Surveillance de la mortalité par suicide au Québec : ampleur et évolution du problème de 1981 à 2006

Pour l’année 2006, 1136 personnes sont décédées par suicide au Québec, dont 883 hommes et 253 femmes. Cela représente des taux ajustés par 100 000 habitants de 23,4 chez les hommes, de 6,4 chez les femmes et un taux pour l’ensemble de la population de 14,8. Ce taux est le plus bas enregistré au Québec au cours des 25 dernières années.

Cette baisse de la mortalité par suicide est observée depuis le début des années 2000 et s’explique principalement par la baisse du suicide chez les hommes même si l’on observe aussi une légère diminution chez les femmes. Le taux catastrophique de 35,9 % observé chez les hommes en 1999 a chuté de 35 %.

Cette diminution des taux de mortalité par suicide s’observe d’une manière plus marquée chez les adolescents et les jeunes adultes. En effet, chez les adolescents de 15-19 ans, les nombres et les taux se sont abaissés de plus des deux tiers entre 1999 et 2006. Cette baisse touche surtout les jeunes garçons. Chez les jeunes adultes de 20 à 34 ans, la diminution est également spectaculaire puisque les taux ont chuté de près de 50 %. Dans le groupe des 35-49 ans, même si la baisse est moins impressionnante que dans les groupes des adolescents et des jeunes adultes, elle est environ du tiers.

Avec ces nouvelles données, le suicide devient ainsi la seconde cause de mortalité chez les 15-19 ans mais demeure encore, et de loin, la première cause de mortalité chez les 20-34 ans.

Le seul groupe pour lequel aucune baisse de la mortalité par suicide n’est observée, à la fois en nombre et en taux, est celui des 50 à 64 ans. C’est d’ailleurs le seul groupe pour lequel l’importance relative du suicide parmi l’ensemble des décès augmente, tant chez les hommes que chez les femmes.

Cette baisse de la mortalité par suicide s’observe par ailleurs dans les trois grands types de régions, soit le Grand Montréal (Montréal, Laval, Montérégie), les régions centrales (Québec, Outaouais et l’Estrie) et les régions périphériques (les autres régions). Cependant les taux de suicide les plus élevés sont observés dans les régions périphériques, soit les régions à plus faible densité de population, alors que les taux les plus bas sont observés dans la grande région de Montréal.

Malgré ces très bonnes nouvelles, le Québec en comparaison avec certaines autres provinces canadiennes, affichent les taux les plus élevés de suicide tant chez les hommes que chez les femmes. Cependant, les écarts observés tendent à s’amoindrir depuis 2000.

Comparativement aux pays de l’OCDE, le Québec se situe malheureusement encore parmi les populations qui présentent les taux de mortalité par suicide les plus élevés.

La baisse spectaculaire des suicides dans les groupes les plus jeunes ne doit pas occulter le fait que c’est dans la population active que les suicides sont encore les plus nombreux. En effet, les deux tiers des suicides surviennent chez des personnes âgées de moins de 50 ans, malgré la diminution de l’importance relative du suicide parmi les décès chez les adolescents et les jeunes adultes.

Auteur(-trice)s
Mathieu Gagné
M. Sc., Agent de recherche, Institut national de santé publique du Québec
Sujet(s)
Suicide, Surveillance
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-55115-7
ISSN (électronique)
1920-9800
Notice Santécom
Date de publication