Altitude et acclimatation : situation et définition

L’altitude

Les voyages en haute altitude peuvent aggraver des maladies sous-jacentes, ou même en révéler qui n’étaient pas encore au stade clinique, en particulier les maladies cardio-respiratoires.

Les études sur la fréquence des problèmes de santé en haute altitude ont été faites à partir de différentes altitudes selon les auteurs, rendant difficile l’établissement d’un seuil de comparaison.

Il est habituellement reconnu que les problèmes de santé en haute altitude deviennent plus fréquents à partir de 2 500 mètres. Pour fin d’uniformité, on parle de :

  • Haute altitude entre 1 500 à 3 500 mètres;
  • Très haute altitude de 3 500 à 5 500 mètres;
  • Altitude extrême au-delà de 5 500 mètres.

L’humain ne peut vivre à plus de 5 500 mètres sur une longue période.

Le risque de maladie de haute altitude est déterminé par la vitesse d’ascension, l’altitude atteinte, l’altitude de sommeil pour la personne affectée et la physiologie individuelle (caractéristiques génétiques).

La condition physique (entraînement) ne constitue pas une protection contre la maladie de haute altitude chez les personnes en bonne santé.

Avertissement

Même si les informations les plus pertinentes à connaître sont incluses dans cette section, elles ne sont pas exhaustives.

Ce guide vise l’intervention préventive. À ce titre, le traitement des maladies de haute altitude n’est pas abordé en détail. On y fait référence parfois à titre indicatif surtout.

Conséquences de l’altitude

La raréfaction de l’oxygène n’est pas le seul risque à la santé en haute altitude. Il y a aussi :

  • la diminution de la température (6,5°C par 1 000 mètres) qui présente un risque d’hypothermie et d’engelures;
  • l’augmentation de la radiation ultraviolette (4 % par 300 mètres) qui peut causer des coups de soleil, un cancer de la peau, une kératoconjonctivite (cécité des neiges) et des cataractes;
  • la déshydratation « pernicieuse » due à l’effort physique et à une diminution de l’humidité.

Adaptation physiologique au manque d’oxygène

Plus on s’élève en altitude, plus le contenu en oxygène et en gaz carbonique dans le sang diminue. Ce phénomène produit une altération de l’endothélium des vaisseaux pouvant mener à des oedèmes, des hémorragies ou des thromboses.

Figure 1 Variation des paramètres sanguins selon l’altitude 

Source : Elsevier 2004, Keystone et al. Travel Medicine

L’élévation en altitude est associée à une diminution progressive de la consommation maximale d’oxygène (VO2 max). Au sommet du Mont Blanc (4 807 m), celle-ci se situe à 70 % de sa valeur au niveau de la mer alors qu’au sommet du mont Everest (8 848 m), elle équivaut à 20 à 30 % de sa valeur au niveau de la mer.

Concrètement, ceci signifie qu’en très haute altitude, les réserves en oxygène ne permettent pas en général d’entreprendre des activités physiques plus exigeantes que la marche.

L’acclimatation

Acclimatation du système respiratoire

La réponse ventilatoire à l’hypoxie varie d’un individu à l’autre. Dès l’arrivée en haute altitude, la fréquence et le volume respiratoires augmentent (hyperventilation), ce qui induit une augmentation de l’élimination du CO2.

Cette baisse du CO2 sanguin produit une alcalose respiratoire qui est compensée en quelques jours (environ 4 jours) par une excrétion accrue de bicarbonate au niveau rénal, ce qui permet un retour à un pH sanguin normal.

Acclimatation du système cardio-circulatoire

Pendant les premiers jours, on observe une augmentation de la fréquence cardiaque. Celle-ci s’abaisse par la suite, mais demeure cependant plus élevée que sa valeur usuelle au niveau de la mer.

La tension artérielle subit une légère augmentation (5 à 10 mm Hg tant pour la pression diastolique que pour la pression systolique). La tension artérielle pulmonaire augmente. L’élévation de la tension artérielle pulmonaire est plus marquée lors d’un effort physique dans un environnement hypoxique comparativement à un même effort effectué au niveau de la mer. Ce phénomène physiologique est à l’origine du développement de l’œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA).

Au niveau cérébral, l’hypoxie induit une vasodilatation tandis que l’hypocapnie entraîne une vasoconstriction. La résultante finale est une augmentation du débit sanguin cérébral lors des premiers jours avec un retour à la normale durant la première semaine de l’acclimatation. Ce phénomène explique l’apparition de céphalées lors de l’arrivée en altitude.

Acclimatation du système sanguin

Après une semaine, on note une augmentation de la concentration de l’hémoglobine par une diurèse plus importante (hémoconcentration). Par la suite, au fil des semaines, il y a augmentation de l’érythropoïétine qui stimule la production de globules rouges.

La courbe de dissociation de l’hémoglobine se déplace vers la gauche, ce qui signifie que l’oxygène est libéré plus facilement et qu’il est ainsi davantage disponible pour les cellules.