Exposition professionnelle au cytomégalovirus durant la grossesse et l’allaitement
Ce guide de pratique professionnelle sur le cytomégalovirus en milieu de garde, élaboré par le GSMT dans le cadre du programme Pour une maternité sans danger (PMSD), est le fruit d'une revue de littérature récente et d'une démarche délibérative avec les médecins désignés dans le cadre du PMSD. Actuellement, les recommandations qui priment sont celles de la COVID-19. Éventuellement, le groupe et les parties prenantes donneront suite à certains éléments complémentaires à ce guide pour en permettre l'implantation.
Faits saillants
Le cytomégalovirus (CMV) est la plus fréquente cause d’infection virale congénitale. Elle touche environ une naissance sur 150 et des symptômes à la naissance sont présents chez environ 10 % des nouveau-nés infectés. De plus, des séquelles neurologiques telles que la surdité pourraient se manifester plus tard durant l’enfance, chez 10-15 % des cas infectés asymptomatiques à la naissance.
Les connaissances scientifiques actuelles indiquent que le risque de CMV congénital semble du même ordre de grandeur quel que soit le statut immunitaire de la femme en début de grossesse.
Les services de garde fréquentés par de jeunes enfants sont des milieux propices à la propagation du CMV. Les résultats d’une méta-analyse indiquent que les travailleuses en services de garde sont 3,7 fois plus à risque de contracter le CMV que les femmes de la population générale.
La transmission du CMV nécessite des contacts directs et prolongés entre une membrane muqueuse et un liquide biologique infectant. Le virus ne se transmet pas par voie d’aérosols. Ainsi, le mode de transmission justifie une recommandation basée sur les contacts à risque d’acquisition par la travailleuse enceinte et sur l’identification des moyens préventifs.
Recommandations pour les travailleuses en services de garde préscolaires
Pour la grossesse
Il est recommandé :
- De ne pas faire la recherche d’anticorps IgG-CMV chez la travailleuse enceinte dans le cadre du programme Pour une maternité sans danger (PMSD).
- D’éliminer :
- Les contacts directs entre la bouche de la travailleuse et les larmes, les sécrétions nasales ou la salive d’un enfant (ex. : embrasser le visage mouillé de sécrétions ou de larmes; partager en alternance avec l’enfant un ustensile, un verre, un aliment ou un breuvage; mettre dans sa bouche un objet mouillé de salive tel qu’un jouet, une suce, la tétine du biberon, une brosse à dents).
- Les activités où en raison de la proximité de l’enfant, celui-ci peut :
- porter un objet ou ses mains mouillés de salive ou d’autres liquides biologiques au visage de la travailleuse enceinte;
- projeter de la salive ou d’autres liquides biologiques au visage de la travailleuse enceinte
(ex. : vomir, cracher, éternuer…).
- Les tâches, non planifiables ou auprès des enfants, pouvant entraîner une contamination des mains par des liquides biologiques telles que :
- faire l’hygiène des sécrétions nasales (moucher ou administrer une solution saline) ou essuyer la salive d’un enfant;
- faire l’hygiène buccale;
- manipuler de la lingerie, des vêtements ou des objets mouillés de liquide biologique
(ex. : salive, sécrétions, urine ou selles, vomissements, régurgitations); - aider à l’hygiène lors de l’apprentissage de la propreté;
- effectuer le changement de couches.
- De porter des gants :
- Pour les tâches planifiables qui ne nécessitent pas de contact avec les enfants, mais qui impliquent la manipulation d’objets possiblement mouillés de liquides biologiques (ex. : ramasser la vaisselle, nettoyer les jouets).
- Le retrait des gants doit être immédiatement suivi d’une hygiène adéquate des mains (avec de l’eau et du savon au moins 15 secondes ou en utilisant un désinfectant).
- Les méthodes de travail relatives au port des gants doivent être suffisamment détaillées pour éviter la transmission et être appliquées. Les travailleuses doivent avoir reçu des formations adéquates sur les méthodes de travail, le retrait des gants et l’hygiène des mains.
Pour l’allaitement maternel
Le risque d’acquisition professionnelle du CMV (primo-infection ou par acquisition d’une nouvelle souche) pendant l’allaitement, que le bébé allaité soit né à terme ou prématuré, est non retenu.