Surveillance des souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes aux antibiotiques dans la province de Québec : rapport 2003

Le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) / Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) continue d’assurer la surveillance épidémiologique des souches de Neisseria gonorrhoeae productrice de pénicillinase (NGPP) et des autres souches résistantes aux antibiotiques avec la collaboration, en 2003, de 102 laboratoires hospitaliers et privés de la province de Québec.

En 2003, les souches de Neisseria gonorrhoeae envoyées au LSPQ ont été caractérisées selon leur sensibilité vis-à-vis les antibiotiques suivants : pénicilline, tétracycline, ceftriaxone et ciprofloxacine. Les souches présentant une résistance à au moins un des antibiotiques énumérés précédemment sont envoyées au Laboratoire National de Microbiologie à Winnipeg, pour une caractérisation plus poussée (profil plasmidique, auxotypie, sérologie ou amplification génique) dans le cadre du programme de surveillance canadien.

Ce programme de surveillance permet l'accès à une foule d'informations, notamment l’incidence de ces infections, les taux de NGPP et de souches résistantes à la ciprofloxacine, ses fluctuations, les disparités régionales, l’émergence de nouvelles résistances, les caractéristiques épidémiologiques des souches et leur sensibilité aux agents antimicrobiens. Ces données peuvent renseigner les autorités de santé publique qui ont à prendre des décisions sur les différents régimes thérapeutiques appliqués aux infections gonococciques. 

Le programme de surveillance a permis, en 2003, de mettre en évidence les points suivants :

  • Parmi les 102 laboratoires à qui nous avons envoyé un questionnaire mensuel, 65 ont indiqué avoir eu au moins un cas de Neisseria gonorrhoeae en 2003, nous permettant d'établir le nombre total à 950 souches-patients.
  • De ces 65 laboratoires, 55 nous ont fait parvenir 351 souches des 950 cas signalés pour fins d’analyse de sensibilité aux antibiotiques dont une large proportion est non sensible à la pénicilline (87 %) et/ou la tétracycline (79 %).  
  • L’incidence globale de cas d’infections à N. gonorrhoeae est en hausse de 17,5 % en  2003 (809 cas en 2002 à 950 cas en 2003).
  • La proportion des souches productrices de b-lactamase a plus que doublé en 2003 (29 cas en 2002 à 63 cas en 2003).
  • Une augmentation de la résistance à la ciprofloxacine avait été observée en 2001 avec  24/453 souches analysées comparativement à 4/488 en 2000 alors qu’en 2002, 11/369 souches étaient résistantes. Cette année, 14/350 sont résistantes à cet antibiotique. Les souches résistantes à la ciprofloxacine se retrouvent particulièrement chez les hommes âgés de 20-49 ans (13/13 des souches chez les hommes) et semblent plus associées à une région sociosanitaire. Bien que l’orientation sexuelle des cas ne soient pas disponibles à partir des données de laboratoire, il est probable que l’on assiste au même phénomène que celui rapporté aux États-Unis où l’on a signalé une augmentation des infections à Neisseria gonorrhoeae résistantes aux fluoroquinolones chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (23). Une étude canadienne (14) effectuée sur 2 687 souches rapporte une incidence de 4,8 % de souches résistantes à la ciprofloxacine entre 1997 et 1999. Récemment, un taux de 2,1 % a été rapporté pour le centre du Canada (Ontario, Québec) (20).

La détermination de la résistance à la ciprofloxacine demeure primordiale pour tout isolat de Neisseria gonorrhoeae issu d’un patient qui aurait acquis l’infection lors d’un voyage dans des endroits où l’incidence de la résistance aux quinolones est élevée (1, 5, 6, 8, 11, 12, 13, 14 à 19, 22, 23). Cette précaution est de mise compte tenu de l’utilisation, par certains laboratoires, de l’amplification génique (PCR, LCR) comme technique de détection du gonocoque, ce qui empêche l’accès à ces souches pour fins de détermination de la résistance aux antibiotiques.

Dans le contexte où le profil de la résistance des souches de Neisseria gonorrhoeae évolue constamment, il demeure opportun de favoriser l’utilisation de la culture. Les laboratoires qui effectuent déjà, en pratique courante, des épreuves de sensibilité pour Neisseria gonorrhoeae devraient déterminer la sensibilité à la ciprofloxacine (2, 3, 4, 9, 10). Heureusement, toutes les souches caractérisées jusqu'à présent au LSPQ demeurent sensibles à la ceftriaxone et par le fait même, à la céfixime.

Note(s)

L'ensemble des données de surveillance du LSPQ sont disponibles dans la section du site Web de l'Institut réservée au LSPQ.

Type de publication
ISBN (imprimé)
2-550-43673-3
ISSN (électronique)
1921-670X
ISSN (imprimé)
1714-5368
Notice Santécom
Date de publication