Résultats annuels de surveillance intégrée du VNO et des autres arbovirus : année 2021

Virus du Nil occidental

Surveillance humaine

Au Québec, la surveillance humaine du virus du Nil occidental (VNO) a débuté en 2002, bien que le premier cas humain ait été observé en 2003. Depuis, le nombre de cas déclarés chez les Québécois fluctue annuellement, démontrant deux pics importants, soit en 2012 et en 2018. Outre ces deux années, le nombre de cas était généralement faible (Figure 1).

En 2021, le nombre de cas rapporté est l’un des plus faibles nombres enregistrés au Québec depuis 2011, avec 14 cas d’infection par le VNO. Parmi eux, 10 acquis au Québec, 2 hors Québec et le lieu d’acquisition était inconnu pour 2 autres cas. Les cas acquis localement ont été rapportés dans cinq régions sociosanitaires (RSS) (Tableau 1).

L’âge des cas variait de 30 à 91 ans, avec plus de 64 % des cas qui avaient 60 ans et plus et 64 % des cas étant des hommes. Un décès a été rapporté chez une personne de 80 ans et plus.

Figure 1 - Nombre de cas humain d’infection par le VNO acquis au Québec et taux incidence, Québec, 2003 – 2021

 

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 6 avril 2022; MSSS, estimations et projections démographiques basées sur le recensement de 2021.

Tableau 1 - Nombre de cas humains d'infection par le VNO et taux brut d'incidence selon la RSS d'acquisition probable, Québec, 2021

RSS d'acquisition probable

Nombre de cas déclaré

Taux d'incidence/100 000 p. a.

Capitale-Nationale

2

0,26

Montréal

3

0,15

Laval

3

0,67

Laurentides

1

0,16

Montérégie

1

0,07

TOTAL

10

0,12

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 6 avril 2022; MSSS, estimations et projections démographiques basées sur le recensement de 2021.

Surveillance animale passive

Entre le 27 juillet et le 14 septembre 2021, 12 oiseaux sauvages, appartenant à 6 espèces différentes, ont été déclarés positifs pour le VNO par le Centre québécois sur la santé des animaux sauvages – Réseau canadien pour la santé de la faune. Ceci représente une légère réduction par rapport à 2020 avec 19 oiseaux sauvages qui ont été rapportés positifs pour le VNO. L’ensemble des oiseaux rapportés en 2021 ont été trouvés dans les RSS de Mauricie-et-Centre-du-Québec, Estrie, Chaudière-Appalaches, Laurentides et Montérégie. C’est en Montérégie où le plus grand nombre d’oiseaux positifs pour le VNO ont été rapportés (5/12). Le premier oiseau positif pour le VNO étant une petite Buse découverte en Mauricie-et-Centre-du-Québec en date du 30 juillet 2021.

En 2021, aucun animal domestique n’a été déclaré positif pour le VNO par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. Il est à noter qu’une grande proportion des chevaux est aujourd’hui vaccinée contre le VNO au Québec.

Surveillance entomologique

La surveillance entomologique s’effectue depuis 2003, mais a été interrompue de 2007 à 2012 à cause du faible nombre de cas humain, puis reprise à partir de 2013. Le nombre de stations et de pièges entomologiques ainsi que leurs emplacements géographiques ont varié largement au fil du temps. Cependant, depuis 2017, la surveillance entomologique s’effectue dans les mêmes 49 stations, du 1er juin à la fin septembre, afin d’assurer un suivi longitudinal de la situation.

En 2021, 48 403 moustiques ont été collectés dont 8 500 sont des Cx. pipiens-restuans (principal vecteur du VNO au Québec). Ceci représente une nette augmentation par comparaison à 2020 où près de 5 500 Cx. pipiens-restuans ont été capturés. Malgré cette croissance, le nombre de lots de moustiques positifs pour le VNO a plutôt diminué. En effet, parmi les 1 987 lots de moustiques testés au LSPQ, 10 (0,5 %) étaient positifs au VNO comparativement à 29 (1,4 %) en 2020 (Tableau 2). Ce résultat coïncide avec le faible nombre de cas humains et animaux infectés rapportés cette année. Les 10 lots positifs sont tous de Cx. pipiens-restuans et ont été détectés dans six stations entomologiques provenant de 4 sur 7 RSS échantillonnées.

Une diminution dans le nombre de lots positifs a été observée dans toutes les RSS échantillonnées à l’exception de la Capitale-Nationale, où le nombre de lots positifs a plutôt augmenté, passant de 1/429 (0,2 %) en 2020 à 6/526 (1,1 %) en 2021.

