Contrôle de la qualité de l’air intérieur

Selon de nombreux auteurs, le maintien d’une bonne qualité de l’air à l’intérieur des habitations peut s’effectuer par le biais de trois approches générales, soit :

  1. La réduction de l’infiltration et de l’émission des contaminants;
  2. La ventilation naturelle et mécanique;
  3. L’épuration ou la filtration de l’air.

Réduction de l’infiltration des contaminants

Cette première mesure implique de limiter l’infiltration de contaminants provenant de l’air extérieur, tels les gaz (p. ex. dioxyde d’azote, monoxyde de carbone, ozone) et les particules en suspension (p. ex. spores, pollens, poussières), notamment par le biais de l’étanchéisation de l’enveloppe des bâtiments ou par la modification des comportements associés à la ventilation.

Dans le premier cas, l’étanchéisation d’une habitation doit être combinée à une ventilation adéquate afin d’éviter une détérioration de la qualité de l’air intérieur causée par les contaminants potentiellement confinés dans l’enceinte du bâtiment. Les habitations plus étanches doivent donc être bien ventilées mécaniquement afin d’assurer un air intérieur de qualité pour les occupants (Poulin, Levasseur, Huppé et Leclerc, 2016).

Dans le second cas, les occupants peuvent réduire l’infiltration des contaminants en modifiant leurs habitudes de ventilation naturelle :

  • fermeture des fenêtres lors de pics de pollution atmosphérique, durant la saison pollinique, lors d’une vague de chaleur, lors des heures de grande affluence sur les réseaux routiers à proximité, etc.;
  • ouverture des fenêtres lorsque la qualité de l’air extérieur est bonne, afin d’introduire de l’air frais à l’intérieur ou encore pour favoriser l’évacuation ou la dilution des contaminants générés à l’intérieur (p. ex. fumée et odeurs provenant de la cuisson des aliments).

L’utilisation adéquate de la ventilation mécanique centralisée est une autre mesure permettant de réduire l’infiltration de certains contaminants puisque, de façon générale, son utilisation se fait lorsque les fenêtres sont fermées et puisque le filtre protégeant le moteur permet une certaine filtration des particules et résidus provenant de l’extérieur. De plus, lors d’épisodes de contamination de l’air extérieur (p. ex. smog, incendies de forêt), l’appareil de ventilation peut être utilisé en mode recirculation afin d’éviter d’introduire de l’air de moins bonne qualité à l’intérieur.

Réduction de l’émission des contaminants à la source

La qualité de l’air intérieur peut également être améliorée en réduisant à la source les émissions de certains contaminants. En effet, plusieurs produits et matériaux émettent des substances nocives pour la santé, comme des COV, des gaz de combustion, des particules fines, etc. Ainsi, la sélection de matériaux à faible teneur en COV, le maintien d’une température et d’une HR à l’intérieur des plages recommandées par les organismes reconnus (voir sections Température et Humidité relative), l’utilisation de produits d’entretien écologiques, la réduction de certaines pratiques et habitudes pouvant contribuer à émettre des contaminants (p. ex. tabagisme à l’intérieur, utilisation de bougies et d’encens) peuvent aider à maintenir une bonne qualité de l’air à l’intérieur des habitations (Lajoie, Leclerc et Schnebelen, 2006; Poulin et al., 2016). De plus, la mesure du radon à l’étage le plus bas occupé permet d’évaluer les concentrations de ce gaz auxquelles les occupants sont exposés, et de mettre en place des mesures correctives au besoin. Pour réduire l’infiltration de ce contaminant dans les habitations, il est possible de colmater les fissures de la fondation, de sceller les pourtours des entrées de service ou encore d’assurer la dépressurisation active du sol sous la dalle de fondation.

Ventilation naturelle ou mécanique

Les échanges d’air entre l’intérieur et l’extérieur permettent d’assurer le renouvellement et la circulation de l’air dans l’habitation et entre les pièces. L’introduction d’air frais permet notamment de diluer les contaminants présents dans l’air intérieur (Lajoie et al., 2006). La ventilation peut être naturelle ou mécanique.

