Risques sanitaires potentiels associés aux altérations des fondations de bâtiments par la pyrrhotite

La présence de sulfures de fer, telle que la pyrrhotite, dans les fondations de béton de bâtiments à vocation résidentielle ou commerciale est susceptible d’engendrer leur détérioration. Bien que le survol de la littérature effectué n’ait pas permis d’identifier de risques sanitaires directement associés à cette problématique, la présence de pyrrhotite pourrait théoriquement mener, dans certaines circonstances et de façon indirecte, à une altération de la qualité de l’air intérieur des bâtiments concernés, laquelle pourrait à son tour mener à des risques pour la santé du système respiratoire des occupants. Cependant, ces altérations de la qualité de l’air ne poseraient pas davantage de risque à la santé que s’ils étaient provoqués par d’autres types de dommages affectant les fondations de bâtiment (affaissement de sol, inondation, etc.).

D’autre part, l’augmentation de la perméabilité des fondations engendrée par les processus d’oxydation de la pyrrhotite pourrait favoriser l’infiltration de gaz d’origine souterraine (tel le radon) ou encore d’eau, sous forme liquide ou gazeuse, propice au développement des moisissures et d’acariens. Ainsi, l’augmentation de l’humidité relative dans l’air des bâtiments est également susceptible de contribuer aux émissions de formaldéhyde en provenance des matériaux de construction et de diverses fournitures synthétiques. Cependant, à la lumière de la littérature consultée et du contexte décrit dans le présent document, il n’apparaît pas plausible que le processus d’oxydation de la pyrrhotite engendre d’importantes émanations de gaz sulfurés.

Selon l’ensemble des informations compilées dans le présent document, il appert donc que le contrôle de l’activité volumique du radon en milieux intérieurs, des infiltrations d’eau ainsi que de l’humidité relative dans l’enceinte des bâtiments contribueraient à diminuer les risques sanitaires identifiés. Voici quelques conseils pour y parvenir :

  • La mesure des concentrations de radon en milieu intérieur est universellement recommandée. Lorsque celles-ci atteignent une valeur moyenne de plus de 200 Bq/m3, la mise en oeuvre de travaux d’atténuation, souvent simples et efficaces, devrait être envisagée. Dans les cas où il est prévu que les fondations d’un bâtiment soient reconstituées (à l’instar de la construction de nouveaux bâtiments), des mesures préventives peuvent être mises en place en vue de limiter les infiltrations de radon (p. ex., l’installation d’une membrane de polyéthylène sous la dalle de béton). De plus, le cas échéant, des mesures de réduction des habitudes tabagiques devraient être envisagées.
  • La mise en oeuvre de travaux, même temporaires, visant à limiter les infiltrations d’eau libre ou gazeuse, lorsque possible, pourrait s’avérer pertinente.
  • Le suivi de l’humidité relative, à l’aide d’un hygromètre, ainsi que son maintien à près de 50 % durant la saison estivale et à environ 30 % au cours de la saison hivernale est également souhaitable. Afin de remplir ces conditions, il pourrait être envisagé de favoriser une meilleure ventilation des lieux, voire d’utiliser un déshumidificateur, notamment au soussol là où les taux d’humidité relative sont fréquemment plus élevés, surtout en été.
Auteur(-trice)s
Patrick Poulin
Ph. D., conseiller scientifique spécialisé, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec
Marie-Hélène Bourgault
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Jean-Marc Leclerc
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-70432-4
ISSN (électronique)
59714
Notice Santécom
Date de publication