Pour guider l'action - Portrait de santé du Québec et de ses régions

L'évolution démographique au Québec : un vieillissement inéluctable, mais pas de déclin de la population à l'horizon

Le Québec franchira le cap de huit millions d'habitants au tournant de l'année 2012. Alors que la croissance démographique a eu tendance à ralentir dans les années 1990, elle s'est accélérée la décennie suivante. Cette dernière tendance est attribuable à l'augmentation du nombre de naissances ainsi qu'à un nombre croissant d'immigrants. À titre d'exemple, en 2009, le nombre de naissances au Québec est 20 % plus élevé que dix ans auparavant.

Ce sont les régions adjacentes à Montréal ainsi que l'Outaouais, les Terres-Cries-de-la-Baie-James et le Nunavik qui ont connu les croissances démographiques les plus importantes au cours des années 2000. Dans le cas des autres régions à plus faible densité populationnelle, le déclin démographique a quand même ralenti dans la deuxième moitié de la décennie.

Conséquence de l'importante chute de la fécondité qui a suivi le baby-boom des années 1946-1966, le vieillissement de la population québécoise s'accélérera au cours de la prochaine décennie. Ainsi, le nombre de personnes âgées aura presque doublé d'ici 20 ans, passant de 1,2 à 2,3 millions en 2031.

Les conditions socioéconomiques des Québécois : des progrès intéressants et un rattrapage sur les plans canadien et international

Les conditions socioéconomiques constituent un déterminant important de la santé comme le montre la présence d'inégalités de santé entre groupes défavorisés et groupes mieux nantis. Au cours des années 2000, la situation de l'emploi au Québec s'est améliorée, et ce, jusqu'à la récession économique de la fin de la décennie. La hausse du taux de chômage qu'a provoquée celle-ci a somme toute été modeste et ce taux demeure bien en deçà de ceux observés dans la foulée de la récession du début des années 1990. Phénomène nouveau, les taux québécois et canadien sont maintenant similaires.

La scolarité de la population québécoise s'améliore aussi car la proportion de diplômés universitaires chez les 25 à 64 ans est passée de 12 % en 1991 à 24 % en 2010. De même, celle des personnes sans diplôme d'études secondaires a diminué de plus de moitié. Le Québec se situe en milieu de peloton parmi les provinces canadiennes quant à la proportion de personnes possédant un diplôme universitaire.

Malgré des progrès non négligeables, la précarité socioéconomique est toujours bien présente au Québec et les inégalités de santé sont encore loin d'être éliminées.

Un bilan positif de la santé des Québécois

L'espérance de vie continue d'augmenter et atteint respectivement 83 et 79 ans chez les femmes et les hommes en 2008. L'écart entre les sexes, favorable aux femmes, tend encore à s'amenuiser; il était de huit ans au début des années 1980.

La grande majorité des Québécois sont en bonne santé, et seulement 10 % d'entre eux considèrent leur état de santé de façon négative. Cependant, près d'un aîné sur quatre ne se perçoit pas en bonne santé. Par ailleurs, 27 % des Québécois âgés de 65 à 74 ans et près de la moitié de ceux de 75 ans et plus présentent une incapacité.

La baisse de la mortalité par maladies cardiovasculaires depuis au moins 30 ans explique en bonne partie l'allongement de la durée de vie des Québécois. Toutefois, en ce qui a trait à l'incidence et à la mortalité par cancer, la situation peu favorable du Québec aux échelles canadienne et internationale illustre à quel point des gains sont encore possibles et nécessaires.

La santé maternelle et fœto-infantile au cœur des préoccupations de santé publique

Après une baisse importante dans les dernières décennies de la mortalité infantile, celle-ci s'est stabilisée au cours des dernières années. On observe au Québec comme ailleurs en Occident une hausse de la prématurité qu'on associe généralement à l'augmentation des naissances multiples et des naissances chez les mères plus âgées. Par contre, le faible poids à la naissance est en diminution.

Relativement aux pratiques obstétricales, l'augmentation du taux de césarienne constatée au milieu des années 1990 semble avoir plafonné depuis 2006. L'épisiotomie n'est maintenant utilisée que pour un accouchement par voie vaginale sur cinq comparativement à un sur deux au début des années 1990.

L'allaitement maternel est bénéfique pour la santé des nouveau-nés et la grande majorité des mères québécoises allaitent dans les premiers jours de vie de l'enfant. Cependant, des progrès sont réalisables dans le cas de l'allaitement maternel exclusif, car, en 2005-2006, seulement deux nouveau-nés sur quatre étaient nourris exclusivement au lait maternel à la sortie de l'hôpital ou de la maison de naissance.

