Résultats annuels de surveillance intégrée du VNO et des autres arbovirus : année 2022

Virus du Nil occidental

Surveillance humaine

Au Québec, la surveillance humaine du virus du Nil occidental (VNO) a débuté en 2003, bien que les premiers cas humains ont été observés en 2002. Depuis, le nombre de cas humains déclarés au Québec fluctue annuellement, comportant deux pics importants en 2012 et en 2018. Outre ces deux années, le nombre de cas reste généralement faible (Figure 1).

Figure 1 - Nombre de cas humains d’infection par le VNO acquis au Québec et taux d’incidence, Québec, 2003 – 2022

 

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 2 mars 2023 ; MSSS, population du Québec basée sur les estimations et projections démographiques.

En 2022, 10 cas d’infection par le VNO ont été rapportés dans six régions sociosanitaires (RSS) (Tableau 1). Tous les cas ont été acquis au Québec. Le premier cas symptomatique est un résidant l’île de Montréal, qui a débuté sa maladie à la fin du mois de juillet (Figure 2).

L’âge des cas variait de 15 à 84 ans (âge médian de 72 ans) et 90 % étaient des hommes (9 cas sur 10). La personne de moins de 18 ans était asymptomatique. La quasi-totalité (9/10) a présenté une atteinte neurologique ayant nécessité une hospitalisation, dont quatre aux soins intensifs. Un décès a été rapporté chez une personne de 60 ans et plus.

Surveillance animale passive

En 2022, le Centre québécois sur la santé des animaux sauvages – Réseau canadien pour la santé de la faune (CQSAS) a testé 145 oiseaux sauvages appartenant à dix espèces différentes. Parmi eux, 77 (53 %) ont été trouvés positifs pour le VNO. Le rehaussement des critères de surveillance aviaire suite à l’épidémie de l’influenza aviaire H5N1 en 2022 a eu comme effet d’augmenter considérablement le nombre de corvidés récoltés et testés pour le VNO.

L’ensemble des oiseaux rapportés en 2022 ont été trouvés dans 13 RSS, mais principalement en Montérégie (RSS la plus touchée par H5N1, avec l’Estrie) (Tableau 1). Le premier oiseau positif pour le VNO était un faucon émérillon découvert en Montérégie, en date du 2 juillet 2022 (Figure 2).

En 2022, un cheval a été déclaré positif pour le VNO par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec dans la région de Chaudière-Appalaches. Il est à noter qu’une grande proportion des chevaux est aujourd’hui vaccinée contre le VNO au Québec.

Tableau 1 - Nombre de cas humains et cas animaux (oiseaux sauvages et chevaux) d’infection au VNO selon la RSS d’acquisition probable, Québec, 2022

RSS d'acquisition  Nombre de cas humains Nombre de cas animaux 
 Saguenay - Lac-Saint-Jean

0

1

 Capital-Nationale

0

5

 Mauricie-et-Centre-du-Québec

0

5

 Estrie 0 4
 Montréal

2

13

 Outaouais

0

6

 Abitibi-Témiscamingue

0

1

 Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine

0

1

 Chaudière-Appalaches

0

3 (dont 1 cheval)

 Laval

1

1

 Lanaudière

2

4

 Laurentides

3

6

 Montérégie

1

28

Laurentides ou Bas-Saint-Laurent

1

 

TOTAL

10

78

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 2 mars 2023 et Centre québécois sur la santé des animaux sauvages – Réseau canadien pour la santé de la faune.

Figure 2 - Nombre de cas humains et animaux aviaires selon le mois de déclaration*, Québec, 2022

 

*Selon la date de début de la maladie des cas humains et de collecte des oiseaux sauvages.

Surveillance entomologique

Pour les années 2022 et 2023, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a mis en pause la surveillance entomologique du VNO, afin de permettre au Groupe d’experts sur les maladies transmises par les moustiques de l’Institut national de santé publique (INSPQ) de proposer une stratégie de surveillance entomologique mieux adaptée aux besoins.

