les données ont été recueillies sur un nombre restreint de centres hospitaliers (24 contre 88 impliqués dans la surveillance du C. difficile).

Bien que des données américaines soient disponibles pour un étalonnage externe, il est intéressant de noter que les taux de bactériémies sur cathéter aux soins intensifs dans les hôpitaux québécois sont inférieurs aux dernières données publiées par NNIS.

Pour toutes les raisons précédemment mentionnées, il sera donc crucial de maintenir un programme de surveillance continu au niveau québécois. Il serait souhaitable de voir un plus grand nombre d’hôpitaux participer à la surveillance afin de pouvoir générer des barèmes nationaux servant à l’étalonnage des données locales de surveillance et améliorer la qualité et la sécurité des soins administrés aux patients dans nos institutions.

De plus, vu l’importance des bactériémies en terme de morbidité, mortalité et vu le caractère évitable de ces infections nosocomiales dans un grand nombre de cas, un élargissement du programme de surveillance serait à prévoir.

Un programme de surveillance de toutes les bactériémies nosocomiales de l’hôpital serait sans doute plus pertinent pour les petits CH puisqu’ils ont été nombreux à ne dénombrer aucune bactériémie sur cathéters centraux aux soins intensifs durant la période étudiée. De plus, un tel programme, même dans les CH universitaires, serait souhaitable car les bactériémies représentent le spectre le plus sévère des infections nosocomiales et leur surveillance assurerait une vigie minimale, permettant de cibler les problèmes prioritaires d’une institution.

Le programme actuel des bactériémies associées aux cathéters centraux se limite aux soins intensifs. Un tel type d’infection est également retrouvé de façon fréquente dans les unités d’hémodialyse, au sein d’une autre population à haut risque. Il serait ainsi souhaitable d’étendre le programme de surveillance des bactériémies associées aux cathéters centraux à toutes les unités de dialyse du Québec.

Type de publication
ISBN (électronique)
2-550-48091-0
ISBN (imprimé)
2-550-48090-2
ISSN (électronique)
1921-314X
ISSN (imprimé)
1914-962X
Notice Santécom
Date de publication