Programme de surveillance de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec : mise à jour des données au 30 juin 2008

Le programme de surveillance de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec est basé sur la déclaration de l'infection par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) et sur le recueil de renseignements sur la personne infectée auprès du professionnel de santé ayant prescrit le test de dépistage du VIH.

Les activités de collecte des données sont centralisées dans des locaux sécurisés du LSPQ, lequel effectue toutes les analyses de confirmation à l'échelle de la province. Pour tout test confirmé positif au LSPQ, une intervenante de santé publique (ISP) téléphone au professionnel qui l'a prescrit pour obtenir le numéro d'assurance maladie (NAM) si celui-ci n'est pas déjà disponible. Le NAM est encrypté pour avoir un identifiant unique permettant de savoir si le cas a déjà été déclaré ou s'il doit faire l'objet d'une déclaration. Dans ce dernier cas, l'ISP téléphone au professionnel de santé en vue de l'enquête épidémiologique sur le cas.

Le LSPQ a confirmé la positivité au VIH de 0,66 % des 153 132 spécimens prélevés au premier semestre 2008 et analysés par les laboratoires hospitaliers qui font partie du programme québécois de diagnostic de l'infection par le VIH. Cette proportion se maintient à moins de 1 % depuis le début du programme en avril 2002.

Au total, 351 cas d'infection par le VIH ont été déclarés au premier semestre 2008. Ce nombre comprend 202 nouveaux diagnostics, 140 anciens cas et 9 personnes dont on ne peut dire avec les informations disponibles qu'elles ont reçu leur premier diagnostic de VIH au premier semestre 2008 ou avant. Plus de la moitié (61,9 %) des personnes nouvellement diagnostiquées n'avaient jamais eu de dépistage du VIH auparavant.

Les cas du premier semestre 2008 sont majoritairement de sexe masculin (81,2 %) et sont âgés en moyenne de 42,7 ans pour les hommes et de 35,6 ans pour les femmes. Ils portent à 4 889 le nombre de personnes infectées par le VIH enregistrées au programme de surveillance depuis qu'il a été mis en place en avril 2002. Ce nombre total cumulatif reste en deçà des estimations de la prévalence du VIH produites pour le Québec par l'Agence de la santé publique du Canada1, selon lesquelles entre 13 300 et 19 600 personnes vivaient avec le VIH dans la province en 20052. Il faut toutefois se rappeler que le programme québécois de surveillance n'a été mis en place qu'en avril 2002 et que les données qu'il génère n'incluent pas toutes les personnes au courant de leur statut biologique d'infection par le VIH avant son implantation.

Le Canada reste le principal pays de naissance et d'origine ethnoculturelle des personnes trouvées infectées par le VIH au Québec. Un seul cas autochtone des Premières Nations (Inuit) a été déclaré pendant le premier semestre 2008.

La région de Montréal qui compte un quart de la population du Québec et abrite la grande majorité des immigrants admis au Québec, reste la plus touchée dans la province. Les deux tiers des cas (64,7 % au premier semestre 2008) résident dans cette grande ville métropolitaine.

Les cas du premier semestre 2008 se distribuent dans l'ordre ci-après de fréquence décroissante des catégories d'exposition :

  • Les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH) restent au premier rang avec 54,1 % (190/351) des cas et 58,4 % (118/202) des nouveaux diagnostics.
  • Les infections reliées à l'origine d'un pays endémique pour le VIH et où la transmission hétérosexuelle du virus prédomine représentent 14,5 % (n=51) des cas et 8,9 % (n=18) des nouveaux diagnostics.
  • Cinquante personnes (14,3 %) non originaires de pays endémiques attribuent leur infection à des contacts hétérosexuels non protégés, dont 42 nouveaux diagnostics. En les regroupant avec les cas de la catégorie d'exposition précédente définie par l'origine d'un pays endémique, la voie hétérosexuelle de transmission du VIH est reliée à 28,8 % (n=101) des cas et 29,7 % (n=60) des nouveaux diagnostics.
  • Une proportion de 10,0 % (n=35) des cas a été diagnostiquée chez des personnes UDI. Le nombre et la proportion de nouveaux diagnostics (n=11, 5,5 %) restent relativement faibles dans cette catégorie d'exposition malgré la transmission active du VIH (et du VHC) observée par le réseau SurvUDI3.
  • Les cas à la fois HARSAH et UDI représentent 5,1 % (n=18 cas dont 12 nouvellement dépistés).
  • Aucun nouveau diagnostic n'est relié à des dons de sang ou à des facteurs de coagulation. Un ancien cas, un canadien d'origine âgé de 53 ans au moment du prélèvement, est enregistré dans cette catégorie d'exposition. Il avait eu un premier test positif en 1989. L'année de réception du sang contaminé n'est pas connue. La période d'incubation de l'infection par le VIH étant plus ou moins longue, il pourrait avoir été infecté avant l'implantation des mesures de sécurité transfusionnelle au Québec en 1985.
  • Un nouveau diagnostic est attribué à la transmission verticale en Mauricie et Centre-du- Québec, chez un enfant d'origine européenne né au Canada. Cinq anciens cas sont également rapportés à Montréal dans cette catégorie d'exposition. On présume que deux d'entre eux, un canadien d'origine et un haïtien nés au Canada et respectivement âgés de 16 et 20 ans au moment du prélèvement, ont été infectés avant l'implantation du programme d'intervention sur l'infection par le VIH et la grossesse au Québec en 1997. Les trois autres, deux Africains et un Haïtien âgés de plus de 14 ans à leur déclaration au programme, ont été infectés à leur naissance en dehors du Canada.

