L'horaire de travail et ses effets sur le résultat de la grossesse : méta-analyse et méta-régression

Objectifs :

Synthétiser l'information disponible concernant l'horaire de travail et ses effets sur le résultat de la grossesse. Les types d'horaire évalués sont : le nombre d'heures de travail hebdomadaires, les quarts de travail de soir et de nuit et la rotation des quarts de travail; les résultats de grossesse étudiés sont : l'avortement spontané (AS), l'accouchement avant terme (AAT), le faible poids de naissance (FPN) et l'insuffisance de poids pour l'âge gestationnel (IPAG).

Méthode :

Une recherche bibliographique sur Medline a été effectuée pour identifier les études épidémiologiques originales qui ont évalué l'effet de l'horaire de travail sur le résultat de la grossesse. Les études publiées en français ou en anglais entre 1970 et mai 2007, ont été retenues. Les références à la fin des articles et les dossiers personnels de l'auteure ont permis de compléter la liste des articles à consulter. Il n'y a pas eu de recherche systématique de matériel non publié. La présente revue porte sur 59 articles.

Chaque étude a subi une évaluation systématique des aspects suivants : - type d'étude et effectif, - exposition (définition, méthode de mesure et groupe de comparaison), - population étudiée (caractéristiques, taux de participation), - résultat de grossesse (définition et mesure) et - contrôle de la confusion (âge, habitudes de vie (tabagisme), niveau socio-économique, histoire obstétricale et autres expositions professionnelles).

Pour chaque dyade combinant un résultat de la grossesse (variable dépendante) avec un aspect de l'horaire de travail (variable indépendante), une méta-analyse a été réalisée afin d'obtenir un risque relatif synthèse (RRS) et d'effectuer des analyses de sensibilité utiles lors de l'évaluation de la validité. Pour certaines dyades, lorsque le nombre d'études est suffisant, une méta-régression est réalisée. Cette méthode complète la méta-analyse et permet d'obtenir un RRS ajusté pour certaines faiblesses méthodologiques.

L'ampleur de l'effet est estimée à partir du RRS et du RRS ajusté par méta-régression lorsque disponible. D'autre part, un niveau de force de l'évidence est établi suite à l'évaluation des caractéristiques suivantes : plausibilité biologique, précision statistique, validité et cohérence.

Résultats et conclusion :

Deux définitions des heures de travail élevées ont été utilisées, ≥ 40 h/sem. et ≥ 35 h/sem., les études appartenant à la 1ère catégorie feront aussi partie de la 2e catégorie. Ces deux catégories d'exposition ne comportent pas de limite supérieure, on peut donc y retrouver des femmes travaillant bien au-delà de 35 ou 40 heures par semaine.

En présence d'une exposition à au moins 40 heures de travail par semaine, des excès d'AS (8 % ou plus), d'AAT (12 %) et de FPN (24 %) sont suspectés. Lors de l'exposition à au moins 35 heures de travail par semaine, il y a une évidence suffisante d'excès d'AAT (17 %) et des excès de FPN (26 %) et d'IPAG (20 %) sont suspectés.

Les différentes catégories d'heures modérées se caractérisent par des heures de travail hebdomadaires ne dépassant pas 40 heures. Par exemple, la catégorie (20/35 – 34/40 h/sem.) regroupe les études où la limite supérieure de l'exposition varie de 34 à 40 heures par semaine tout en ayant une limite inférieure pouvant aller de 20 à 35 heures par semaine.

L'évidence est suffisante qu'il n'y a pas d'excès d'AS, de FPN ou d'IPAG en présence d'un nombre modéré d'heures hebdomadaires de travail. En ce qui concerne le risque d'AAT et les heures modérées, il y a évidence suffisante d'un excès de 36 % pour la catégorie (20/35 – 34/40 h/sem.); un excès plus faible (5 %) est suspecté pour la catégorie (20/30 – 34/40 h/sem.) qui diffère de la précédente par le retrait des études où l'exposition était de 35 à 40 heures par semaine; et il y a une évidence suffisante d'absence d'excès d'AAT si les heures de travail hebdomadaires n'atteignent pas 35 heures.

Certains des résultats concernant les heures de travail élevées et modérées, apparaissent contradictoires. Cela peut s'expliquer par le chevauchement entre certaines catégories (ex. ≥ 35 h/sem. et 25 à 39 h/sem. pour le FPN) ou par le fait que la catégorie ≥ 35 h/sem., incluant déjà toutes les études de la catégorie ≥ 40 h/sem., comprenne en plus des études de bonne qualité ayant obtenus des résultats plus élevés que la moyenne, comme par exemple pour l'AAT.

En présence de rotation des quarts de travail en général, on observe avec une évidence forte un excès d'AS (18 %) et avec une évidence suffisante des excès d'AAT (18 %) et d'IPAG (10 %), de plus un excès de FPN (18 %) est suspecté. Pour la rotation des quarts incluant la nuit, il y a une évidence suffisante d'excès d'AS (20 %) et pour la rotation des quarts excluant la nuit, des excès d'AAT (9 %) et d'IPAG (9 %) sont suspectés.

En présence d'exposition au quart de travail de nuit, on observe avec une évidence suffisante un excès d'AS (69 %) et une absence d'excès d'IPAG. Pour le quart de travail de soir (pouvant inclure des quarts de nuit), un excès d'AS (5 %) est suspecté. Pour le quart de travail de soir seulement un excès d'IPAG (8 %) est suspecté; et il y a une évidence suffisante qu'il n'y a pas d'excès d'AAT.

Auteur(-trice)s
ISBN (électronique)
978-2-550-50651-5
ISBN (imprimé)
978-2-550-50650-8
Notice Santécom
Date de publication