Faisabilité d’accroître la déclaration obligatoire des maladies liées à une exposition à l’amiante par les médecins des hôpitaux

Ce rapport s’adresse à un lecteur connaissant les maladies à déclaration obligatoire au Québec. Le lecteur peu familier avec ce sujet peut consulter les lois et règlements du Québec abordant cette thématique (www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/maladies-a-declaration-obligatoire/mado) et les guides élaborés par le réseau de la santé publique. La première annexe du rapport schématise la démarche associée à la déclaration de ces maladies et peut ainsi aider à la compréhension du texte.

Rappelons que, depuis 2003, certaines maladies d’origine chimique sont à déclaration obligatoire par les médecins du Québec. Parmi celles-ci, on retrouve l’amiantose et le mésothéliome qui sont l’objet de cette étude.

Le projet

L’amiantose et le mésothéliome sont des maladies à déclaration obligatoire (MADO) par les médecins du Québec. Or, une faible proportion d’entre eux s’acquitte de cette obligation. Si tous les médecins déclaraient leurs cas, la base de données dans laquelle on enregistre l’information sur les personnes atteintes de MADO, le système MADO-Chimique, serait plus complète et pourrait servir à des fins de surveillance des maladies reliées à l’amiante. Un projet pilote a été réalisé pour stimuler la déclaration de l’amiantose et du mésothéliome et en explorer la faisabilité.

L’étude s’est déroulée à l’Hôpital de Thetford Mines, à l’Hôpital régional de St-Jérôme et à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Les archivistes médicaux de ces trois hôpitaux ont transmis, au nom des médecins, au directeur de santé publique de leur territoire, les déclarations des cas d’amiantose et de mésothéliome hospitalisés chez eux durant 18 mois. La déclaration s’est déroulée entre 2013 et 2015. Les enquêtes qui suivent habituellement la déclaration ont été réalisées sous l’égide du directeur de santé publique de chaque région.

Quelques résultats

  • Ce projet novateur montre aux autorités de santé publique qu’il est possible de promouvoir la déclaration des maladies à déclaration obligatoire auprès des médecins des hôpitaux par l’intermédiaire des archivistes médicaux.
  • Les intervenants des organisations concernées par le projet ont tous participé.
  • Le projet montre aussi que l’exhaustivité du système MADO-Chimique peut être augmentée. En effet, parmi les 201 patients déclarés pour une amiantose ou un mésothéliome par les trois hôpitaux, 138 (68,7 %) n’étaient pas inscrits dans le système MADO-Chimique.
  • Le projet révèle également qu'il faut ajuster certains aspects de la démarche testée :
  • Le temps requis pour la réalisation de l'enquête auprès de chaque patient qui représente une charge de travail considérable pour les équipes de santé publique.
  • La détermination de l'exposition professionnelle et environnementale à l'amiante nécessaire pour répondre à la définition des cas d'amiantose et de mésothéliome utilisée pour le système MADO-Chimique.
  • La proportion de cas déclarés d'amiantose ne répondant pas à la définition utilisée qui atteint 40 % alors que, pour les mésothéliomes, elle est de 17 %. Des problèmes de codage du diagnostic d'amiantose et l'arrivée du rapport final d'anatomopathologie des patients avec un mésothéliome, après leur sortie de l'hôpital, expliquent une partie de ces résultats.

Les recommandations

Parmi les recommandations contenues dans ce rapport, nous présentons ici les avenues pour donner suite au projet de déclaration de chacune des maladies.

Pour l’amiantose :

  • La procédure de déclaration pourrait être reprise en se limitant aux cas de cette maladie dont le diagnostic est inscrit par le médecin sur la feuille sommaire d’hospitalisation. Ceci pourrait contribuer à diminuer le nombre de cas qui ne correspondent pas à la définition de la maladie.
  • L’obtention des rapports d’imagerie médicale et des consultations médicales jusqu’à six ans avant l’hospitalisation liée à la déclaration et jusqu’à un an après celle-ci diminuerait la charge de travail du personnel infirmier en couvrant la majorité des situations.

Pour le mésothéliome :

  • Le rapport d’anatomopathologie final pourrait être envoyé au directeur de santé publique avant que les intervenants entreprennent toute autre démarche. 
Auteur(-trice)s
Louise De Guire
M.D., Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-78543-9
Notice Santécom
Date de publication