Mémoire déposé dans le cadre des audiences d’experts de la Commission sur l’éducation à la petite enfance

La qualité des expériences des enfants et la qualité des relations avec les personnes qui s’occupent d’eux dans les milieux où ils vivent, grandissent et apprennent influencent de manière déterminante leur développement. Ce développement est à son tour un déterminant de la santé, du bien-être et des capacités d’apprentissage pour le reste de la vie.

En 2013, une étude québécoise constatait des écarts importants dans le développement des enfants au moment de commencer l’école selon les caractéristiques socioéconomiques de leur milieu de vie. Ces écarts sont jugés injustes et évitables. Or, la mobilité vers le haut au sein des classes sociales plus tard dans la vie ne permet pas de compenser les effets précoces d’avoir grandi dans des conditions de vie difficiles. C’est plutôt la prévention et l’intervention précoces qui s’avèrent des stratégies efficaces pour faire face aux conséquences complexes des désavantages sociaux lors de la petite enfance. Les services de garde éducatifs font partie des mesures susceptibles d’agir sur ces écarts en protégeant les enfants des effets de l’adversité économique, mais à condition de fréquenter un centre de la petite enfance (CPE) tôt dans la vie.

De plus, pour que les actions de prévention ou d’intervention précoces agissent sur ces écarts, plusieurs prônent, depuis quelques années, l’approche de l’universalisme proportionné. L’universalisme proportionné consiste à offrir des interventions universelles à tous, mais avec des modalités ou une intensité qui varient selon les besoins. Son application aux services de garde éducatifs pourrait se traduire par : 1) le maintien de l’offre universelle à tous les enfants; 2) le soutien accru aux enfants présentant des vulnérabilités dans leur développement avec la collaboration du réseau de la santé et des services sociaux et 3) la mise en œuvre de mesures visant à réduire ou éliminer les barrières d’accès et particulièrement pour les familles vivant en contexte de vulnérabilité.

L’accroissement du nombre de places réservées pour les enfants vivant en contexte de vulnérabilité, en augmentant le nombre de CPE et de CSSS signant un protocole d’entente, pourrait être une piste pour réduire la barrière liée au manque de places. Alors que l’exemption de la contribution parentale de base pour une fréquentation à temps plein plutôt qu’à temps partiel à tous les parents qui reçoivent une prestation en application du Programme d’aide sociale ou du Programme de solidarité sociale pourrait être une piste à explorer pour réduire la barrière d’accès liée aux coûts.

Enfin, pour tendre vers une plus grande uniformité dans la qualité entre les différents types de services, accroître les exigences de formation initiale et continue des responsables de service de garde en milieu familial devrait être une piste à prendre en considération.

Bref, une offre de services de garde éducatifs universelle, accessible, de qualité et proportionnée pour s’adapter aux besoins des enfants vulnérables dans leur développement est un outil essentiel pour assurer à tous les enfants du Québec un bon départ dans la vie.

Auteur(-trice)s
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-76892-0
Notice Santécom
Date de publication