Promotion des loteries dans les points de vente du Québec au printemps 2008 : état de la situation

Au Québec, on estime que près de 70 % des adultes jouent au moins une fois par année à un jeu de hasard et d’argent (Kairouz & Nadeau, 2010). La loterie est de loin le jeu auquel s’adonne le plus grand nombre de personnes (65,2 %) suivi des machines à sous (10,1 %), du poker (4,7 %) et des appareils de loterie vidéo (4,6 %) (Kairouz & Nadeau, 2010). Les loteries comprennent les loteries instantanées (« gratteux »), la loterie traditionnelle de type tirage (tirage quotidien, hebdomadaire ou occasionnel, par ex. : 6/49, Lotto-Max, etc.) et la loterie sportive (pari sportif). Environ quatre millions de personnes achètent des loteries pour une fréquence moyenne de 43 fois par année et une dépense moyenne de 306 $ (Kairouz & Nadeau, 2010).

Cette étude ayant observé la promotion des loteries dans plus de 300 points de vente au Québec laisse entrevoir à quel point cette promotion est omniprésente et uniforme dans les dépanneurs et les marchés d’alimentation au Québec. Les présentoirs horizontaux pour loteries instantanées et la languette publicitaire sur leur tranche sont à hauteur des yeux des enfants. Toutes les transactions monétaires ont lieu sur cette même surface promotionnelle. Les écrans plasma attirent aussi l’attention sur une panoplie d’informations relatives aux jeux offerts. Dans ce contexte, il est vraisemblable que, malgré la loi sur l’accès aux loteries par les personnes mineures, ces dernières soient exposées à l’incitation à jouer avant l’âge requis pour le faire, soulevant la question de la normalisation par le marketing d’habitudes de vie potentiellement néfastes et de produits à risque. S’il a été démontré que la promotion dans les points de vente n’est pas plus concentrée dans les commerces situés à proximité des écoles, les stratégies de modernisation de l’image et l’augmentation des efforts de marketing dans les points de vente rejoignent largement les jeunes qui s’y approvisionnent en friandises et en rafraîchissements. D’ailleurs, au Québec, 62 % des écoles publiques ont au moins un dépanneur dans une zone de 15 minutes de marche les entourant (Robitaille, Bergeron, Lasnier, 2009).

La présente étude a par ailleurs démontré que la promotion est uniforme, dans les quartiers favorisés comme dans ceux qui le sont moins. La proportion de points de vente est cependant significativement plus élevée dans ces derniers quartiers (Robitaille, sortie spéciale, 2011). Des études supplémentaires sont en cours pour déterminer s’il existe un lien entre la promotion des loteries, la consommation des loteries et la défavorisation sociale.

En 2008, les produits du tabac ont été retirés des étalages des points de vente en raison des effets démontrés de la promotion et la visibilité sur l’initiation au tabagisme chez les adolescents (Hanewinkel et collab., 2010; Henriksen et collab., 2010; Slater et collab., 2007), la motivation des ex-fumeurs et des fumeurs qui tentent de cesser (Germain et collab., 2010; Hoek et collab., 2010), et l’incitation aux achats impulsifs (Paynter & Edwards, 2009; Tremblay & Gervais, 2005; Wakefield et collab., 2008). Dans les points de vente, l’exposition des cigarettes était démesurée comparativement à l’exposition dont jouissent la plus grande partie des autres produits de consommation, une incohérence compte tenu du caractère hautement nocif des produits du tabac (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2006). Le ministère de la Santé et des Services sociaux reconnaît le rôle des fabricants de produits du tabac dans l’existence et la pérennité du tabagisme et considère que la lutte contre le tabagisme doit inclure un encadrement serré de cette industrie (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2006). L'impact des stratégies de commercialisation et de mise en marché des loteries sur les problèmes de jeu, notamment chez les jeunes et les populations défavorisées, est encore peu documenté. Les connaissances acquises en matière de lutte contre le tabagisme amènent cependant les autorités de santé publique à être vigilantes face à certains aspects de la mise en marché des loteries. L'exposition des jeunes à différentes formes de jeu doit continuer à faire l'objet de recherches et de surveillance afin de mieux comprendre son influence potentielle sur le développement des problèmes de jeu.

Auteur(-trice)s
Annie Montreuil
Ph. D., chercheuse établissement, Institut national de santé publique du Québec
Sujet(s)
Jeu d’argent
ISBN (électronique)
978-2-550-63164-4
ISBN (imprimé)
978-2-550-63163-7
Notice Santécom
Date de publication