La transmission homosexuelle prédomine chez les hommes, tandis que les femmes sont essentiellement infectées par des rapports hétérosexuels non protégés.

  • Chez les hommes (n=285), la majorité (66,3 %, n=189) sont des HARSAH, 10,9 % (n=31) des hétérosexuels, 9,8 % (n=28) des UDI, 6,3 % (n=18) des HARSAH en même temps UDI et 6 % (n=17) des immigrants de pays endémiques. En combinant ceux-ci avec les hétérosexuels sans lien de parenté dans des pays endémiques, la voie hétérosexuelle est reliée à 16,8 % (n=48) des cas.
  • Parmi les femmes (n=65), la moitié (52,3 %; n=34) sont des immigrantes de pays endémiques, 29,2 % (n=19) des hétérosexuelles qui n'ont pas de liens dans ces pays, et 10,8 % (n=7) des femmes UDI qui empruntent des seringues ou du matériel d'injection déjà utilisé par d'autres. La voie hétérosexuelle concerne 81,5 % (n=53) des cas féminins indépendamment de leur pays d'origine.

Le recours aux services de dépistage du VIH reste tardif puisque 19,3 % (39/202) des personnes nouvellement diagnostiquées étaient déjà rendues au stade du sida au moment du prélèvement. À cela s'ajoute 19,8 % des cas (n=40) qui présentaient des maladies et symptômes possiblement liés au VIH ou des infections chroniques symptomatiques du VIH. Ces proportions varient peu depuis le début du programme de surveillance en avril 2002.

Les données du programme de surveillance n'estiment ni la prévalence ni l'incidence de l'infection dans la province. Elles décrivent les caractéristiques des cas confirmés par le LSPQ sur les spécimens prélevés au premier semestre 2008 et dont la collecte d'information a été complétée, en les comparants aux cas cumulés depuis la mise en place du programme de surveillance du VIH en avril 2002.

Les constats issus des données du premier semestre 2008 vont dans le sens des principaux constats décrits dans le rapport portant sur les cas cumulatifs 2002-2007. On ne détecte pas de changement prévisible dans la tendance des cas en 2008.

Les hommes, particulièrement les HARSAH, restent les plus touchés. Combinée à la progression parmi ce groupe des autres ITSS observée ici comme ailleurs au Canada et dans les pays développés, cette observation doit continuer d'interpeller les autorités de santé publique.

On constate à nouveau parmi les femmes infectées par le VIH, une proportion élevée de celles qui proviennent de régions où le virus est endémique.

L'impossibilité d'enregistrer les cas anonymes et les personnes qui n'ont pas de NAM constitue une limite à l'exhaustivité de la collecte des données épidémiologiques. La proportion des spécimens positifs soumis aux ISP pour la collecte épidémiologique où il y avait impossibilité de déclarer le cas au programme de surveillance est de 24,3 % (245/1 010) au premier semestre 2008. La majorité (66,9 %; 164/245) de ces spécimens positifs provenaient d'immigrants ou de réfugiés qui n'avaient pas encore de NAM, identifiant exigé pour enregistrer un cas dans le système actuel. Les autres (33,1 %) étaient des spécimens de résidants hors province ou de résidants du Québec sans NAM, des sérologies chez des enfants de moins de 2 ans, des spécimens à propos desquels les médecins n'ont pas donné suite à la demande des ISP pour la collecte épidémiologique ou des tests anonymes des services intégrés de dépistage et de prévention (SIDEP) des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS).

Le groupe de travail sur le développement de la surveillance du VIH/sida vérifie actuellement la faisabilité d'une proposition pour effectuer la collecte épidémiologique sur les cas sans NAM afin de mieux décrire les caractéristiques de l'épidémie chez les réfugiés et immigrants. Il poursuit les consultations pour améliorer la surveillance du VIH afin d'avoir une meilleure idée de la situation en termes de nombre de personnes infectées, d'infections nouvellement acquises, de cas dépistés au début de l'infection, de cas sous antirétroviraux, de cas de résistance à ces traitements, etc.

Ceux et celles qui aimeraient contribuer à améliorer la qualité de la surveillance du VIH et des rapports sur les résultats de l'analyse des données sont invités à envoyer leurs commentaires et suggestions à l'adresse courriel suivante : [email protected].


1Agence de la santé publique du Canada. Relevé des maladies transmissibles au Canada. Estimations de la prévalence de l'incidence du VIH au Canada, 2005, volume 32, numéro 15, p.165-175.

2Parmi ces PVVIH en 2005 (estimé par l'ASP pour le Québec), 1 000 à 1 800 auraient été infectées en 1999, 800 à 1 500 en 2002 et un peu moins (500 à 1 400) en 2005.

3http://www.inspq.qc.ca/publications/notice.asp?E=p&NumPublication=675

Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-55282-6
ISBN (imprimé)
978-2-550-55283-3
ISSN (électronique)
1913-3405
ISSN (imprimé)
1913-3391
Notice Santécom
Date de publication