Les habitudes de vie qui influencent la santé : des progrès accomplis… et à réaliser

Le tabagisme, principale cause de décès évitable dans le monde, est en recul depuis le milieu des années 1980, mais on observe ces dernières années un ralentissement de cette tendance. Le Québec demeure l'une des provinces où la proportion de fumeurs est la plus élevée. Au niveau régional, l'usage du tabac atteint des proportions alarmantes au Nunavik et dans les Terres-Cries-de-la-Baie-James.

La pratique de l'activité physique est un facteur de protection contre plusieurs maladies chroniques. Au Québec, environ un adolescent sur trois est peu ou pas actif durant ses loisirs, et cette proportion a peu varié au cours des dernières années. Chez les adultes, un Québécois sur quatre est sédentaire durant ses loisirs, ce qui se compare à la moyenne canadienne tout en constituant une certaine amélioration par rapport au début de la décennie 2000. Les gens peu fortunés sont moins enclins à la pratique d'activités physiques de loisirs que les mieux nantis.

Les Québécois sont plus nombreux qu'auparavant à consommer suffisamment de fruits et légumes et, fait encourageant pour l'avenir, c'est chez les jeunes que cette consommation est la plus répandue.

Les maladies chroniques : de plus en plus de Québécois à en être atteints

Plusieurs maladies chroniques sont évitables ou, à tout le moins, peuvent être retardées avec un mode de vie actif, une saine alimentation et l'abstinence tabagique. Au Québec, au cours des trois dernières décennies, le recul de la mortalité par maladies de l'appareil circulatoire a été considérable, et depuis le début des années 2000, elles ne sont plus la première cause de décès.

De manière générale, la mortalité par cancer n'a pas connu de tendance notable. Si des gains ont effectivement été réalisés pour certains sièges, ils ont été atténués par la progression inquiétante du cancer du poumon chez les femmes.

L'augmentation de la prévalence de l'hypertension est également préoccupante, car elle touche maintenant environ 16 % des Québécois comparativement à près 13 % au début des années 2000. On observe également une hausse du diabète alors que 6 % de la population en est atteinte actuellement. L'obésité progresse aussi et affecte maintenant un adulte sur six. Bien que le Québec présente une prévalence de l'obésité légèrement sous la moyenne canadienne, elle est supérieure à celle de plusieurs des pays de l'OCDE.

La santé buccodentaire et nos habitudes qui l'influencent

Une meilleure hygiène buccodentaire et l'utilisation de services préventifs ont contribué à l'amélioration de la santé dentaire des Québécois. Toutefois, 12 % des Québécois ne se perçoivent pas en bonne santé buccodentaire, ce qui signifie que des gains sont encore possibles, notamment chez certains groupes.

Les hommes sont moins enclins que les femmes à adopter des comportements favorisant le maintien d'une bonne santé buccodentaire. La vulnérabilité socioéconomique semble liée à un moins bon état de santé buccodentaire et les efforts pour l'améliorer doivent en tenir compte.

L'accès à l'eau fluorée est la mesure de santé publique la plus efficace pour prévenir la carie dentaire, peu importe l'âge ou le revenu. Le Québec fait partie des provinces où l'accès à l'eau fluorée est le moins répandu, sa situation demeure très peu enviable à cet égard.

Les maladies infectieuses : des avancées et des reculs

Les progrès réalisés dans la lutte contre les maladies infectieuses au cours des dernières décennies avec l'introduction de programmes de vaccination sont incontestables. Toutefois, certaines éclosions, comme celle de la rougeole en 2011 ainsi que la pandémie de grippe A(H1N1) en 2009, viennent nous rappeler que la vigilance est toujours de mise.

Dans le cas des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), les gains apparaissent souvent fragiles. Par exemple, après avoir connu un recul important au cours des années 1990, les infections génitales à Chlamydia trachomatis et l'infection gonococcique sont en recrudescence depuis le début des années 2000.

Les actions concertées visant à faire reculer les maladies contractées lors d'un épisode de soins (infections nosocomiales) ont donné des résultats. C'est ce qu'illustre, par exemple, la diminution de moitié de l'incidence des diarrhées associées à Clostridium difficile (DACD) entre 2004-2005 et 2008-2009.

L'environnement sous l'angle de la santé publique

La pollution atmosphérique peut avoir des effets néfastes sur notre santé. En 2008, la mauvaise qualité de l'air a été constatée 1 journée sur 5 dans la région de Montréal comparativement à 1 sur 20 dans les autres régions urbaines du Québec.

La qualité de l'air intérieur peut aussi engendrer des problèmes de santé. Depuis le renforcement de la Loi sur le tabac en 2006 en vertu de laquelle il est interdit de fumer dans les lieux publics fermés, on observe une diminution de la proportion de non-fumeurs exposés à la fumée secondaire dans un lieu public, soit de 23 % en 2005 à 9 % en 2007-2008.