Autres arbovirus

Virus du sérogroupe Californie

Le Québec surveille les cas d’infection humaine associés aux virus du sérogroupe Californie (VSC) depuis plusieurs décennies par l’entremise des « encéphalites transmises par arthropodes ». Depuis la mise en vigueur du nouveau Règlement d’application de la Loi sur la santé publique le 17 octobre 2019, toutes les infections par les VSC sont à déclaration obligatoire par les laboratoires. De plus, les arboviroses neuroinvasives sont à déclaration obligatoire par les médecins et ne se limitent plus seulement aux atteintes du système nerveux central (anciennement appelées Encéphalites transmises par arthropodes). Les virus Jamestown Canyon (VJC) et du Snowshoe Hare (VSSH) sont les VSC les plus fréquemment observés au Québec.

En 2022, 15 cas d’infection aux VSC ont été déclarés, soit 1 cas confirmé et 14 cas probables. Treize cas ont été acquis au Québec. Parmi ces 15 cas, onze étaient associés au VJC, trois au VSSH et un dont l’étiologie est demeurée indéterminée. Les cas acquis localement provenaient principalement de la Mauricie–Centre-du-Québec et de la Montérégie (Tableau 2).

Parmi les 15 cas d’infection aux VSC, neuf sont survenus chez des femmes. Les cas étaient âgés de 18 à 82 ans (âge médian de 55 ans). La quasi-totalité des cas (14 sur 15) s’est présentée avec un syndrome neurologique, dont 11 ont été hospitalisés et deux admis en soins intensifs. Deux décès sont survenus chez des personnes de plus de 70 ans.

Pour les VSC, aucune surveillance animale n’est établie et en 2022, aucune surveillance entomologique associée aux VSC n’a eu lieu.

Tableau 2 - Nombre de cas humains d’infection par les VSC selon la RSS d’acquisition probable, Québec, 2022

RSS d’acquisition Nombre de cas humains
 Capitale-Nationale 1
 Mauricie-et-Centre-du-Québec 4
 Laurentides 1
 Montérégie 4
Plusieurs RSS1 3
Total 13

1Les RSS d’acquisition possibles sont : Capitale-Nationale, Mauricie-et-Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches et Montérégie.
Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 2 mars 2023

Virus de l’encéphalite équine de l’Est

Les infections associées au virus de l’encéphalite équine de l’Est (VEEE) sont des maladies à déclaration obligatoire autant chez l’humain que chez les animaux. Le principal vecteur (Culiseta melanura) est présent au Québec, surtout autour des marécages. Puisqu’il se nourrit presque exclusivement chez les oiseaux, l’infection chez l’humain est généralement très rare bien qu’il y ait eu une éclosion importante de cas humains aux États-Unis en 2019, avec 38 cas déclarés et une moyenne de 11 cas annuellement. Au Québec, aucun cas d’infection humaine au VEEE n’a été rapporté à ce jour, bien qu’environ une cinquantaine de demandes de test de diagnostic soient acheminées annuellement au LSPQ.

Du côté de la surveillance animale, aucune infection chez les animaux n’a été déclarée par le MAPAQ et aucune surveillance entomologique associée au VEEE n’a eu lieu, en 2022.


AUTEUR(E)S

Najwa Ouhoummane, Ph. D., INSPQ
Ariane Adam-Poupart, Ph. D., INSPQ
Alejandra Irace-Cima, M.D., M. Sc., FRCPC, INSPQ
Miarisoa Rindra Rakotoarinia, M. Sc., INSPQ
Christian Therrien, Ph. D., LSPQ, INSPQ

REMERCIEMENTS
Sincères remerciements à Colette Gaulin, Juliette Martin, Nadine Magali-Ufitinema et Stéphanie Jodoin (MSSS), Stéphane Lair (CQSAS), Karl Forest-Bérard (INSPQ) et Groupe d’experts sur les maladies transmises par les moustiques de l’INSPQ.

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