Tableau 2 - Distribution des stations entomologiques et des lots de moustiques collectés et analysés pour le VNO par région sociosanitaire (RSS) du Québec, 2021

RSS Nombre de stations déployées
(stations positives)
Nombre de lots positifs / nombre de lots analysés* (%)
Capitale-Nationale 14 (2) 6/526 (1,1 %)
Mauricie-et-Centre-du-Québec 7 (0) 0/291
Montréal 5 (1) 1/212 (0,5 %)
Outaouais 7 (0) 0/298
Laval 4 (2) 2/145 (1,4 %)
Lanaudière 7 (1) 1/315 (0,3 %)
Montérégie 5 (0) 0/200
TOTAL 49 10/1 987 (0,5%)

* Détection du VNO par la méthode de transcription inverse et réaction en chaîne de la polymérase en temps réel (RT-PCR) réalisée par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ).
Source : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction en date du 6 avril 2022

Surveillance intégrée du VNO

L’intégration de l’ensemble des données de surveillance du VNO provenant des volets humain, animal et entomologique de la saison est présentée à la Figure 2. Elle permet d’obtenir un portrait global de la saison et d’observer que le premier signal du VNO étant un lot de moustiques positifs collecté le 21 juillet 2021 (semaine CDC 29), soit quatre semaines avant la date de début des symptômes du premier cas humain.

Figure 2 - Surveillance intégrée du VNO (Nombre de cas humains, animaux et de lots de Culex pipiens-restuans positifs) par semaine CDC* au Québec – 2021

 

* Selon la date de début de symptômes des cas humains et de collecte des animaux et des moustiques.

Autres arbovirus

Virus du sérogroupe Californie

Le Québec surveille les cas d’infection humaine associés aux virus du sérogroupe Californie (VSC) depuis plusieurs décennies par l’entremise des « encéphalites transmises par arthropodes ». Depuis la mise en vigueur du nouveau Règlement d’application de la Loi sur la santé publique le 17 octobre 2019, toutes les infections par les VSG sont à déclaration obligatoire par les laboratoires. De plus, les arboviroses neuroinvasives sont à déclaration obligatoire par les médecins et ne se limitent plus seulement aux atteintes du système nerveux central (anciennement appelées Encéphalites transmises par arthropodes). Les virus Jamestown Canyon (VJC) et du Snowshoe Hare (VSSH) sont parmi les plus fréquemment observés au Québec.

En 2021, 16 cas d’infection aux VSC ont été déclarés, dont 8 acquis au Québec et le lieu d’acquisition était inconnu pour les 8 autres. Parmi ces 16 cas, 7 étaient associés au VJC, 6 au VSSH et 2 dont l’étiologie est demeurée indéterminée. L’information quant au microorganisme responsable de l’infection était indisponible pour 1 épisode. L’ensemble des cas résidaient dans les RSS du Bas-Saint-Laurent (n = 3), Capitale-Nationale (n = 1), Mauricie-Centre-du-Québec (n = 2), Estrie (n = 1), Montréal (n = 1), Gaspésie-Ile-de-la-Madeline (n = 1), Chaudière-Appalaches (n = 2), Laurentides (n = 2) et Montérégie (n = 3).

Parmi les 16 cas d’infection aux VSC, 2 sont survenus chez des femmes et 14 chez des hommes. Les cas étaient âgés entre 7 et 77 ans (âge médian de 51 ans), dont trois enfants de moins de 13 ans. La présentation clinique a été documentée pour 12 cas, qui se sont tous présentés avec un syndrome neurologique. L’évolution au moment de l’enquête était favorable pour 7 cas, avec une récupération complète, alors qu’elle était partielle pour 2 cas et des séquelles persistaient pour 1 cas. Un décès a été recensé parmi les 16 cas répertoriés.

Pour plus de détails sur l’épidémiologie des infections associées aux VSC, consulter le Flash vigie 2019 - Volume 14, no. 5.

Pour les VSC, aucune surveillance animale n’a jamais été établie et en 2021, aucune surveillance entomologique associée aux VSC n’a eu lieu.

Virus de l’encéphalite équine de l’Est

Les infections associées au virus de l’encéphalite équine de l’Est (VEEE) sont des maladies à déclaration obligatoire autant chez l’humain que chez les animaux. Le principal vecteur (Culiseta melanura) est présent au Québec, surtout autour des marécages. Puisqu’il se nourrit presqu’exclusivement chez les oiseaux, l’infection chez l’humain est généralement très rare bien qu’il y a eu une éclosion importante de cas humains aux États-Unis en 2019, avec 38 cas déclarés et une moyenne de 11 cas annuellement. Au Québec, aucun cas d’infection humaine au VEEE n’a été rapporté, à ce jour, bien qu’environ une cinquantaine de demandes soient acheminées annuellement au LSPQ.

Du côté de la surveillance animale, aucune infection chez les animaux n’a été déclarée par le MAPAQ et aucune surveillance entomologique associée au VEEE n’a eu lieu, en 2021.

 


AUTEUR
Comité scientifique sur les zoonoses et l’adaptation aux changements climatiques

Najwa Ouhoummane, Ph. D., INSPQ
Julie Ducrocq, D.M.V., M.Sc., INSPQ
Stéphanie Jodoin, M. Sc., MSSS
Ariane Adam-Poupart, Ph. D., INSPQ
Alejandra Irace-Cima, M.D., M. Sc., FRCPC, médecin-conseil
Christian Therrien, Ph. D., LSPQ, INSPQ

REMERCIEMENTS
Sincères remerciements au Groupe d'experts sur les maladies transmises par les moustiques de l’INSPQ.

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