Ventilation naturelle

La ventilation naturelle volontaire (c.-à-d. l’ouverture et la fermeture des fenêtres) constitue un moyen simple de diluer les contaminants présents dans l’air intérieur. Cependant, ce mode de ventilation est surtout utilisé de manière ponctuelle et afin d’aérer localement. Elle est par conséquent peu efficace pour assurer le renouvellement de l’air d’une habitation dans son ensemble. De plus, afin d’être efficace, elle doit être pratiquée en composant avec de nombreux facteurs environnementaux ou structuraux, comme la température et l’humidité relative intérieure et extérieure, la vitesse du vent, la qualité de l’air extérieur, la présence de bruit, l’emplacement des fenêtres, les mécanismes d’ouverture, etc. Par ailleurs, le choix des occupants d’utiliser la ventilation naturelle est conditionné par plusieurs facteurs tels que la perception d’un problème de qualité de l’air ou de confort thermique, la présence d’odeurs désagréables, de bruit ou d’insectes, ou encore l’accès aux fenêtres et la facilité d’opération de leur mécanisme (McKone et Sherman, 2003). En saison estivale, lorsqu’il fait très chaud le jour, la ventilation naturelle n’est pas indiquée, sauf si elle est pratiquée la nuit lorsque la température s’est rafraîchie (Poulin et al., 2016).

Ventilation mécanique

© Élèves CFP Maurice-Barbeau

Depuis le début des années 80, le maintien de la qualité de l’air intérieur s’effectue de plus en plus par le biais de systèmes de ventilation mécanique centralisés, principalement en raison de l’étanchéité accrue des bâtiments. L’utilité et l’efficacité de ces systèmes à renouveler l’air d’une habitation sont désormais reconnues. En effet, l’installation d’un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC) a été rendue obligatoire depuis 2012 pour toutes les nouvelles constructions, en vertu du Règlement modifiant le Code de construction pour favoriser l’efficacité énergétique des bâtiments (Gazette officielle du Québec, 2012). Lorsque le système est conçu, installé, utilisé et entretenu de manière adéquate, il permet d’évacuer les contaminants de l’air intérieur et d’introduire de l’air frais qui sera distribué dans toutes les pièces habitables de l’habitation. En période de chauffe, l’appareil récupère la chaleur de l’air évacué et l’utilise pour réchauffer l’air froid provenant de l’extérieur. En dehors de cette période, l’appareil inverse ce processus en retirant une partie de la chaleur de l’air qui arrive de l’extérieur pour la transférer à l’air vicié évacué (Lajoie et al., 2006).

Le ventilateur récupérateur d’énergie (VRE), quant à lui, est une variante du VRC qui, en plus de récupérer la chaleur, permet une gestion plus efficace de l’HR à l’intérieur.

Transition énergétique Québec (TEQ), un organisme gouvernemental sous la responsabilité du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), suggère de considérer les étapes suivantes lors du choix d’un appareil de ventilation mécanique (TEQ, 2016) :

  • Faire évaluer l’étanchéité à l’air de l’habitation par un expert avant de procéder à l’achat et à l’installation de tout appareil de ventilation centralisé.
  • Si l’étanchéité accrue le nécessite, faire évaluer les débits nécessaires selon le volume d’air de l’habitation et sélectionner un appareil capable d’extraire et d’introduire l’air avec ce débit.
  • Faire mesurer les débits et faire équilibrer le système de ventilation lors de l’installation.
  • S’assurer que l’appareil et les conduits sont accessibles en tout temps pour l’entretien et le nettoyage régulier.
  • Utiliser, lorsque possible, des conduits rigides et étanches, afin de maintenir le réseau de conduits en bon état.

Épuration ou filtration de l’air

Dans certains cas, la qualité de l’air intérieur peut aussi être améliorée grâce aux procédés d’épuration de l’air. Divers types d’appareils permettent de filtrer ou d’adsorber les contaminants de l’air intérieur, tant particulaires que gazeux. Bien que l’efficacité de ces dispositifs n’ait pas toujours été démontrée en milieu résidentiel (ASHRAE, 2015), ils peuvent s’avérer utiles dans certaines circonstances (p. ex. épisode de contamination de l’air extérieur) et pour certaines personnes plus vulnérables (p. ex. enfants asthmatiques), particulièrement les filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air).