Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik 2004 : exposition aux contaminants environnementaux au Nunavik : métaux

Les Inuits du Nunavik sont exposés aux métaux et aux polluants organiques persistants (POPs) transportés du sud au nord par les courants marins et atmosphériques, et bioamplifiés dans les réseaux alimentaires de l’Arctique. Comme leur régime alimentaire traditionnel comporte d’importantes quantités de mammifères marins, de poissons et de gibier, les Inuits sont davantage exposés à ces contaminants que les populations vivant dans les régions du Sud. Le mercure et le plomb affectent surtout le système nerveux et peuvent causer des déficiences intellectuelles, comportementales et motrices chez les enfants et les adultes. Le principal risque pour la santé associé au cadmium est la toxicité rénale, tandis que l’exposition chronique peut aussi causer l’anémie, la perte osseuse et les maladies cardiovasculaires. Les objectifs de cette étude, menée dans le cadre de l’Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik en 2004, étaient : 1) d’examiner les changements relativement à l’exposition des Inuits aux contaminants environnementaux en mettant à jour l’évaluation du degré d’exposition et 2) de commencer à mesurer les contaminants environnementaux émergents.

De 1992 à 2004, le niveau de mercure sanguin a diminué de 30 %. Cette tendance à la baisse peut s’expliquer par les efforts de promotion en matière de consommation d’aliments traditionnels moins contaminés, ou par l’adoption d’un régime alimentaire occidental. La cause de cette baisse n’a pas été élucidée et pourrait être identifiée en examinant les résultats concernant la consommation d’aliments traditionnels recueillis dans le cadre de l’Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik en 2004. La concentration de plomb affichait une diminution de moitié pendant la même période, diminution qui s’explique par l’interdiction quant à l’utilisation de cartouches au plomb pour la chasse et les campagnes de prévention sur les effets néfastes du plomb pour la santé. De même, le degré d’exposition au cadmium a baissé de 23 %, sauf chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans.

Ces résultats encourageants montrent clairement que les campagnes de prévention en santé publique, telle l’interdiction des cartouches au plomb, peuvent réduire le degré d’exposition des Inuits aux métaux et ce faisant, les impacts sur la santé. Il n’en demeure pas moins qu’une forte proportion d’individus et de femmes en âge de procréer affichent des niveaux de concentration sanguine au-dessus de l’apport quotidien acceptable selon l’Organisation mondiale de la santé, notamment pour le mercure et le cadmium. Des interventions en santé publique plus proactives et coordonnées contre l’usage du tabac devraient être encouragées afin de réduire le degré d’exposition au cadmium et prévenir les risques pour la santé que représentent le cancer du poumon, les maladies cardiovasculaires et l’asthme chez les enfants. Quant au mercure, il faudrait continuer de promouvoir la réduction de la consommation d’espèces marines contaminées, notamment chez les femmes enceintes et celles qui allaitent, de même que chez les femmes en âge de procréer.

Auteur(-trice)s
Éric Dewailly
Unité de recherche en santé publique, Centre Hospitalier Universitaire de Québec et Institut national de santé publique du Québec
Pierre Ayotte
Ph. D., toxicologue, chercheur, professeur titulaire, Institut national de santé publique du Québec, Université Laval
Daria Pereg
Groupe environnement, Unité de recherche en santé publique, Centre Hospitalier Universitaire de Québec
Serge Déry
Direction de santé publique du Nunavik
Renée Dallaire
Groupe environnement, Unité de recherche en santé publique, Centre Hospitalier Universitaire de Québec
Julie Fontaine
Groupe environnement, Unité de recherche en santé publique, Centre Hospitalier Universitaire de Québec
Louis Rochette
Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
Notice Santécom
Date de publication