L'utilisation de véhicules motorisés récréatifs dans des édifices publics - Proposition d'un critère pour assurer une qualité sécuritaire de l'air

Malgré les efforts déployés depuis quelques années, les expositions significatives au monoxyde de carbone (CO) sont encore fréquentes au Québec. L’utilisation de véhicules motorisés récréatifs dans des conditions inadéquates constitue l’une des activités susceptibles d’entraîner une surexposition à ce gaz.

Les amateurs de compétitions impliquant des véhicules motorisés ignorent très souvent qu’ils peuvent s’exposer à des concentrations élevées de CO lorsqu’ils assistent à ce genre de spectacle. Il en est de même pour les adeptes de petits véhicules motorisés (go-karts) circulant sur des pistes aménagées à l’intérieur.

Les expositions aux gaz d’échappement encourues lors des loisirs sont peu réglementées et peu surveillées au Québec. C’est pourquoi, les directions de santé publique (DSP) ont demandé à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) de se pencher sur la question et de réaliser un guide afin d’aider les intervenants régionaux ainsi que les gestionnaires d’établissements publics à assurer une bonne qualité de l’air intérieur pour les personnes fréquentant ces lieux.

Les spectacles de véhicules motorisés à l’intérieur d’édifices publics représentent un risque non négligeable d’exposition significative au CO. Par mesure préventive, des critères devraient être fixés pour éviter des surexpositions pour les utilisateurs et les travailleurs en tenant compte des personnes les plus vulnérables. Les situations entraînant des concentrations de COHb de plus de 0,025 et de 0,035 (2,5 % et de 3,5 %) pour la population en général et les travailleurs respectivement devraient être corrigées. Pour les spectacles de compétitions de véhicules motorisés, on recommande un critère de 35 ppm en moyenne sur 3 heures, et pour les adeptes de karting, 25 ppm sur 1 heureh et 35 ppm pour 30 minutes. Ces critères offrent une bonne marge de sécurité pour la majorité des spectateurs ou utilisateurs, car la plupart d’entre eux ne sont exposés que quelques fois par année, le risque augmentant avec la fréquence de l’exposition au cours de l’année. Ceci est particulièrement vrai dans le cas des spectateurs de compétitions de moto-cross qui n’assistent le plus souvent qu’à une seule compétition par année. Pour les travailleurs, la recommandation du CMPSATQ de 25 ppm sur 8 heures devrait être appliquée.

À la lumière des cas documentés jusqu’ici, il semble que le respect de ces recommandations représentera un défi important pour ce qui est des débits de ventilation requis et de sa répartition dans l’espace. Exprimés en termes de taux de changements d’air à l’heure, cela signifiera pour des arénas de grandeur moyenne, des débits d’air requis pouvant atteindre entre 7 et 10 changements d’air à l’heure pendant une compétition de véhicules moteurs (chaque situation devant être étudiée individuellement).

Enfin, il est fortement souhaitable d’obtenir la collaboration des intervenants du milieu des loisirs ainsi que du milieu municipal lors de la planification d’un évènement impliquant des véhicules motorisés dans un édifice public et de la surveillance de la qualité de l’air, afin de tenir compte des critères présentés dans ce document.

Auteur(-trice)s
Benoît Lévesque
M.D., M. Sc., FRCPC, médecin spécialiste, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie
Guy Sanfaçon
Ph.D., Ministère de la Santé et des Services sociaux
ISBN (imprimé)
2-550-38764-3
Notice Santécom
Date de publication