Prévalence des habitudes de jeu et du jeu pathologique au Québec en 2002

Ce rapport présente les résultats d'un sondage visant à évaluer les habitudes de jeu et les problèmes associés à cette problématique auprès de 8 842 adultes représentatifs de la population du Québec.

L'étude a été réalisée entre les mois de mai et novembre 2002. Cette partie de l'étude avait pour but :

d'identifier la prévalence des joueurs à risque et des joueurs pathologiques probables au Québec;

  • de décrire leurs principales caractéristiques;
  • de comparer la prévalence courante des joueurs pathologiques probables et des joueurs à risque avec celles observées en 1996;
  • de comparer les résultats révélés par l'Indice canadien du jeu excessif (ICJE) à ceux révélés par le South Oaks Gambling Screen (SOGS);
  • de comparer la classification des participants obtenue lors de l'entrevue téléphonique à celle de l'entrevue clinique;
  • de discuter les résultats en fonction de leurs implications pour la prévention et le traitement du jeu.

Habitudes de jeu et caractéristiques des joueurs

Quatre adultes sur cinq (81 %) se sont adonnés à des jeux de hasard et d'argent au cours de la dernière année. Ceci représente une baisse de participation statistiquement significative par rapport au taux de 90 % enregistré en 1996.

Les activités de jeu les plus populaires parmi la population générale sont : l'achat de billets de loterie (68 %), la participation à des tirages et levées de fonds (40 %), aller jouer au casino (18 %), miser de l'argent en jouant aux cartes en famille ou avec des amis (10 %), jouer au bingo (9 %) et jouer à la loterie vidéo (8 %).

Parmi les caractéristiques socio-économiques associées à la présence du jeu pathologique probable notons : être de sexe masculin, être célibataire, posséder une scolarité de niveau primaire ou secondaire et avoir un revenu familial annuel inférieur à 40 000 $.

Parmi les autres caractéristiques également associées au jeu pathologique probable, relevons entre autres; se souvenir d'une perte ou d'un gain important lors des premières expériences de jeu tout comme rapporter qu'un membre de la famille ait déjà eu des problèmes de jeu ou des problèmes de toxicomanie.

Prévalence globale des problèmes de jeu

Pour l'année en cours, les taux de joueurs pathologiques probables et de joueurs à risque sont de 0,8 % et 0,9 % respectivement, soit entre 35 000 et 55 800 joueurs pathologiques probables et 40 000 et 62 000 joueurs à risque.

La prévalence courante du nombre de joueurs pathologiques probables et du nombre de joueurs à risque entre 1996 (1,0 % et 1,4 %) et 2002 (0,8 % et 0,9 %) est demeurée stable.

Les résultats obtenus à l'aide du SOGS et de l'ICJE montrent que les deux instruments se comportent de façon similaire lorsqu'il s'agit d'identifier les joueurs problèmes.

Les résultats obtenus à partir des entrevues semi-structurées réalisées par des cliniciens diffèrent nettement des résultats obtenus avec le SOGS ou l'ICJE; 82 % des joueurs, d'abord identifiés comme étant pathologiques probables à l'aide du SOGS et de l'ICJE, seraient en fait des faux positifs selon les cliniciens. En ce qui concerne les joueurs à risque, 56 % des participants d'abord identifiés comme étant joueurs à risque ne s'avéraient plus positifs.

Conclusion

La prévalence courante des joueurs pathologiques probables et à risques serait demeurée stable au Québec au cours des sept dernières années.

La divergence entre l'évaluation questionnaire et l'évaluation clinique est très importante et cette différence impose de clarifier cette question avant de démarrer de nouvelles études de prévalence transversales ou longitudinales.

Une fois le point précédent éclairci, une étude longitudinale devrait être réalisée au Québec afin de suivre avec précision l'évolution des habitudes de jeu des Québécois et Québécoises et de mesurer l'incidence du jeu pathologique. Cette étude permettrait également de documenter les facteurs qui contribuent à plonger certaines personnes dans des habitudes de jeu problématique ou à l'opposé de s'en sortir seul ou avec de l'aide.