29 octobre 2018

Kareen Nour, coordonnatrice régionale

Portrait
Auteur(s)
Germain Lebel
M. A., M. Sc., conseiller scientifique, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie
Patrick Poulin
Ph. D., conseiller scientifique spécialisé, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec

Le comité de rédaction vous propose cette rubrique qui dresse le portrait d’un acteur du Québec œuvrant dans le domaine de la santé environnementale. L’objectif de ce portrait est de mettre en lumière le travail – mais aussi le parcours, la vision et les accomplissements – de professionnels du réseau de la santé. La rubrique innove à nouveau en vous présentant cette fois le portrait d’une nouvelle arrivée dans le giron de la santé environnementale québécoise.

Nouvelle coordonnatrice régionale de l’équipe Maladies infectieuses, de gestion des menaces et santé environnementale à la Direction de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre, Mme Nour a accepté d’accorder cette entrevue aux professionnels du BISE.

En introduction, pouvez-vous résumer votre parcours professionnel?

Détentrice d’un doctorat en santé publique de l’Université de Montréal, Kareen a d’abord étudié la psychologie, puis la gérontologie à l’Université de Sherbrooke. Elle a œuvré comme professionnelle de recherche et comme chercheuse en promotion de la santé pendant dix ans au CLSC René-Cassin (CSSS Cavendish) de Montréal, avant de joindre les rangs des chercheurs d’établissement de l’équipe Planification, évaluation et recherche du CISSS de la Montérégie-Centre. En marge de ses activités de recherche, Kareen s’implique depuis plus de dix ans dans le milieu de l’enseignement à titre de professeure agrégée de clinique au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal ainsi que de professeure associée en médecine préventive à l’Université de Sherbrooke. Passionnée par le domaine de la gestion, sa feuille de route s’est bonifiée en prenant part au Programme de formation des cadres (FORCES) de la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé (FCASS), notamment dans le cadre d’un projet touchant les inégalités sociales de santé. Enfin, la participation à un microprogramme de gestion de l'Université de Montréal complète son cursus universitaire aussi intéressant que diversifié.

Lorsque vous rencontrez un ami de longue date que vous n’avez pas croisé depuis longtemps, que répondez-vous à la question « Que fais-tu dans la vie »?

« Mon parcours depuis deux ans environ m’a amené à œuvrer comme chef de service, puis comme coordonnatrice de plusieurs équipes de professionnels dans le domaine de la santé publique. J’encadre le travail d’environ 60 professionnels (agents de programmation, de planification et de recherche; médecins; étudiants; techniciens; agentes administratives) à la DSP de la Montérégie, en santé environnementale et en maladies infectieuses. Ne venant pas du domaine de la protection, j’ai dû faire beaucoup d’efforts pour acquérir rapidement et fortement un ensemble complexe d’information et de connaissances sur les enjeux et problématiques de santé environnementale. Pour ce faire, j’ai pu compter sur une équipe multidisciplinaire avec des expertises diversifiées. Mais attention! Je ne suis pas une experte de contenu, mais bien de processus et d’organisation du travail. Comme gestionnaire, mon rôle consiste à tenter d’alléger les tâches et d’optimiser le travail des professionnels dont j’ai la responsabilité. Je suis comme la chef d’orchestre qui s’assure que tout se déroule bien. Que ça brûle, que ça pique ou que ça fasse mal, je suis là pour m’assurer que mes équipes éteignent les feux! »

Quelle est la complémentarité de vos activités d’enseignement et de recherche avec vos tâches?

« L’enseignement, la recherche et l’encadrement de stagiaires universitaires permettent de m’assurer d’être à la fine pointe sur le plan scientifique ainsi qu’en matière de pratiques de gestion. L’encadrement des stagiaires amène aussi les professionnels à innover et à se dépasser tout en assurant un transfert efficace des connaissances à la relève. »

Quels sont les plus grands projets qui ont monopolisé vos énergies en Montérégie?

