Introduction

Bien que les premiers écrits sur la maltraitance envers les personnes aînées aient été produits dans les années 1970 [1], ce n’est qu’au tournant des années 2000 que la maltraitance a été internationalement reconnue comme un problème social et de santé publique. En 1997, lors d’une rencontre de l’International Association of Gerontology and Geriatrics, en Australie, un groupe de chercheurs formaient l’International Network for the Prevention of Elder Abuse. C’est à ce réseau que l’on doit la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées, qui a lieu le 15 juin. Au Québec, cette journée de sensibilisation est connue sous le nom de la « campagne du ruban mauve ».

En 2002, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) proposait une définition de la maltraitance envers les personnes aînées, qui est encore largement reconnue, et l’Organisation des Nations Unies (ONU) incluait les thèmes de « l’abandon, les mauvais traitements et la violence » dans le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement1. Bien que ce plan d’action soit non contraignant pour les États, des bilans sont régulièrement partagés dans l’enceinte de l’ONU.

Au Québec, la question de la maltraitance envers les personnes aînées a d’abord été abordée dans des colloques régionaux sur la violence à la fin des années 1970. La première étude sur le sujet, réalisée par l’Association québécoise de gérontologie, fut publiée au début des années 1980 [3]. En 1988, le réseau public de la santé et des services sociaux menait une première étude exploratoire sur le sujet [4]. En 1989, le rapport Vieillir… en toute liberté, signé par le comité de travail sur les abus envers les personnes âgées mis en place par la ministre de la Santé et des Services sociaux, énonçait l’importance d’une directive gouvernementale articulée [5]. C’est en 2010 que le Québec s’est doté d’un Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées, ci-après appelé le PAM-1 [6]. Ce plan quinquennal, prolongé jusqu’en 2017, a proposé quatre actions structurantes2 et plus d’une trentaine de mesures pour bonifier des pratiques existantes. L’engagement de 13 ministères et organismes gouvernementaux et le budget alloué ont permis le déploiement d’une série de changements sur le plan des connaissances, des lois et des pratiques. En 2017, à la suite d’une évaluation de l’implantation du plan d’action de 2010 [7], d’une consultation publique et d’un inventaire des besoins, le gouvernement rendait public le Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2017-2022, ci-après nommé le PAM-2. Il comprend 52 mesures regroupées sous quatre orientations : prévenir la maltraitance et promouvoir la bientraitance, favoriser un repérage précoce et une intervention appropriée, favoriser et faciliter la divulgation des situations de maltraitance – notamment les situations de maltraitance matérielle et financière –, développer les connaissances et améliorer le transfert des savoirs [8].

Retenons de ce bref historique que bien que la lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées ne soit structurée que depuis 2010 et qu’une multiplication d’actions ait vu le jour depuis, les initiatives diverses en cette matière ont plus de 40 ans. Notons que depuis 2010, les préoccupations pour la maltraitance ont englobé des thématiques connexes, soit la lutte contre l’intimidation, la reconnaissance de l’autonégligence et la promotion de la bientraitance.

  1. Ce plan d’action comprend deux objectifs : « élimination de toutes les formes d’abandon, de sévices et de violence à l’encontre des personnes âgées » [2] et « mise en place de services de soutien permettant de faire face aux cas de mauvais traitements des personnes âgées » [2].
  2. Campagne de sensibilisation, Chaire de recherche, ligne d’écoute professionnelle, coordonnateurs régionaux.