Veille scientifique sur les moyens d'intervention contre le virus du Nil occidental

Depuis la découverte du virus du Nil occidental en Amérique du Nord, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) conseille le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) quant aux choix et aux impacts des moyens de prévention et de contrôle servant à protéger la population du Québec contre la transmission de ce virus. En 2003, le MSSS a spécialement mandaté l'INSPQ pour réaliser une étude d'impact ayant trait aux répercussions environnementales du programme de pulvérisations aériennes d'insecticides pour lutter contre le virus du Nil occidental. L'évaluation des mesures de protection personnelle, domestique, communautaire et municipale faisait également partie du mandat confié à l'INSPQ. L'étude d'impact a été réalisée sous la forme d'un rapport principal (Labbé et al., 2006a), accompagné de plusieurs rapports sectoriels. Par ailleurs, l'avis de l'INSPQ portant sur le risque relié au virus du Nil occidental au Québec et les interventions à privilégier (Bolduc et al., 2006), produit à la suite d'une demande du MSSS en 2006, indiquait notamment la nécessité de maintenir une vigilance en ce qui a trait aux connaissances relatives à l'épidémiologie du virus du Nil occidental, aux vecteurs et à leurs gîtes ainsi qu'aux moyens de protection et d'intervention. Il a donc été convenu, avec le MSSS, que l'Unité santé et environnement de l'INSPQ assurerait un suivi, sous forme de veille scientifique, de l'information relative aux moyens de protection et d'intervention contre le virus du Nil occidental. L'objectif est d'être en mesure, au cours des prochaines années, de soutenir les autorités de santé publique dans leur éventuelle prise de décision visant à limiter le risque de transmission du virus du Nil occidental au Québec.

Le présent rapport de veille scientifique s'inscrit plus particulièrement dans la suite des travaux réalisés par l'INSPQ dans le cadre de l'étude d'impact sur l'environnement. En effet, un des rapports sectoriels de cette étude d'impact, le numéro 3, dresse une revue exhaustive des mesures de prévention et de protection contre le virus du Nil occidental (Labbé et al., 2006b). Ce document présente les méthodes employées pour le contrôle vectoriel ailleurs sur le continent nord-américain, en Europe et en Afrique en vue de lutter contre le virus du Nil occidental ou d'autres maladies transmises par des moustiques. Le rapport couvre les moyens de protection personnelle (insectifuges, solutions technologiques, habitudes de vie), l'aménagement des habitats favorables, la lutte biologique ainsi que les insecticides (larvicides et adulticides).

Malgré le fait que plusieurs articles scientifiques traitant du contrôle des moustiques vecteurs ou de la protection contre la transmission de maladies vectorielles soient publiés annuellement, peu de publications, reliées directement ou indirectement au contrôle du virus du Nil occidental, ont paru au cours de cette veille scientifique, quelques-unes seulement concernant chaque type de moyen d’intervention.

En ce qui concerne les moyens de protection personnelle, l’information additionnelle confirme qu’il faut notamment maintenir les efforts visant à informer la population afin de modifier les comportements de manière à réduire le risque de piqûres par des moustiques. L’efficacité de l’utilisation de certains moyens de protection personnelle semble se confirmer. Il a aussi été observé que l’intérêt se maintient à l’égard de la mise au point d’autres insectifuges aussi efficaces que ceux contenant l’ingrédient actif DEET, d’où l’importance de ne pas limiter l’information transmise au public à un seul ingrédient actif. Pour ce qui est des habitats favorables, la récente revue de littérature n’a pas permis de mettre en évidence des renseignements nouveaux ou probants, ce qui n’incite pas à élaborer un programme de mesures particulières pour l’instant au Québec. En ce qui concerne la lutte biologique ainsi que l’usage des larvicides et des adulticides, la lecture des publications scientifiques n’a permis de relever aucun élément remettant en question l’appréciation des impacts, des risques et de l’efficacité de ces moyens d’intervention. Il faut noter toutefois, qu’à l’instar des activités de lutte contre les insectes en milieu agricole, une tendance à la lutte intégrée semble apparaître et pourrait être privilégiée si le recours à ce type d’intervention devenait nécessaire au Québec.

La documentation scientifique examinée, de février 2006 à avril 2007, ne remet pas en question l’avis de l’INSPQ, publié en 2006, ayant trait aux moyens d’intervention à privilégier afin de prévenir les infections par le virus du Nil occidental ni les conclusions de l’étude d’impact stratégique réalisée par l’INSPQ pour le MSSS.

Auteur(-trice)s
Pierre Chevalier
Ph. D., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-52078-8
ISBN (imprimé)
978-2-550-52077-1
Notice Santécom
Date de publication