Le pollen, incluant l'herbe à poux, les poussières de maison et la présence d'animaux sont les principaux facteurs déclencheurs de la rhinite allergique. En 2008, 17 % de la population a éprouvé des symptômes de ce type d'allergie.

L'accès à l'eau potable a été de tout temps un enjeu de santé publique. Lorsque la qualité de l'eau ne répond plus à certaines normes, un avis d'ébullition ou de non-consommation doit être émis. Depuis 2005, le nombre d'avis d'ébullition est stable au Québec, avec environ 200 avis par année.

Le travail : un déterminant important de la santé des Québécois

Au cours de la décennie 2000, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) a enregistré une moyenne annuelle de 191 décès associés au travail dont 95 % concernaient des hommes. Les nouveaux cas de lésions professionnelles (blessures ou maladies) reconnues sont en diminution, leur nombre étant passé de 137 000 à 106 000 entre 2001 et 2008. Les hommes sont deux fois plus sujets à subir une lésion professionnelle que les femmes.

En 2008, 1 travailleur sur 5 a déclaré avoir eu, au cours des 12 derniers mois, des troubles musculo-squelettiques liés à son travail et l'ayant dérangé dans ses activités quotidiennes, ce qui représente près de 800 000 travailleurs. Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à éprouver ces problèmes de santé.

Depuis la création du programme Pour une maternité sans danger au début des années 1980, le nombre de travailleuses enceintes ou allaitantes bénéficiant de ce programme n'a cessé de s'accroître. Entre 2000 et 2008, il est passé de 22 000 à 38 000. Plus de quatre demandes sur cinq impliquent un facteur ergonomique comme risque à la santé.

Des accidents et des blessures souvent évitables

Les traumatismes non intentionnels sont responsables de 4 % de l'ensemble des décès au Québec et de 6 % des hospitalisations. Les hommes sont plus touchés que les femmes par cette problématique. Pour celles-ci, ce sont les chutes qui représentent la principale cause de décès par traumatismes non intentionnels alors que pour les hommes, ce sont les accidents de véhicules à moteur. Par contre, ce sont les chutes, et de loin, qui constituent chez les deux sexes la première cause d'hospitalisation en raison d'un traumatisme non intentionnel.

Si les chutes causent davantage de décès chez les personnes âgées, les accidents de véhicules à moteur constituent une cause importante de mortalité chez les jeunes. Entre 2006 et 2010, le quart des décès attribuables aux accidents de la route concernent des jeunes de 15 à 24 ans.

La santé mentale des Québécois : des fragilités particulières à chaque étape de la vie

La grande majorité des Québécois considèrent que leur santé mentale est bonne et sont satisfaits de leur vie en général. Cependant, certains aspects méritent une attention particulière, comme le stress quotidien élevé que plus du quart de la population de 15 ans et plus dit éprouver. Par ailleurs, la détresse psychologique est davantage présente chez les femmes et les jeunes de 15 à 24 ans.

Les aînés ont une perception de leur santé mentale qui se compare à celle des autres Québécois. Concernant leur consommation médicamenteuse, elle évolue car ils se font prescrire de moins en moins d'anxiolytiques, de sédatifs et d'hypnotiques, mais davantage d'antidépresseurs.

Le suicide, malgré une tendance à la baisse depuis dix ans, demeure plus élevé au Québec qu'ailleurs au Canada. Plus de trois décès par suicide sur quatre concernent les hommes. Entre 1999 et 2008, le taux de suicide a connu une diminution annuelle moyenne de 4 %. C'est chez les jeunes que la diminution a été la plus marquée.

L'environnement social et les problèmes d'adaptation : des milieux de vie qui influencent la santé et les comportements

Il est reconnu que l'environnement social d'un individu influence sa santé et son bien-être, et ce, peu importe son âge. En 2006, parmi les personnes âgées de 75 ans ou plus vivant en ménage privé, 2 sur 5 vivent seules et sont ainsi plus vulnérables si elles n'ont pas un niveau de soutien social adéquat.

Chez les jeunes, le taux de décrochage scolaire au secondaire a diminué au cours de la dernière décennie, mais il demeure encore trop élevé, surtout chez les garçons (23 %). Quant à la négligence parentale envers les enfants, elle demeure un problème aigu car elle est le motif de la majorité des quelque 8 000 prises en charge effectuées chaque année dans le cadre de la Loi sur la Protection de la jeunesse.

La violence conjugale envers les femmes est également préoccupante car les taux de cas rapportés depuis une dizaine d'années sont en hausse, particulièrement chez les jeunes femmes.

ISBN (électronique)
978-2-550-63405-8
ISBN (imprimé)
978-2-550-63406-5
Notice Santécom
Date de publication