L’équipe de santé environnementale de la Montérégie travaille actuellement sur plusieurs dossiers, dont quatre grands qui monopoliseront l’énergie des troupes au cours des prochains mois :

  1. Le processus de mise en œuvre du Plan d’action régional (PAR) : Tout un travail de réflexion sur les grands défis de l’équipe, dont la mise en œuvre du PAR, a été entrepris depuis son arrivée en tant que gestionnaire. Ce processus impose en plus une bonne collaboration entre les trois CISSS de la région, de même qu’avec une multitude d’acteurs du réseau. Une tournée de différentes municipalités est d’ailleurs en cours afin d’assurer la cohérence de ce processus au regard des besoins et des enjeux prioritaires identifiés par les interlocuteurs locaux et municipaux.
  2. L’offre de service régional sur les opioïdes est aussi un dossier d’actualité très complexe. L’offre de service de la Montérégie doit concilier de multiples partenaires, dont : les médecins, les organismes communautaires, le service de police, les trois CISSS, etc. La mise en place d’une table de concertation régionale permet la collaboration entre les différentes instances afin de bien comprendre les rôles et responsabilités de chacun dans le but de tenter d’endiguer ce problème émergeant.
  3. Prendre soin de notre monde (PSNM) : Sur une note un peu plus personnelle, Kareen s’implique comme représentante de la Table de concertation nationale en santé environnementale (TCNSE) dans l’initiative PNSM. Ce dossier s’inscrit tout à fait dans la foulée de ses préoccupations professionnelles dans la collaboration avec les municipalités pour la mise en place d’environnements favorables à la santé. Elle peut être ainsi une personne stratégique qui représente les intérêts de la santé environnementale sur la scène provinciale.
  4. Chaleur accablante : D’une part, Kareen relate les grands dossiers sur cette thématique. Elle parle des lignes du projet de recherche Chaleur à l’intérieur des logements (CHIL). Un des objectifs de ce projet est de documenter le lien entre les seuils de chaleur extrême extérieure, la température mesurée à l’intérieur des habitations, les adaptations au domicile et les comportements de santé pour se protéger, et ce, plus spécifiquement chez les personnes les plus vulnérables (personnes âgées). D’autre part, elle mentionne les travaux en cours, afin d’estimer le nombre de décès liés à la chaleur pendant les vagues de l’été 2018. Cette enquête épidémiologique permettra aussi d’apprécier les impacts des messages et des activités de prévention destinés à la population.

Quelles ont été les sources de motivation à l’origine de votre implication en santé environnementale?

L’implication de Kareen, d’abord comme chef de service (novembre 2016), puis comme coordonnatrice régionale (juin 2017), s’inscrit dans un parcours professionnel orienté vers la gestion. Le besoin d’inciter une équipe de santé publique à se dépasser et à répondre le plus efficacement possible aux mandats confiés correspond bien à ses aspirations comme gestionnaire. Selon elle, le fait de ne pas être une experte de contenu (en maladies infectieuses et en santé environnementale) peut constituer un atout pour mener à bien ses tâches de gestionnaire. De plus, puisque le domaine de la protection – à la DSP de la Montérégie et en général – est bien organisé et structuré, elle s’est immédiatement sentie à l’aise dans l'exercice de ses plus récentes fonctions.

La santé environnementale porte précisément le type de mandat qui l’« allume » intellectuellement. Elle mentionne également que, malgré les coupes budgétaires de 30 % survenues en 2015-2016, les enjeux régionaux de santé environnementale sont demeurés les mêmes. Le territoire de la Montérégie est immense et diversifié, combinant des problématiques associées tant aux milieux urbains que ruraux. Cette diversité est une grande source d’intérêt et de motivation. Afin de relever tous les défis régionaux de santé environnementale, Kareen peut compter sur une équipe de ressources professionnelles d’expérience, multidisciplinaire, dynamique et engagée, menée par une responsable de la coordination à l’expertise et au savoir-faire reconnus par tous. De plus, afin de s’assurer que tous les professionnels demeurent à jour, Kareen les encourage fortement à suivre des formations et à se tenir à jour au regard de la littérature scientifique, telle celle publiée par les organismes compétents, comme l’INSPQ. Elle est très fière de son équipe de santé environnementale.

En conclusion, le poste de coordonnatrice régionale en maladies infectieuses et santé environnementale correspond bien aux aspirations professionnelles et personnelles de Kareen. Son objectif : que ses équipiers soient heureux au travail, qu’ils s’accomplissent intellectuellement et qu’ils aient aussi envie d’innover, de se dépasser et de se mobiliser pour la protection de la santé de la population.