Étude de l'observance des avis d'ébullition dans la population québécoise

L'avis d'ébullition est une mesure préventive efficace permettant de protéger la santé des populations contre des organismes pathogènes d'origine hydrique dont la présence dans l'eau potable est confirmée ou soupçonnée. En cas de contamination microbienne, l'émission d'un avis d'ébullition de l'eau de consommation dans un délai raisonnable peut jouer un rôle majeur dans la protection de la santé publique. Au Québec, il existe peu de données sur la proportion de la population au courant des avis d'ébullition et surtout, dans quelle mesure ils sont respectés. Cette étude vise à améliorer les connaissances sur cette situation.

L'étude a documenté trois aspects soit les contenus des messages véhiculés à la population lors de l'émission d'avis d'ébullition et les procédures de transmission mises en place, le degré d'observance (c'est-à-dire le respect des consignes) de la population et les facteurs personnels et organisationnels associés au comportement adopté par la population touchée.

Les données ont été obtenues à partir de plusieurs stratégies de collecte. Un sondage téléphonique a été mené auprès d'un échantillon de la population âgée de 18 ans et plus provenant de onze municipalités de petite taille (≤ 5 000 habitants, n = 100 entrevues par municipalité) et quatre de grande taille (> 5 000 habitants, n = 175 entrevues par municipalité) entre le 2 mai et le 9 décembre 2007. Deux suivis téléphoniques ont été menés auprès des responsables du dossier de l'eau potable des directions de santé publique (DSP) concernées. Le premier a permis de documenter leurs stratégies en lien avec l'émission d'un avis d'ébullition (confirmation auprès de l'exploitant et transmission d'un modèle d'avis). Le second, mené après la réalisation du sondage populationnel, permettait de confirmer l'émission de l'avis et de documenter les actions entreprises par la DSP. Enfin, les gestionnaires des réseaux touchés ont participé à une entrevue qui portait sur le contenu des messages transmis à la population ainsi que sur les stratégies de diffusion utilisées. Au plan statistique, les données ont été pondérées afin que l'échantillon soit représentatif de la population des municipalités ayant participé à l'enquête.

Les résultats montrent que le contenu des avis diffusés comprenait la plupart du temps le secteur touché, la cause du problème et la durée de l'avis d'ébullition. Les petites municipalités fournissaient un avis plus complet en identifiant les groupes vulnérables (jeunes enfants, personnes âgées, malades immunosupprimés) ainsi que les risques liés à l'utilisation de l'eau non bouillie pour le bain et la douche et les autres usages pour lesquels il est déconseillé d'utiliser de l'eau non bouillie. Les moyens utilisés par les municipalités pour diffuser l'avis étaient très variés (radio, télévision, journaux, dépliants de porte en porte ou postés, porte-voix, Web, système téléphonique informatisé, contact avec les responsables d'établissements publics de santé, d'éducation, de garderies, de centres d'hébergement, etc.).

L'avis d'ébullition était connu par environ 76 % de la population. Il n'y avait pas de différence entre les hommes et les femmes. Les habitants des petites municipalités étaient légèrement moins au courant de l'existence de l'avis (environ 71 % comparativement à 77 %). Comparées aux personnes âgées de 18 à 34 ans, celles âgées de 55 ans et plus étaient moins au courant de l'avis. L'étude montre que la population connaissait plus souvent l'existence de l'avis lorsqu'il avait paru sur le site Web de la municipalité ou transmis par porte-voix, affichage public ou système téléphonique automatisé et moins lorsque les médias traditionnels étaient utilisés.

Globalement, la population avait tendance à respecter surtout la consigne ayant trait à la non-consommation directe de l'eau (93 %) alors que pour d'autres utilisations de l'eau comme la préparation de jus et de glaçons, le lavage de fruits et de légumes (62 %), ou le brossage de dents (40 %), les consignes étaient moins suivies. L'observance complète des avis n'a été observée que par 35 % de la population informée d'un avis d'ébullition. La consigne concernant le brossage de dents était davantage respectée lorsqu'elle était mentionnée explicitement dans l'avis. On constate que l'observance était plus élevée lorsque les moyens de communication étaient le site Web de la municipalité, l'utilisation d'un porte-voix, l'affichage public, le système téléphonique automatisé ou encore en utilisant comme relayeurs les établissements publics. La diffusion d'un dépliant favorisait par ailleurs l'observance en lien avec le brossage de dents.

L'émission d'avis complet mentionnant les consignes pour tous les usages ainsi que sur l'identification des personnes vulnérables devrait être recommandée à tous les gestionnaires responsables de l'élaboration des avis d'ébullition. Un message standard pourrait être conçu en ce sens en tenant compte des modes de communication multiples et des préférences médiatiques des populations concernées.

Auteur(-trice)s
Fassiatou O. Tairou
Institut national de santé publique du Québec
Denis Gauvin
M. Sc, conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Claire Laliberté
M. A., M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Suzanne Gingras
Institut national de santé publique du Québec
Patrick Levallois
M. D., M. Sc. FRCPC, médecin spécialiste. Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-63810-0
ISBN (imprimé)
978-2-550-63809-4
Notice Santécom
Date de publication